Alep : les discussions reprennent à l’ONU, mais Washington et Moscou rompent leur dialogue

Redigé par Le Monde
Le 4 octobre 2016 à 05:09

Les discussions ont repris lundi aux Nations unies, mais les Etats-Unis se sont déclarés « à bout de patience » en évoquant les pourparlers avec les autorités russes.
Des civils et des secouristes syriens rassemblés devant un immeuble en ruine du quartier rebelle d’Al-Shaar, à Alep, le 27 septembre. Le Conseil de sécurité des Nations unies devait débuter, lundi 3 octobre, les discussions sur un projet de résolution appelant la Russie et les Etats-Unis à un cessez-le-feu à Alep, en Syrie. Mais Washington (...)

Les discussions ont repris lundi aux Nations unies, mais les Etats-Unis se sont déclarés « à bout de patience » en évoquant les pourparlers avec les autorités russes.

Des civils et des secouristes syriens rassemblés devant un immeuble en ruine du quartier rebelle d’Al-Shaar, à Alep, le 27 septembre.
Le Conseil de sécurité des Nations unies devait débuter, lundi 3 octobre, les discussions sur un projet de résolution appelant la Russie et les Etats-Unis à un cessez-le-feu à Alep, en Syrie. Mais Washington a annoncé avoir suspendu les discussions avec Moscou, accusant les Russes de ne pas se conformer à leurs engagements. Sur le terrain, une semaine d’offensive du régime – avec le soutien de l’aviation russe –, a eu raison du plus grand hôpital de la partie rebelle d’Alep, entièrement détruit par des raids aériens.

Un projet de résolution à l’ONU

Le projet de résolution devait « mettre fin à tous les vols militaires au-dessus de la ville ». Une trêve, supervisée par les Nations unies (qui a menacé de prendre d’« autres mesures » dans le cas où « l’une des parties au conflit intérieur » ne la respecterait pas), a été élaborée par la France et l’Espagne.

L’ambassadeur russe auprès des Nations unies, Vitali Tchourkine, a déclaré lundi que la Russie participerait aux discussions sur le projet de l’ONU. Une résolution « visant particulièrement l’aviation, où les terroristes [au sol] pourraient faire ce qu’ils veulent, ne serait pas une proposition très intéressante », a-t-il cependant estimé.

Le ministre français des affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, avait déclaré la semaine dernière que tout pays qui s’opposerait au projet de résolution courrait « le risque de porter la responsabilité de complicités de crimes de guerre ». « Il faut en appeler à la conscience de tous les membres du Conseil de sécurité, a-t-il déclaré. J’espère que nous pourrons obtenir un résultat cette semaine. »

« Je mets en garde la Russie de ne pas prendre cette responsabilité de ne pas donner une nouvelle chance au cessez-le-feu, a-t-il dit. Notre conscience est profondément meurtrie. Tous ceux qui croient aux droits de l’Homme, à la paix, à la fraternité, ne peuvent pas supporter des images aussi terribles. »


Washington suspend ses pourparlers avec Moscou

Un peu plus tôt dans la journée, la Maison Blanche s’était déclarée « à bout de patience » en évoquant ses discussions avec la Russie sur le dossier syrien. Les Etats-Unis ont annoncé qu’ils interrompaient leurs pourparlers avec Moscou à propos d’un cessez-le-feu. La trêve, prévue par l’accord américano-russe du 9 septembre, a volé en éclats.

Lire aussi : Washington suspend ses pourparlers avec Moscou sur le cessez-le-feu en Syrie

« Il n’y a plus rien dont les Etats-Unis et la Russie peuvent parler » à propos de la Syrie, a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest, jugeant que cela était « tragique ». La Russie n’a « pas réussi à respecter ses propres engagements », notamment humanitaires, et a été « incapable de s’assurer » que le régime syrien cesse ses bombardements, a expliqué le porte-parole du département d’Etat, John Kirby, dans un communiqué. « A l’inverse, la Russie et le régime syrien ont choisi de poursuivre une voie militaire », a-t-il ajouté. « Ce n’est pas une décision qui a été prise à la légère », a noté le représentant de la diplomatie américaine.

Du côté de Moscou, le ministère des affaires étrangères a déclaré « regrett [er] cette décision de Washington », assurant que les Etats-Unis, « après avoir échoué à respecter les accords qu’ils ont eux-mêmes négociés, tentent de faire porter la responsabilité [de l’échec] par un autre ».

Le plus grand hôpital d’Alep détruit

Les raids aériens russes et syriens se sont intensifiés sur la partie rebelle d’Alep. Ils ont complètement détruit, lundi, le plus grand hôpital de ce secteur.

« L’hôpital a été visé directement par des raids aériens », a indiqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). « L’hôpital M10, le plus grand d’Alep-Est, (…) a été détruit, et n’est plus en service de manière permanente », a pour sa part tweeté Adham Sahloul, membre de la Syrian American Medical Society (SAMS), une ONG médicale qui gère l’hôpital. « On a peur que l’immeuble s’effondre sur la partie souterraine de l’hôpital (…) nous avons peur pour le personnel », a ajouté M. Sahloul.

L’OSDH n’était toutefois pas en mesure de confirmer si les bombardements provenaient d’avions du régime Assad ou de son allié russe. Ce n’est pas la première fois que cet hôpital était visé par des raids aériens. Samedi 1er octobre, la structure avait été la cible d’au moins deux barils d’explosifs, avait rapporté la SAMS.

Plusieurs tentatives pour permettre l’acheminement de convois humanitaires dans la zone des combats et des bombardements ont échoué ces dernières semaines. Depuis le lancement de cette offensive aérienne et terrestre, les forces gouvernementales gagnent du terrain sur les rebelles dans le centre et le nord d’Alep, avec des bombardements qui ont tué des dizaines de civils. L’Organisation mondiale pour la santé (OMS) avance le chiffre de près de 350 morts en une semaine, dont une centaine d’enfants.


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