Dans un communiqué, l’Église burkinabè confirme la position de ses évêques contre le Sénat créé par une loi de mai dernier. Elle annonce qu’elle refuse d’y être représentée, au grand dam du régime de Blaise Compaoré.

Des opposants manifestent à Ouagadougou contre la création du Sénat burkinabè, le 28 juillet. Des opposants manifestent à Ouagadougou contre la création du Sénat burkinabè, le 28 juillet. © Ahmed Ouoba/AFP
Encore un obstacle de plus pour Blaise Compaoré sur sa volonté d’ancrer dans la société burkinabè le futur Sénat, dont les membres doivent être nommés par le président (29 sur 89), et élus ou désignés par les collectivités territoriales (39) et la société civile (21 représentants des autorités coutumières et religieuses, du patronat, des travailleurs et de la diaspora). Car l’Église catholique a d’ores et déjà fait savoir qu’elle boycotterait la nouvelle chambre.
Certes le mot de boycott n’a pas été prononcé mais c’est tout comme. "Fidèle à sa nature et à sa mission", l’Église "ne (participera) pas aux organes délibératifs, exécutifs, législatifs ou judiciaires, dont le Sénat où elle devrait avoir un représentant. (…) "Notre participation à un tel processus nous amènerait toujours à un alignement sur telle ou telle position et nous enlèverait ainsi toute possibilité de jouer notre rôle premier d’autorité morale qui est celui d’éclairage, de promotion de la cohésion sociale et de médiation au besoin, tant au service de la majorité que de l’opposition", fait observer le clergé dans un communiqué.
Montée de la violence et de la pauvreté
Les évêques du Burkina Faso avaient déjà exprimé leur rejet du Sénat, en juillet dernier, dans une lettre pastorale de quinze pages. « Les institutions ne sont légitimes que si elles sont socialement utiles, favorisant le bien commun, la cohésion sociale, la paix », rappelaient les prélats, qui fustigeaient la gouvernance de Compaoré, la fracture sociale, la montée de la violence et de la pauvreté dans la société.
Bref, l’Église confirme sa position, au côté de la population en majorité opposée à un projet qu’elle juge budgétivore. Et qui inquiète aussi ceux qui prêtent l’intention à Blaise Compaoré, au pouvoir depuis près de 30 ans, de faire modifier en Congrès (avec une majorité qualifiée qu’il n’a pas à l’Assemblée) l’article 37 de la Constitution afin de pouvoir se représenter en 2015.
Le Sénat a été créé par une loi votée le 21 mai. Début septembre, l’opposition avait rejeté de nouvelles propositions d’un Comité de suivi et d’évaluation des réformes politiques, qui proposait de réduire le nombre de sénateurs de 89 à 71 et de ramener l’âge minimum requis de 45 à 35 ou 30 ans.
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