00:00:00 Nos sites KINYARWANDA ENGLISH FRANCAIS

Agriculture urbaine : Une volonté politique ferme et rareté d’encadreurs conséquents

Redigé par Jovin Ndayishimiye
Le 31 janvier 2014 à 02:11

La Ville de Kigali a de gros espaces de marais à hautes potentialités exploitables répartis sur les trois districts urbains de Nyarugenge, Kicukiro et Gasabo.
Les autorités de district mettent en exécution la politique agricole urbaine en se dotant de 33 agronomes et 30 vétérinaires de District et tout un appareil d’animateurs agricoles au niveau de la base communautaire.
Ceux-ci viennent en aide en conseils à des exploitants regroupés en associations coopératives, une condition pour se voir (...)

La Ville de Kigali a de gros espaces de marais à hautes potentialités exploitables répartis sur les trois districts urbains de Nyarugenge, Kicukiro et Gasabo.

Les autorités de district mettent en exécution la politique agricole urbaine en se dotant de 33 agronomes et 30 vétérinaires de District et tout un appareil d’animateurs agricoles au niveau de la base communautaire.

Ceux-ci viennent en aide en conseils à des exploitants regroupés en associations coopératives, une condition pour se voir attribuer des espaces de marais exploitables.

« La nouvelle conception de la politique agricole urbaine officielle tient au fait qu’il faut préparer avec le génie rural nécessaire les milliers d’hectares d’espaces maraichers de la ville, de céder les espaces lotis et aménagés aux associations coopératives à qui nous distribuons gratuitement des semences sélectionnées en mais, légumineuses (haricot), et autres jardins potagers sous condition de présentation d’une pièce de paiement d’engrais chimiques agricoles », a confié Faustin Ntiyamira, Agronome de District Gasabo qui affirme que les efforts de son bureau sont dirigés vers le ciblage des marais à aménager, 254 Ha, mais aussi sur l’imposition de types de cultures aux associations coopératives exploitant les marais.

« Pour ce qui est des espaces exploitant l’industrie de fleurs et les plantes ornementales sur le pied des collines urbaines de Kigali, nous ne faisons que tolérer cette activité positive pour l’embellissement de la ville. Mais il n’y a pas de suivi en tant que tel. Nous consacrons la plupart de nos efforts dans l’encadrement d’exploitants agricoles pour des cultures vivrières. Nous faisons tout pour que ces derniers collaborent avec leurs microfinances Umurenge SACCO en procédant à l’épargne et au crédit pour leurs business », ajoute Ntiyamira montrant qu’ici tout se tient en chaîne : Aménagement de marais par les pouvoirs publics, cession de parcelles aux exploitants regroupés en coopératives, recours aux sources de financement de leurs activités saisonnières, épargne. Et la chaîne est cyclique.

« Dans la Ville de Kigali, nos105 942 sociétaires Umurenge SACCO (Savings&Credit Cooperatives) sont pour la plupart des fois des habitants aux revenus simples dont les maçons, fermiers. Ils ont épargné à ce jour 4.4 milliards de francs contre les 37.95 milliards à l’échelle nationale. Le volume du crédit distribué est de 2.63 milliards de Francs », a indiqué le fonctionnaire de la RCA (Rwanda Cooperatives’ Agency) dont les propos corroborent avec ceux de l’Agronome principal de la ville de Kigali Pascal Nahimana qui est au centre de la conception et de la mise en exécution de la politique agricole urbaine et périurbaine.

« Tu ne peux pas entreprendre ce jardin de fleurs et d’arbres ornementaux sans que tu contractes crédit », confie K. qui exploite un gros espace de pépinières d’arbres ornementaux dans le marais de Kacyiru Est. Il achète ou fait faire par des potiers des vases et livre ses fleurs aux clients avec un emballage solide.
« Les pouvoirs publics ne sont pas très regardants en termes d’exigence des taxes car une telle activité entre dans l’amélioration de l’environnement urbain », intervient Faustin.

La Mairie centrale de la Ville de Kigali entend quant à elle promouvoir cette agriculture urbaine à des fins d’embellissement de la Ville.

« La Mairie a prévu 500 millions de francs à accorder à l’heureux gagnant du marché de fourniture des arbres ornementaux le long des chaussées publiques. Il devra faire le suivi de leur croissance jusqu’en février 2015 », confie Pascal qui dévoile que les nouvelles chaussées publiques urbaines vont être équipées en de nouvelles espèces d’arbres ornementaux offrant généreusement de l’ombrage, ce qui explique l’engouement qu’ont certains Kigalois qui exploitent et entretiennent des jardins de fleurs dans tous les marais dont regorge Kigali.

L’exploitation des marais passe par un aménagement très onéreux. Les services du Plan de la Ville de Kigali en collaboration avec le Minagri entendent assainir 1000 ha des 1400 des 19 marais que compte Kigali sur financement de 3 milliards de francs promis par la Banque Mondiale.

Un encadrement insuffisant

Il est aisé de constater que les prestations des 30 agronomes des secteurs urbains de Kigali valent peu de poids dans l’organisation de fermiers urbains de Kigali. Ces derniers ne sont pas suffisamment encadrés pour comprendre qu’ils peuvent décupler leur production.

Ne devraient-ils pas, ces agronomes, chausser leurs bottes et descendre dans ces marais pour y rencontrer et organiser les petits fermiers qui font jusqu’à trois saisons agricoles par an ? Ne devraient-ils pas faire leur plaidoyer auprès de différentes industries dont celles de la bière pour qu’ils produisent pour la consommation industrielle ?

Pour cela, nos ingénieurs agronomes devraient comprendre leur mission d’élever le petit fermier et de l’inciter à produire plus et qualité avec un généreux industriel pour consommer ses céréales et autres matières premières entrant dans l’industrie alimentaire.

Des stratégies de production bien assises pourraient faire en sorte que les 1400 ha de marais de Kigali, des marais de la Nyabarongo au Sud à celui de Rumirabahashyi (Ndera) et Rugende (Kabuga) au Nord Est, produisent des milliards de francs de vivres frais (légumes et légumineuses dont le poivre, choux, carottes…).

Force est de constater qu’il laisse à désirer le niveau d’encadrement de petits fermiers occupant des espaces de marais insignifiants. L’agronome de secteur a-t-il la capacité d’inciter ces derniers à consolider leurs espaces, à arrêter un type de culture intensive pour lequel ils prendraient crédit et géreraient la croissance avec en vue l’optimisation de la production ?

Hélas, on verra rarement ces agronomes aller à l’écoute de ces petits fermiers qui sont par ailleurs complexés comme quoi ce métier n’est pas adapté à la ville.

L’agronome pourrait se faire aider de l’encadreur de secteur de la jeunesse dont une grande partie est désœuvrée pour entreprendre des travaux herculéens de lotissement et aménagement des marais qui regorgent de tonnes d’eau pour en faire des espaces agricoles à haut rendement.

Malheureusement, la plupart de nos agronomes, jeunes de leur état, pensent plus à décoller dans la vie plutôt qu’à faire un hobby l’organisation du pauvre fermier urbain et périurbain un grand et respecté producteur de vivres frais très sollicités par les citadins et ainsi, l’élever dans une professionnalisation de mieux en mieux réussie dans son secteur d’activité.


Publicité

AJOUTER UN COMMENTAIRE

REGLES D'UTILISATIONS DU FORUM
Publicité