Corée du Nord : petit frère bien encombrant

Redigé par Le Courrier international
Le 7 avril 2013 à 02:27

A l’image des autorités, la presse chinoise reste prudente à propos de la tension dans la péninsule coréenne. A l’étranger, les experts se demandent si la Chine ne devrait pas revoir à la baisse le soutien qu’elle apporte à son voisin. La presse chinoise est d’une prudence extrême à propos de la crise dans la péninsule coréenne. Toujours porteuse de la voix officielle dans les moments de crise diplomatique, elle présente cette fois des avis d’experts qui concèdent l’irritation de Pékin face à (...)


A l’image des autorités, la presse chinoise reste prudente à propos de la tension dans la péninsule coréenne. A l’étranger, les experts se demandent si la Chine ne devrait pas revoir à la baisse le soutien qu’elle apporte à son voisin.

La presse chinoise est d’une prudence extrême à propos de la crise dans la péninsule coréenne. Toujours porteuse de la voix officielle dans les moments de crise diplomatique, elle présente cette fois des avis d’experts qui concèdent l’irritation de Pékin face à Pyongyang, pointent plus ou moins clairement du doigt vers des responsabilités américaines, mais évitent surtout de donner un avis sur les intentions chinoises.

Parmi les experts conviés à donner leur opinion dans les médias officiels, on relève celui de Wang Fan, assistant du directeur de l’Institut de la diplomatie, dans le quotidien Huanqiu Shibao. Wang insiste sur la nécessité d’une coopération sino-américaine pour régler le conflit. "Mais, dit-il, les Etats-Unis ne peuvent pas renvoyer la responsabilité sur le dos de la Chine. [...] Si les Etats-Unis abandonnent leur coopération avec la Chine en Asie du Nord-Est, et la prennent comme adversaire [en augmentant leur présence militaire dans la région], la Chine ne pourra plus éviter de modifier ses alliances, et il est difficile d’exclure une nouvelle situation de guerre froide."

Plus feutré, Zhang Xudong, doctorant en relations internationales à l’université Qinghua, souligne que la "péninsule a maintenant surtout besoin de mesures d’apaisement. Les deux parties [Corée du Nord et Etats-Unis] doivent abaisser leurs niveaux d’alerte stratégique, réduire l’ampleur de leurs manœuvres, garder leur sang froid et leur maîtrise d’eux-mêmes."

"Je dois dire que c’est le moment le plus critique depuis 1953", a pour sa part estimé Shi Yinhong, professeur de relations internationales à l’Université du Peuple à Pékin, lors d’une interview à la radio chinoise reprise sur le site officiel Zhongguo Guangbo Wang. L’expert en affaires militaires Zhang Shaozhong, sur le même site, se fait plus apaisant : "J’ai l’impression que les deux parties poussent actuellement des cris dans tous les sens en appelant au combat, mais que nous sommes déjà passés par ce genre de chose, et qu’après une période de heurts, Corée du Nord et Etats-Unis reviendront vers un radoucissement."

Parmi cette cacophonie, rares sont ceux qui osent pointer du doigt le malaise de Pékin face à Pyongyang, et à envisager des solutions.

Abandonner Pyongyang ? Pour avoir fait cette suggestion, un journaliste a été suspendu de ses fonctions de rédacteur en chef adjoint du magazine de l’Ecole du Parti , le Xuexi Shibao. Il avait signé dans le quotidien britannique Financial Times un article suggérant que la Chine devrait "abandonner la Corée du Nord", rapporte le site en anglais du Chosun Ilbo.

Deng Yuwen a indiqué au journal sud-coréen que le ministère chinois des Affaires étrangères lui avait fait part de sa forte réprobation après la publication de cet article. Deng y suggérait que la Chine puisse œuvrer à la réunification de la péninsule nord-coréenne, ce qui serait se démarquer de la traditionnelle politique de soutien à l’allié nord-coréen.

Reste les journaux de l’extérieur à la Chine : Le quotidien singapourien Lianhe Zaobao souligne, pour marquer le niveau d’irritation de Pékin, que pour une fois, la Chine ne s’est pas jointe à Pyongyang pour protester contre la tenue des manœuvres conjointes américano-sud coréennes actuellement en cours.

"Bon nombre de spécialistes de la stratégie militaire à Pékin estiment que la Chine doit abandonner son soutien à ce voisin, du moment qu’il ne remplit plus ses fonctions de contrepoids stratégique régional [avec la Corée du sud alliée des Etats-Unis]", affirme le journal, qui ajoute que la position chinoise est actuellement "dans une situation de blocage". Favorable aux sanctions, la Chine continue à rechercher le dialogue. "Il est possible que la relation sino-coréenne évolue", conclut l’éditorial.


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