Le détenu phare du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), le colonel Théoneste Bagosora, qui attend l’arrêt de la chambre d’appel ce mercredi, assistait, dans sa jeunesse, le curé de sa paroisse lors des offices religieux.
Le futur officier voit le jour en 1941 dans un village de Giciye, dans l’ancienne préfecture de Gisenyi (Nord-Ouest). Son père, Mathias Bagirubwiko, est maître d’école. Au terme d’une longue et prospère carrière, le vieux Bagirubwiko sera surnommé par ses voisins envieux, Bagirimana, autrement dit « le chanceux », selon l’agence de presse Hirondelle.
En 1956, Bagosora entre au petit séminaire catholique de Nyundo dont il sort, 6 ans plus tard, pour directement rejoindre l’Ecole des officiers (EO) de Kigali. En 1964, le matricule 0017 est sous- lieutenant, et commence sa longue carrière militaire.
Le 30 octobre 1966, alors qu’il commande dans la région du Bugesera une compagnie dépendant directement de l’état- major, il est attaqué par des exilés tutsis rwandais venus du Burundi voisin. Il signe son premier fait d’armes en repoussant l’attaque. « Nous les avons combattus, nous les avons refoulés », a-t-il raconté fièrement lors de son témoignage pour sa propre défense en octobre 2005.
Mais suite à cette attaque, il y eut dans cette région des exactions contre les habitants tutsis. Pour Bagosora, « ces représailles », quoique contraires à la loi, sont « une réaction instinctive, naturelle » de la population hutue.
Une année après ce baptême du feu, la fille aînée de Bagosora voit le jour. Elle aura pour marraine Agathe Kanziga, l’épouse de Juvénal Habyarimana. C’est un lien de plus entre les deux hommes qui viennent de la même région. Habyarimana comptera sur cette amitié lors du coup d’état du 5 juillet 1973 contre le président civil Grégoire Kayibanda.
Mais en 1980, les tombeurs de la première République ne s’entendent plus. Certains d’entre eux sont soupçonnés, à tort ou à raison, de vouloir renverser Habyarimana.
Bagosora reconnaîtra, dans sa déposition, avoir été sollicité par ceux qui voulaient faire le coup d’état. Il s’agissait, racontera-t-il, du major Théoneste Lizinde et du colonel Alexis Kanyarengwe, tous deux décédés.
L’ancien enfant de choeur, alors commandant de la Police militaire (PM) leur aurait opposé un refus « diplomatique » mais sans aller jusqu’à vendre la mèche au président Habyarimana.
Après une formation à l’Ecole supérieure de guerre inter-armées à Paris en 1981, il revient à Kigali pour occuper de plus hautes fonctions au ministère de la défense ou dans le commandement de l’armée.
Le 1er octobre 1990, lorsque le groupe armé du Front patriotique rwandais (FPR) attaque le Rwanda, le fils de Bagirimana est commandant du camp Kanombe, la plus importante garnison du pays. Contrairement à 1966, il ne sera pas directement impliqué dans le conflit armé.
Nommé par la suite directeur de cabinet au ministère de la Défense, son combat se situera sur un autre front, celui des négociations avec le FPR. Ces pourparlers se déroulent à Arusha, une ville du nord de la Tanzanie où Bagosora reviendra sous haute sécurité, en janvier 1997, près d’une année après son arrestation au Cameroun.
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