Centrafrique : état des lieux d’une difficile et longue transition

Redigé par rfi
Le 20 janvier 2015 à 04:12

Le 20 Janvier 2014, au terme d’une séquence épique qui avait vu le départ contraint de Michel Djotodia et un Parlement de transition centrafricain acheminé par avion au sommet de Ndjamena, Catherine Samba-Panza accédait à la présidence de transition centrafricaine. Un an après, le pays est toujours plongé dans la crise, même si la situation a évolué.
Aujourd’hui encore, 58 000 personnes dorment dans des camps de fortune à Bangui. C’est beaucoup, mais c’est paradoxalement le signe que la situation (...)

Le 20 Janvier 2014, au terme d’une séquence épique qui avait vu le départ contraint de Michel Djotodia et un Parlement de transition centrafricain acheminé par avion au sommet de Ndjamena, Catherine Samba-Panza accédait à la présidence de transition centrafricaine. Un an après, le pays est toujours plongé dans la crise, même si la situation a évolué.

Aujourd’hui encore, 58 000 personnes dorment dans des camps de fortune à Bangui. C’est beaucoup, mais c’est paradoxalement le signe que la situation humanitaire s’est améliorée en un an. Il y a douze mois, le site de réfugiés de l’aéroport de Mpoko abritait à lui seul plus de 100 000 personnes. Cette baisse s’explique par un retour progressif de la sécurité dans la capitale.

Mais cette tendance ne doit pas éclipser la réalité globale. Il y a toujours 430 000 Centrafricains réfugiés à l’étranger, dans les pays limitrophes et autant déplacés à l’intérieur du pays.

En Centrafrique, si certaines zones, comme la capitale, se stabilisent, il reste de nombreux points qui inquiètent particulièrement les travailleurs humanitaires, ONG comme agences onusiennes. Ces points de crispations se trouvent le long d’un axe qui traverse le pays du nord-ouest au sud-est, entre Batangafo et Bambari, et où le cycle de violences et de représailles se poursuit encore aujourd’hui.

D’ailleurs, c’est sur cette ligne que s’affrontent encore parfois miliciens de l’ex-Seleka et anti-balaka, et que des civils sont régulièrement pris pour cible par des groupes armés. Les auteurs de ces violences ne sont pas dissuadés par la montée en puissance des casques bleus de la Minusca (9 000 hommes déployés dans le pays fin décembre 2014 sur les 12 000 attendus à terme) ou la présence de la force française Sangaris.

« Il y a la zone de Batangafo où le nombre de personnes déplacées atteint presque 27 000 personnes, détaille Claire Bourgeois, coordinatrice humanitaire de l’ONU en Centrafrique. Il y a également la zone de Bambari, en fait toute la préfecture de la Ouaka [dans le sud du pays, ndlr] pour laquelle le nombre de personnes déplacées est extrêmement préoccupant, et s’explique par les nombreux problèmes sécuritaires. Et ce sont des zones qui demandent même une attention plus soutenue qu’il y a un an. »

Réconciliation

A Brazzaville, en juillet dernier, poussée par ses partenaires internationaux, la transition a initié avec les groupes armés, les acteurs politiques et la société civile un processus de paix et de réconciliation. Si l’accord de cessation des hostilités paraphé par les milices n’a pas tenu plus de quelques jours, le processus de réconciliation avance. Il doit aboutir en février à un grand « Forum de réconciliation nationale » à Bangui qui regroupera là tous les acteurs de la crise.

Avant cela, les autorités de transition ont lancé ce qu’elles appellent les « consultations à la base », qui démarrent d’ailleurs ce lundi, sorte d’états généraux où les Centrafricains sont invités à se rendre - dans les préfectures ou les sous-préfectures - pour soumettre leurs doléances et leurs idées pour sortir de la crise.

« On s’est dit que, puisqu’il y a eu par le passé un certain nombre de fora au cours desquels les problèmes ont été posés, il fallait nécessairement innover en faisant en sorte que les populations des seize préfectures de la République centrafricaine soient associées intimement à ce processus, explique Anicet-Clément Guiyama-Massogo, ministre conseiller à la présidence de transition, en charge du dialogue politique et social. C’est pour cela que ce qu’on appelle les consultations à la base, concernent les populations qui non seulement sont les victimes, mais sont aussi celles par lesquelles les problèmes devraient trouver leur début de solution, sinon leurs solutions définitives. »

Elections

Février 2015 avait initialement été choisi comme date butoir pour l’organisation des élections qui mettront un terme à la transition. Ce délai n’ayant pu être tenu, les élections ont été reportées à l’été prochain. Il faut organiser un référendum constitutionnel, une présidentielle à deux tours et des législatives. Mais là aussi, ce délai semble très difficile à tenir.

Le recensement électoral qui devait démarrer au début de ce mois de janvier n’a, par exemple, toujours pas commencé faute de financement. Certes, le budget de l’organisation de ces élections, initialement estimé à 36 milliards de FCFA (54 millions d’euros) financé par les partenaires internationaux, va être réduit. Pour faire des économies, il a été décidé de coupler les scrutins et de renoncer à l’enrôlement biométrique. Mais même sans cela, l’argent se fait toujours attendre.

Les bailleurs de fonds internationaux ne semblent pas pressés de faire les chèques. « A l’issue de la réunion du Groupe international de contact en novembre à Bangui, le président du GIC a lancé un appel à la mobilisation des ressources pour nous permettre de travailler, raconte Dieudonné Kombo Yaya, le président de l’Autorité nationale des élections. Cet appel n’a pas été entendu, car depuis lors, il n’y a que la France qui a fait une annonce. Mais à part la France, aucun partenaire n’a fait d’annonce, ce qui est assez inquiétant. »

En décembre 2014, le secrétaire général adjoint de l’ONU chargé des opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, avait parlé de l’organisation des élections avant août 2015 comme d’un « défi considérable ». Pour l’instant, il est loin d’être relevé.


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