Le lancement des négociations entre le Gouvernement de la RDC et des rebelles du M23 a été reporté pour diverses raisons. Ces négociations devaient commencer ce 7 décembre à Kampala en Ouganda. Elles n’ont pas commencé à cause des incompréhensions sur le choix des observateurs.
« De nombreuses ONGs et les groupes comme l’Union Européenne, l’ONU, et la SADC (Southern African Development Community) ont demandé le statut d’observateurs à ces négociations. Le report de lancement de ces négociations est lié au fait que nous devons choisir qui doit participer à ces négociations », a déclaré Henry Okello Oryen, ministre de la Coopération internationale citant Crispus Kiyonga, Ministre ougandais de la Défense, principal médiateur dans ces négociations.
Fred Opolot, Directeur de Uganda Media Council avait déclaré la veille qu’à l’ordre du jour de ces négociations il était question d’arrêter les principes et la procédure de base des négociations et de se convenir sur les personnalités qui feront partie de cette négociation.
La question de choix de media qui couvriront les sessions des négociations et autres activités y relatives.
Les deux grands négociateurs sont le Secrétaire général du M23, Tuyimbaze, et le Ministre congolais des Affaires Etrangères, Raymond Tshibanda.
Quoiqu’on parle de report dû à ces causes citées ci haut, beaucoup d’observateurs établissent une relation entre cette initiative résolument pacifique de l’ICGLR/Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs et les travaux de la rencontre au Sommet de la SADC (Southern African Development Community) qui ont rendu des conclusions intéressant l’Est de la RDC.
France 24 annonce de ce 10 décembre que la SADC vient de tenir une réunion des Chefs d’Etat membres où il a été décidé de l’envoi de 4000 hommes de troupes dans l’Est de la RDC.
Conflit d’intérêts
L’instabilité et les guerres incessantes dans cet Est de la RDC sont-elles délibérément attisées ? Par qui ? Pourquoi ?
Si réellement le Rwanda est derrière ce mouvement de la rébellion du M23 et qu’ aucune force extérieure n’est derrière lui pour l’appuyer, eh bien cela aura des motivations sécuritaires. Le gouvernement rwandais offrirait un tel soutien à la communauté rwandophone congolaise pour qu’elle aussi soit un paravent moyennant l’assurance d’un couloir sécurité qui ne permettra pas l’infiltration de ses adversaires. On comprend donc un intérêt politique et sentimental.
Géostratégies économiques
Mais il y a aussi des intérêts économiques en jeu. Le Rwanda pose comme un rival des grandes sociétés minières internationales opérant dans cet Est de la RDC.
Une revue en ligne WORKERS WORLD du 30 novembre 2012 essaye de comprendre ces enjeux et montre que les puissances internationales ne sont pas particulièrement intéressées à une solution définitive pacifique du conflit. Cela risque de favoriser le Rwanda et non les compagnies minières de droit occidental.
« Durant l’occupation de l’Est de la RDC par les rebelles du RCD (Rassemblement Congolais pour la Démocratie) vers fin les années 1990 et début 2000, ce groupe rebelle appuyé par le Rwanda et l’Ouganda a payé 1 million de dollars chaque mois dans les mines de l’Est afin d’honorer ses contrats de fourniture de coltan à des sociétés minières. Ces compagnies minières sont basées au Canada, en Grande Bretagne, en Australie, en Afrique du Sud, aux USA et ailleurs. Deux grandes compagnies minières américaines Century Aluminium &Freport et McMoRan Copper &Gold savent très bien d’où viennent ces minerais et les conditions d’extraction.
Les entreprises américaines et canadiennes sont responsables de l’Extraction des deux tiers de quantité de cuivre et de cobalt du Congo », écrit Azikiwe de Workers World.
Tandem Finances internationales et Grosses sociétés minières
L’auteur va plus loin et rapporte que la loi de la finance internationale est plus forte car elle est souplement appuyée militairement par le grand maître du monde :
« … Le rôle du FMI et de la Banque Mondiale est significatif dans les opérations minières surtout qu’ils débloquent des capitaux à des entreprises minières opérant dans la région… Ce vaste réservoir de minerais de cet Est de la RDC est nécessairement lié à la montée du militarisme du Pentagone et de la NATO (North Atlantic Treaty Organization) dans cette région. L’administration Obama a accru le budget de fonctionnement de la US Africa Command et elle a augmenté le personnel de la CIA dans la région », renchérit Azikiwe.
La ministre rwandaise des Affaires Etrangère crie-t-elle dans tous les forums internationaux que « le Rwanda a tout intérêt à voir l’Est de la RDC pacifié », que c’est là où il a intérêt, que par conséquent il ne soutient pas le M23 ?
Mais qui lui dit que la Communauté internationale veut de la paix dans la région à la mode rwandaise ? Et si cette paix durable torpille les intérêts de cette Communauté internationale très pressée de consolider ses surprofits dans un Etat de non droit.
Quoi donc si la Pax Rwanda veut dire que les gros contrats signés avec le gouvernement Kabila par les grosses multinationales sud africaines ou anglo américaines se voyaient revus par un nouvel environnement politique positif issu de réels accords de paix entre le M23 et le Gouvernement de Kinshasa avec l’exigence de paiement de grosses taxes dur les produits miniers extraits de ce riche Est congolais ?
La décision d’envoi de ces 4000 hommes de troupes par le SADC vient donc tenter de renverser les tendances économiques et financières.
L’Ouganda vient-il d’ériger une grosse usine de transformation ou de purification des minerais ?
Lui qui comptait sur un commerce légal des minerais de la région avec moindres coûts de production, eh bien la SADC pourrait lui dire que désormais les gros cargos pourraient transporter ce brut de Goma vers les villes minières sud africaines ou occidentales.
« Malgré le fait que les USA, l’Union Européenne et l’ONU ont demandé la cessation des conflits dans l’Est de la RDC, les sociétés minières basées en Amérique du Nord et en Europe ont de gros intérêts dans la région riche en Coltan, Cuivre et autres ressources minières stratégiques… », rapporte Azikiwe de World Workers .
Et l’on sait que l’Afrique du Sud est entrée tôt dans les années d’Apartheid, en partenariat avec celles-ci.
On comprend donc le jeu d’échecs qui oppose les initiatives de paix de l’ICGLR et le forcing de la SADC. Qui en sortira vainqueur ?
Les Etats de la région qui veulent un commerce sud-sud correct et réglementé autour des minerais du riche Congo avec l’apparition d’un Etat de droit au Congo ? Là, les grosses multinationales qui profitent de l’état défaillant du Congo ne vont pas laisser tomber facilement le gros morceau.
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