Réalité sur le terrain et déclarations officielles
Deux cartes officielles parvenues à l’Agence d’information dévoilent la désinformation gouvernementale sur les dossiers de Beni et du désarmement des FDLR
On vient de recevoir par une source de la « Société Civile » du Nord Kivu, qui a voulu garder l’anonymat, deux cartes du Nord-Kivu, dont la lecture immédiate est en soi un démenti cinglant des propos gouvernementaux sur la situation sécuritaire dans cette province de l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).
Dans la première, sont indiqués les lieux des tueries qui, depuis le début du mois d’octobre, se sont soldées entre 250 et 300 victimes civiles, ainsi que les positions de la mission onusienne (MONUSCO), y compris celles de la Brigade (FIB). Dans l’autre, il s’agit des zones de déploiement des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et de la MONUSCO.
En effet, la carte concernant les massacres du Grand Nord — qui continuent à être officiellement (de la part de Kinshasa et de la « communauté internationale ») attribués aux rebelles ougandais de l’ADF en dépit de tous les indices et les témoignages s’opposant à cette piste — montre bien que les attaques se sont déroulées tout au long des axes routiers liant les agglomérations les plus importantes et à proximité des bases de la MONUSCO.
Les trois les plus meurtrières en particulier (avec 20, 28 et 49 victimes) [1] ont été perpétrées en une zone occupée par deux positions des Casques bleus et par une caserne des soldats tanzaniens de la Brigade.
Cela ne correspond pas aux nombreuses déclarations du porte-parole du gouvernement, Lambert Mende Omalanga, qui veut situer les tueries en des zones très éloignées des centres urbains et distantes des positions de l’armée et des Nations unies. Comme pour en justifier l’inaction, source d’un profond malaise près des populations endeuillées.
Rappelons que, dans son point de presse de vendredi 19 décembre, le même ministre de la Communication et Médias, Mende, avait parlé du « territoire rural de Beni » ou de « certains hameaux reculés de Beni rural » pour désigner les endroits choisis par les mystérieux assaillants pour accomplir leurs forfaits. La carte, dont notre source n’a pas voulu révéler l’origine (mais sur laquelle il n’est pas difficile de se faire une idée…), prouve le contraire : les gens ont été massacrés tout près des centres urbains et dans un territoire hyper militarisé.
La deuxième carte illustre également une situation que le gouvernement essaye de minimiser ou même de nier. Les groupes appartenant aux diverses mouvances des FDLR (Foca, Rud et Soki) — on en compte une trentaine — sont en plein déploiement et pas du tout découragés par la présence massive de la MONUSCO, dont, au moins sur papier, les forces semblent encercler celles des rebelles hutu rwandais.
Et cela alors qu’à Kinshasa, les officiels parlent de repli en vue de la démobilisation de la part de cette force négative qui devrait rendre les armes le 2 janvier prochain. Sur le terrain, le contraire est en train de se produire, où ce groupe est dangereusement près de la frontière rwandaise.
On lit sur The East African du 27 décembre, dans un papier signé par John Prendergast et Sasha Lezhnev de l’ONG Enough Project, que les combattants des FDLR « sont en train de se regrouper, de développer leurs commerces pour l’achat de nouvelles armes et de mobiliser des soutiens politiques ».
« Si les autorités congolaises ont la volonté de pacifier ce pays, elles doivent traquer de force ce groupe armé », à déclaré aujourd’hui à Radio Okapi Descartes Mponge, président de la « Société Civile » du Sud Kivu.
Ce que le gouvernement de la RDC ne dit pas, ni ne veut entendre.
El Memeyi Murangwa et Luigi Elongui pour l’Agence d’information
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