Ce lundi 20 juin, le juge des référés du Tribunal de Paris était saisi d’une requête de trois personnalités rwandaises : Agathe Habyarimana, veuve de Juvénal Habyarimana, ex-président rwandais assassiné en 1994, Charles Twagira et Marcel Bivugabagabo, les trois étaient absents.
Dans la ligne de mire des plaignants : le documentaire « Génocide au Rwanda : des tueurs parmi nous ? », censé être diffusé le 28 juin sur France 2 dans le cadre de l’émission « La grande traque » et réalisé par Manolo d’Arthuys, également absent à l’audience. La diffusion était prévue le 31 mai mais elle était repoussée suite à l’arrestation de Ratko Mladic qui a fait l’objet d’une émission spéciale.
C’est dans une petite salle, en présence d’environ 20 personnes à l’intérieur et sans caméras de télévision que se sont tenus les débats, rapporte le site web Marianne2.fr. Malgré les apparences, l’affaire est grave, on débat du génocide des Tutsi. Plus d’un million de vies humaines emportées en l’espace de 3 mois seulement (entre avril et juillet 1994).
Les trois intéressés arguaient que ce film portait atteinte à leur présomption d’innocence en leur imputant un rôle dans le génocide alors qu’aucun d’eux n’a été condamné. Ils ont pour cela enclenché une procédure dite de référé heure par heure qui permet de prendre en urgence des « mesures conservatoires » face à « un dommage imminent » ou « un trouble manifestement illicite ».
Mais le plus cocasse est qu’aucun des plaignants n’a pu voir le documentaire en question. Aussi ont-ils demandé que soit organisé un visionnage du documentaire avant toute diffusion et en présence du juge des référés, histoire de voir si cela vaut le coup de continuer l’offensive judiciaire.
Pour justifier leur procédure, les plaignants se sont basés sur un communiqué de presse de France télévisions disant notamment « Seize ans après les faits, la justice rwandaise et la justice internationale ont jugé et condamné de nombreux responsables. Mais combien sont encore en liberté ? Alors que certains se cachent en Afrique, d’autres vivent en toute impunité en Europe, notamment en France où Manolo d’Arthuys les a retrouvés. »
Et au vu des accusations qui y sont portées, les plaignants ont alors demandé en vain à France télévisions et à Tony Comiti, le producteur, de pouvoir visionner le reportage en question. C’est alors que la diffusion du documentaire a été repoussée du 31 mai au 28 juin.
Me Philippe Meilhac, avocat de la veuve Habyarimana, y a vu un effet de la procédure judiciaire enclenchée : « Il a été reporté pour être retravaillé (…) la mouture originale n’était pas convenable ».
L’avocat a notamment relevé l’insertion avant le documentaire d’un panneau, envoyé en copie aux plaignants à défaut d’une copie du film, rappelant le principe de « présomption d’innocence » au bénéfice des personnalités interrogées. Faux, a rétorqué Me Richard Malka, avocat de Tony Comiti productions, la procédure n’a rien à voir avec cela : « Cela fait 4 mois que on l’a inséré, on n’a rien retouché, on nous fait un procès d’intention ».
Photo : Agathe Habyarimana, veuve de l’ancien président rwandais, Juvénal Habyarimana
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