IBUKA-Mémoire et Justice Belgique continue sa quête de lutte contre les négationnistes du génocide des Tutsi du Rwanda de 1994 et autres qui tentent de lui ôter le poids et cette quantité de souffrances atroces, sauvage et barbare qui a été administrée au million de victimes durant 90 jours d’Avril à juin 1994.
Tout en réfléchissant, 20 ans après, sur le bilan de l’image actuelle de la mémoire de ce génocide de la fin du siècle écoulé, ce sont des efforts quasi quotidiens qui doivent être déployés pour contrer les négationnistes et autres révisionnistes appuyés par toute une puissante machine de lobbies qui travaillent dans l’ombre et déroulent leur réseau néfaste. Pense-t-on à la réparation des droits des survivants ?
Note introductive de l’Editeur
Ci après le Communiqué d’IBUKA Mémoire et Justice
Avril 1994 - avril 2014 : nous voici 20 ans déjà, après la reconnaissance, par la Communauté internationale, du génocide perpétré contre les Tutsis du Rwanda.
Le fait du génocide anti-tutsi est historiquement et juridiquement imputé au Hutu Power, au Gouvernement d’alors et à leurs complices.
Si toute périodisation s’avère arbitraire, dans le processuscrucifiant de la déshumanisation, celui qui, au Rwanda, mène au « Mal absolu », court, en réalité, de 1959 à 1994.
Conçu de longue date, le projet d’extermination est préparé et mis en œuvre de façon graduelle, depuis 1959. Sur la longue durée d’une génération, on aura assisté, de manière sporadique, quasiment cyclique, à des phases d’essai, puis de répétition générale, jusqu’au paroxysme, en 1994.
Crime innommable, le génocide anti-tutsi a été commis dans l’indifférence totale de la communauté internationale, alors qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et de la Shoah, elle avait pris l’engagement solennel que "plus jamais" le monde ne pourra tolérer pareil déni de l’humanité.
D’avril à juillet 1994, environ cent jours durant, plus d’un million de personnes sont monstrueusement massacrées sur l’ensemble du pays : à coups de machettes, de haches, de lances, de flèches, de gourdins, de baïonnettes, de balles de fusils, de chars d’assaut, d’incendies dans des églises, temples et autres lieux publics, etc. Pour la simple raison qu’elles sont nées tutsies, ces personnes sontmassacrées sans distinction aucune : hommes, femmes, enfants,adultes, du fœtus au vieillard.
Beaucoup de femmes sont atrocement violées, puis suppliciées de toutes sortes de manières, avant d’être mises à mort. Le viol est ici utilisé comme une arme de génocide. La visée en est la destruction totale des Tutsis. La taxinomie de l’humiliation explore toutes les possibilités des imaginaires du mal. Rarissimes,les rescapées succombent encore actuellement à l’infection du VIH Sida, qu’elles ont contractée lors de ces viols.
L’entreprise génocidaire n’épargne même pas les quelques personnes qui tentent de s’y opposer, ou celles qui refusent d’y collaborer, celles qui sont assimilées aux Tutsis, ni même des étrangers, qui sont censés maintenir la paix et la sécurité. Dix des Casques Bleus Belges envoyés au Rwanda dans le cadre de la Mission des Nations Unies Pour le Rwanda sont également massacrés.
Face à cette fin programmée des Tutsis, la réaction de la communauté internationale est d’évacuer les expatriés, et presque tout le contingent des Casques Bleus, laissant ainsi le champ libre aux tueurs, et les Tutsis à leur merci. Seuls les efforts et les sacrifices des Rwandais ont permis de mettre fin à cette folie meurtrière, et de démarrer la reconstruction du pays. Les rescapés pleurent leurs morts ; ils cicatrisent, tant bien que mal, lesblessures, aussi bien physiques que psychologiques, afin de pouvoir affronter les défis de la vie.
Vingt ans après, quel bilan, sous quels rapports ? Quels sont les défis ? Ces questions, et tant d’autres, connexes, appellent réflexion, et actions, les unes plus urgentes que les autres, à l’adresse aussi bien des Rwandais que de la Communauté internationale, qui doit se sentir concernée, au regard de l’inscription, dans la durée, dudit génocide.
L’Organisation des Nations Unies et certains pays, tels que la Belgique et les États-Unis, ont reconnu, en partie, leur part de responsabilité, et ont demandé pardon. D’autres, comme la France, continuent à la nier, malgré les preuves irréfutables qui s’accumulent au fil du temps. Quelques auteurs ont été jugés et condamnés par des tribunaux, tant au niveau national qu’international, mais beaucoup d’autres restent encore en liberté. Certains menacent même de récidiver, et s’appliquent à transmettre l’idéologie du génocide à leurs enfants.
L’initiative, louable, mais encore timide, de l’extradition de certains coupables vers le Rwanda, doit être poursuivie. La question de la réparation reste posée, sous nombre de ses formes : garantie de non-répétition, indemnisation, réadaptation, etc.Pourtant, elle fait partie des droits fondamentaux de toute personne ; elle doit donc faire partie intégrante de la justice.
Au lieu de cela, la révision et la négation de ce génocide vont bon train, sous toutes leurs formes, sous tous leurs mécanismes. Allant de la négation pure et simple à la banalisation des faits, en passantpar le présupposé haine ancestrale entre Hutus et Tutsis, accusation en miroir, guerre civile, autodéfense, légitime défense, thèses de colère spontanée, etc., la révision et la négation dudit génocide prennent des dimensions inquiétantes.
En collaboration avec ses amis et ses partenaires, IBUKA Mémoire et Justice organise, chaque année, différentes activités de commémoration. L’année 2014 se veut spéciale, marquée par plus de solidarité et de responsabilité. Tout au long de l’année, diverses activités seront organisées. Un accent particulier sera mis sur le Bilan des 20 ans post-génocide, mais aussi sur la Mémoire et le Mémorial, sur la justice, et surtout, sur la quête de réparation pour les victimes et les survivants.
IBUKA Mémoire et Justice fait donc appel à toute personne et à toute institution, au sens élémentaire de l’humain, pour se joindre à elle, afin de contribuer à réparer le passé, pour préparer l’avenir, et contribuer à la construction d’un monde plus juste, plus vivable, plus équitable, sans haine ni exclusion.
Honorer cette mémoire et entretenir sa flamme est un devoir pour tous. Le questionnement est existentiel. Il est essentiel d’enavertir nos enfants : le fanatisme, l’intolérance, la haine et la violence peuvent détruire l’humanité toute entière. Il faut leur apprendre à respecter toute vie humaine, quelle qu’en soit la différence. Il faut élaborer des moyens adéquats de prévention et de répression, contre toute tentative de génocide, ou de négation de celui-ci.
Le génocide est un crime contre l’humanité ; le devoir et le travail de mémoire nous incombent à tous !
Pour IBUKA Mémoire et Justice, asbl
Comité d’Organisation de la 20ème Commémoration
Déogratias MAZINA
Président
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