Bujumbura : Les vendeuses dans les rues du centre-ville développent un esprit de résistance

Redigé par INGABIRE Luc-Noël
Le 6 février 2014 à 05:06

Les femmes vendeuses de fruits et légumes qui exercent leurs petits commerces dans les rues du centre-ville de Bujumbura sont pourchassées par la police burundaise ainsi que l’administration de la Mairie de Bujumbura. Et cela depuis que le marché central de Bujumbura ait été parti en fumée en Janvier 2013. Suite à ce refoulement fréquent, ces femmes commencent à manifester un comportement de résistance.
Les habitants de Bujumbura retrouvés au centre-ville trouvent qu’il faut des ententes entre ces (...)

Les femmes vendeuses de fruits et légumes qui exercent leurs petits commerces dans les rues du centre-ville de Bujumbura sont pourchassées par la police burundaise ainsi que l’administration de la Mairie de Bujumbura. Et cela depuis que le marché central de Bujumbura ait été parti en fumée en Janvier 2013. Suite à ce refoulement fréquent, ces femmes commencent à manifester un comportement de résistance.

Les habitants de Bujumbura retrouvés au centre-ville trouvent qu’il faut des ententes entre ces femmes et la Mairie de Bujumbura pour ne pas user toujours de la force. Ils font savoir que la force n’est pas la solution à cette question qui vient de passer un bon moment dans la ville de Bujumbura. Pour ces citoyens, ces femmes risquent de réagir mal, d’une façon déplacée, face aux persécutions répétées de LA Police. Là, ils se basent de ce qui s’est passé au City Market dit « Kwa Siyoni » où les femmes ont mis leurs poitrines en l’air quand la police venait les compter et prendre leurs marchandises sans consentement, suite à une décision de l’OBR.

Les marchandises de ces femmes qui font leurs commerces au centre-ville de Bujumbura sont souvent confisquées par les policiers. Ces vendeuses sont, des fois, persécutées à coup de matraque. Ces femmes se lamentent d’entendre les autorités dire qu’elles ont refusé d’aller exercer leurs commerces dans les différents marchés de Bujumbura. Elles sont frustrées de voir qu’il ait eu ouverture de l’ancien endroit appelé Le Grenier du Burundi mais qu’elles n’ont pas eu de places alors que certaines avaient des places là-bas avant que le marché central ne brûle.

La chargé de la Communication dans le Bureau de la Mairie de Bujumbura, Kazatsa Candide reprochent à ces femmes qu’elles sont venues dans ailleurs, dans les autres marchés, dans l’espoir d’avoir une place dans cette place qui avaient déjà des occupants.

Ce comportement de protester seins nus chez les femmes, le Professeur Nicodème Bugwabari, spécialiste en sociologie politique et professeur d’universités le qualifie de « dernière carte à jouer par une femme ». Sur le cas de vendeuses de pagnes au City Market, le Professeur Nicodème Burwabari avait enrichit disant que Ce que ces femmes avaient fait, c’était la voix de la douleur, la voix de la vulnérabilité extrême. Il s’agit d’une expression de ras-le-bol, une expression de l’illégitimité des pouvoirs publics et que cela n’augure rien de bon à la veille des élections de 2015.

Professeur Nicodème Bugwabari, spécialiste en sociologie politique

Des exemples ont été émis par Burwabari Nicodème. Il a indiqué qu’en 1966, après le coup d’Etat qui a renversé la monarchie, le ministre de l’intérieur de cette époque aurait invité la population au stade pour leur expliquer ce renversement, et les femmes auraient enlevé leurs habits pour exprimer leur exaspération.

Vendeuses de pagnes du City Market (Octobre 2013)

Cette tendance n’est pas le propre à aucune région. Le 24 Décembre 2012, en Ouganda, les femmes ont manifesté seins nus pour protester la détention d’une femme leader.

24 Décembre 2012, femmes ougandaises en manifestation

Le 24 septembre 2001, des Gambiennes sont allées plus loin en défilant entièrement nues dans les rues de Brikama, la deuxième plus grande ville du pays. Elles protestaient contre un rituel selon lequel l’opposition organise le « sacrifice » d’un chien pour des raisons électorales. Un journal local avait raconté cette surprenante manifestation :

« Les habitants de Brikama sont restés bouche bée devant ces femmes en tenue d’Eve, qui sont passées en proférant des incantations contre l’opposition, jugée responsable de cette mise à mort rituelle. Les femmes nues, qui psalmodiaient en langue diola, ont demandé à Dieu de punir l’opposition pour cet acte vil. Elles ont ensuite creusé un trou, autour duquel certaines se sont assises, tandis que les autres continuaient à exprimer leur colère. »

Mais aussi, en 1929, au Nigeria, des femmes noires se rebellèrent en masse contre l’autorité coloniale. Dans son livre dédié aux femmes africaines, l’historienne Catherine Coquery-Vidrovitch démontre à quel point les associations de femmes étaient actives et ne reculaient devant rien pour faire avancer leurs idées.

A l’heure qu’il est, ces femmes vendeuses dans les rues du centre-ville de Bujumbura ont confié à votre journal IGIHE qu’il trouve que l’Etat burundais n’est entré de faire rien d’autres que les intimider au lieu de se concentrer à leur trouver une solution à leur problème.


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