Brigade Spéciale d’intervention à l’Est RDC : Kinshasa hâte la balkanisation des Kivu

Redigé par Jovin Ndayishimiye
Le 2 avril 2013 à 03:14

La presse kinoise rapporte la satisfaction de Kinshasa eu égard à l’adoption de la résolution 2098 du Conseil de Sécurité autorisant le déploiement de 2500 Casques Bleus avec un mandat offensif pour lutter contre les mouvements armés qui pullulent dans l’Est de la RDC riche en minerais stratégiques pour les industries occidentales.
Les fiers officiels congolais visent en premier ce mouvement de mutins rwandophones dit le M23 qui leur donne du fil à retordre. Raymond Tshibanda, ministre congolais (...)

La presse kinoise rapporte la satisfaction de Kinshasa eu égard à l’adoption de la résolution 2098 du Conseil de Sécurité autorisant le déploiement de 2500 Casques Bleus avec un mandat offensif pour lutter contre les mouvements armés qui pullulent dans l’Est de la RDC riche en minerais stratégiques pour les industries occidentales.

Les fiers officiels congolais visent en premier ce mouvement de mutins rwandophones dit le M23 qui leur donne du fil à retordre.

Raymond Tshibanda, ministre congolais des Affaires Etrangères ; expert dans la diplomatie des coulisses. Pas question de reconnaître l’entière nationalité congolaise aux rwandophones congolais.

« Présent à New York au moment de l’adoption de cette résolution, Raymond Tshibanda, ministre congolais des Affaires étrangères, a salué l’option levée par l’ONU. « Nous avons la conviction qu’elle aidera à faire la différence, et que bientôt, les forces négatives et les groupes armés ne seront plus qu’un mauvais souvenir », a-t-il indiqué.

« Avoir une brigade d’intervention qui, d’elle-même, peut engager des combats contre les groupes armés ; en cela, c’est en effet une innovation. Mais, je crois que ce qui va compter, au-delà du texte c’est ce qui va se passer sur le terrain. Nous verrons si cette innovation sera un précédent ou, tout simplement, nous ne la renouvellerons pas », a-t-il poursuivi. », rapporte le quotidien kinois Le Potentiel du 30 mars 2013 montrant la satisfaction affichée par un gouvernement dont l’armée est incapable de régler ses dissensions internes et venir à bout des mutins qu’on suppose appuyés par Kigali.

Pourtant cette satisfaction risque de se retourner contre Kinshasa. Celui-ci connaît une deuxième expérience d’une intervention armée internationale après la crise de sécession du Katanga en 1960, période de l’indépendance du Congo .

Ban KiMoon, il veut rééditer les exploits du Secrétaire général Dag Hammarskjöld 1953–1961 avec l’envoi des troupes combatives à l’Est de la RDC. A quels ordres obeit-il en approuvant l’embrasement de l’Est congolais ?

Une décolonisation délibérément mal exécutée avec une armée affaiblie par une impréparation savamment organisée pour qu’elle ne puisse pas être le garant de la souveraineté du gros Congo, voilà les prémisses de ce dont on assiste actuellement.

On se souviendra que le corps expéditionnaire onusien de 2500 hommes de troupes autorisé par le Conseil de Sécurité est le second du genre après une cinquantaine d’années où, pour mâter une rébellion sécessionniste katangaise,

« Entre août 1961 et janvier 1963, les casques bleus des Nations unies lancent trois grandes offensives afin de réduire la sécession katangaise. Il faut cependant attendre l’offensive de décembre 1962 pour voir les efforts des Nations unies enfin couronnés de succès », lit-on sur le site Afrika Yetu

Mais alors pourquoi le Conseil de Sécurité des Nations Unies ne s’est pas penché sur les causes profondes de rébellions congolaises avant d’arrêter une décision aussi triste qu’impossible dans sa réalisation ?

Est-il suffisamment conscient du ‘double standard’ qu’il est entrain de causer en décidant de l’envoi des forces combattant le M23 alors que celui-ci est en pourparlers avec Kinshasa pour régler pacifiquement le contentieux entre les deux parties ?

A force d’entendre les revendications des jeunes gens du M23 et leur détermination à lutter pour la réhabilitation des droits de Congolais à la partie des rwandophones, la question des 2500 hommes de combat onusiens serait déplacée. Pire, leur déploiement sur l’Est de la RDC va devoir embraser la région dans une bataille de guérilla difficile à remporter.

Bertrand Bisimwa, Aile politique du M23. Prendre le maquis, seule alternative qui reste au M23

« Le M23, ce n’est pas lui qui contrecarre la paix congolaise. Ce n’est pas lui qui a consacré le règne de la corruption dans le pays au point que la RDC est déclarée premier pays mondial le plus corrompu. Ce n’est pas le M23 qui viole des femmes et des jeunes filles au Katanga et ailleurs. Nous luttons pour la réunification des familles des congolais rwandophones éparpillées dans les pays où elles se sont réfugiées et mourant de faim. Nous attendons la paix qui va être amenée par l’ONU par le déploiement de sa force spéciale qui s’ajoute son gros contingent vieux de 14 ans en RDC et qui épaule l’armée congolaise dans ses actes inhumains », a déclaré Bertrand Bisimwa au cours de la conférence de presse qu’il a livrée au QG du Mouvement à Bunagana ce 31 mars 2013.

Il se comprend que ce mouvement a un idéal qu’il entend atteindre. C’est aussi dommage que le Conseil de Sécurité soucieux de faire régner la paix, connaissant parfaitement la non jouissance et la non reconnaissance de la congolité des rwandophones, il soit impossible à cet organe international de démêler le faux du vrai dans la lutte que mène ce M23 qui est malheureusement incapable de supporter la force inouïe de la propagande médiatique menée par Kinshasa qui tente de le diaboliser ou de tout mettre sur son petit voisin, le Rwanda.

souci de géopolitique des puissances internationale plus fort que les intentions pacifiques

Il faut dire que les jeunes du M23 vont avoir à se mesurer à plus fort que soi. Il s’avère que les pays de la SADC (Southern Africa Development Community- République Sud Africaine, Tanzanie et Mozambique) qui ont accepté d’envoyer leurs troupes pour composer cette F.I.N (Force Internationale Neutre) ont des intérêts certains en RDC, elle aussi membre de la RDC. L’embrasement risque de se rependre dans la région car ici les préjugés prévalent sur la rationalité.

Le M23 n’ose pas croire que les troupes de la F.I.N vont être déployées dans l’Est de la RDC pour le combattre. Et au cas où elles le pourchassaient ?

M23 se retirant de Goma en janvier dernier. Animés d’un seul objectif : rapatrier de l’exil leurs familles et jouir pleinement des droits congolais.

« Si elles viennent pour nous tirer dessus, nous ne resteront pas les bras croisés. Nous invoquerons la légitime défense. Nous nous battrons jusqu’au dernier afin que les Congolais retrouvent la paix et l’unité », a déclaré Bisimwa pressé par des questions des journalistes pour savoir si le M23 va adopter les méthodes guerrières ou la reddition.

Envoi d’une force combative F.I.N : erreur commise par le Conseil des Nations Unies

L’odeur du coltan, de l’or et de diamants congolais doit avoir été forte pour des pays dont les investisseurs ont signé de gros contrats de concession dans l’Est de la RDC avec le gouvernement Kabila.

Beaucoup d’observateurs de la région pensent que ce n’est pas cette F.I.N dépourvue de toute détermination qui va s’attaquer au M23 qui présente des revendications compréhensibles. Ils disent que du moment que les pourparlers de Kampala entre le M23 et le Gouvernement de Kinshasa ont lieu sous l’égide des Nations Unies dans le cadre de l’ICGLR (Conférence Internationale sur le Sécurité, la paix et le développement de la Région des Grands Lacs), l’ONU doit trouver une façon de redresser ses erreurs dans son entreprise d’assimiler le M23 aux autres groupes armés qualifiés de négatifs ou terroristes.

M23 ovationnés avec la prise de Goma d’où ils se sont retirés avec l’injonction de la Communauté internationale.

D’autres analystes de la région comprennent la décision du Conseil de Sécurité comme une tentative de vouloir confondre le Rwanda qui, s’il soutient réellement le M23, sera dépisté grâce aux informations et renseignements qui seront fournis par les drones qui doivent eux aussi être déployés incessamment dans cet Est RDcongolais.

Enfin une autre opinion montre que la probable agression de la F.I.N contre les M23 imprimera à ces derniers une autre détermination d’entamer une tactique de guérilla dans les montagnes inaccessibles et bourgades du Nord Kivu et pourront venir à bout de l’inexpérience et le manque de motivation certaine de cette F.I.N.

Mais, comment les Casques Bleus onusiens vont vivre deux statuts différents, ceux qui, les 20.000, resteront dans le Chapitre 6, comme purement maintien de la Paix sans usage de la force et les 2500 de la F.I.N qui devront faire face au feu des mouvements armés et qui devront s’attendre à des pertes en vies humaines ?

« L’ONU commet une grosse erreur dans ses stratégies de rétablissement de la paix et sécurité en RDC. Les M23 connaissent leurs forêts et montagnes bonnes pour une parfaite guerilla. On voit mal un Casque Bleu onusien luttant contre les guerilleros. Ce sera une guerre d’usure. Les hommes de la F.I.N camperont nécessairement dans les villes et autres centres de négoce du Nord Kivu et attendront que les M23 soient à bout de patience et de munitions. C’est peut être une situation qui pourra durer beaucoup d’années si ces hommes de la F.I.N ne laissent pas un couloir aux FDLR rwandaises soutenues par kinshasa de rentrer chez eux, les armes à la main », a confié cet analyste politique qui a requis l’anonymat.

Et c’est justement dans ces circonstances où, au cas contraire, tout développement négatif de la situation peut survenir. Le repli des M23 dans les forêts et villages congolais éloignés de l’espace frontalier avec le Rwanda aura pour effet de donner le champ libre à tous les groupes armés opposés contre Kigali pour entreprendre sans s’inquiéter des plans retour armé dans leur Rwanda


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