Ballon et scalpel : les clefs du succès pour deux jeunes Ougandaises .

Redigé par IGIHE
Le 8 mars 2016 à 01:16

En Ouganda, la société demeure très rurale et patriarcale. Mais pour peu qu’elles puissent accéder à un niveau d’étude suffisant, les femmes peuvent prétendre à une place plus importante dans la société. Et la relève est aujourd’hui assurée. Tout juste âgées de 16 ans, Emily et Elizabeth ont toute leur vie devant elles, une vie qu’elles entendent bien construire sans renier leurs rêves.
Le Legend’s bar est un de ces endroits peu connus des expatriés à Kampala, mais dont raffole la jeunesse kampalaise. Adossé (...)

En Ouganda, la société demeure très rurale et patriarcale. Mais pour peu qu’elles puissent accéder à un niveau d’étude suffisant, les femmes peuvent prétendre à une place plus importante dans la société. Et la relève est aujourd’hui assurée. Tout juste âgées de 16 ans, Emily et Elizabeth ont toute leur vie devant elles, une vie qu’elles entendent bien construire sans renier leurs rêves.

Le Legend’s bar est un de ces endroits peu connus des expatriés à Kampala, mais dont raffole la jeunesse kampalaise. Adossé à un terrain de rugby, c’est un lieu de rencontre, la nuit, où l’on vient boire et danser jusqu’à plus d’heure. Mais c’est au petit matin qu’Emily y fait son apparition. Avec deux de ses équipières, elle vient de Jinja (une des principales villes de l’est du pays) pour participer à un entraînement pour des enfants de Kampala, assister à un match, et surtout, parler avenir, avec les responsables de sa fédération.

A 16 ans Emily est un espoir de l’équipe nationale de rugby féminin. Grande et élancée, les cheveux très courts, comme la plupart des jeunes filles de son âge, elle en impose par sa carrure. Mais l’on est tout de suite rassuré par son sourire et sa timidité naturelle. Son premier ballon ovale, elle ne l’a agrippé qu’en 2014, alors qu’elle était en voyage au Kenya. « Puis j’ai voulu recommencer et je me suis rapproché de l’équipe féminine de Jinja », explique-t-elle tout doucement, semblant peser chaque mot. « J’ai été prévenue par notre association locale, explique Helen, sa coach, elle-même ancienne internationale de rugby. J’ai eu l’occasion de l’observer lors d’un entraînement, et j’ai été soufflée. Outre des qualités athlétiques indéniables, elle possédait déjà un sens du jeu impressionnant ».

« Le respect des règles »

Meneuse dans l’âme, ce qui plaît à Emily, dans ce sport, c’est avant tout la solidarité. « Je ne laisserai jamais tomber mon équipe », explique-t-elle, une lueur de fierté dans les yeux. D’origine modeste, elle tire certainement de ses parents policiers - dont un père récemment décédé - un goût pour « le respect des règles, de l’adversaire et de l’arbitrage », une des valeurs les plus marquantes, selon elle, du rugby. Elle aime aussi transmettre « ce que (s)es aînées (lui) ont appris », d’où son enthousiasme, lorsqu’on la voit entraîner sur le terrain des plus jeunes qu’elle.

Et lorsqu’on lui demande si ce n’est pas une discipline trop masculine, elle rit cette fois de bon cœur. « Je ne crois pas, affirme-t-elle. Si vous êtes intéressé par un sport, vous devez être capable de le pratiquer ». Emily a été blessée à de nombreuses reprises, dont une fois sérieusement au poignet. Mais cela ne l’a pas arrêtée dans sa passion. Elle n’est pas une militante, mais elle trouve qu’il faut encore réduire les inégalités entre les hommes et les femmes au sein de la société ougandaise. « Parfois, les hommes peuvent isoler les femmes, regrette-t-elle, et les empêcher de faire ce qu’elles veulent accomplir. »

Un avenir accessible

Un point de vue que partage Elizabeth (« Liz »), une jeune collégienne de Ntinda, un quartier de la capitale plutôt fréquenté par les classes moyennes. C’est sous un préau poussiéreux, au milieu du beau jardin de son école, que cette jeune fille menue et espiègle expose ses ambitions. A l’entendre, son plan de carrière est tout tracé. « Je veux être chirurgienne, affirme-t-elle d’un ton assuré. Je veux d’abord faire des études de médecine, mais pas en Ouganda. Peut-être en Corée ou en Chine. » A 16 ans, Liz s’exprime dans un anglais parfait, et fait preuve d’un esprit d’analyse étonnant pour son âge. Cette adepte du RnB et des films fantastiques, tire une grande partie de son inspiration d’un livre, le best-seller autobiographique Gifted hands, du neurochirurgien américain et ex-candidat républicain à la présidence Ben Carson.

Un avenir qui lui paraît très accessible. « En Ouganda, explique-t-elle, les femmes ont obtenu des privilèges. » Une avancée permise, affirme-t-elle, « grâce au président Museveni, qui nous a donné la liberté d’expression ». Une rhétorique qui semble certes presque apprise par cœur, mais qui comporte il est vrai une certaine part de vérité. Avec les progrès dans l’accès à l’éducation supérieure, les Ougandaises sont de plus en plus nombreuses à pouvoir accéder à des postes de responsabilité. Liz prend pour exemple « la première femme à conduire un avion en Ouganda [Esther Mbabazi, devenue pilote en 2013, ndlr] » un exemple de réussite, pour elle, et non des moindres.

Les études et le travail d’abord

Si elle consent vouloir un jour « fonder une famille, et avoir plusieurs enfants », sa priorité est d’abord de « terminer (s)es études et avoir un travail stable ». Le futur mari, lui, devra présenter un nombre de qualités tellement impressionnantes, qu’il est impossible de toutes les retranscrire ici. « Ce ne sera pas un alcoolique ni un drogué, résume-t-elle, et il devra montrer à mes enfants la bonne direction, surtout si ce sont des garçons ». A bon entendeur.

Avec africatime.com


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