En ce début d’année 2015, une étude américaine vient bousculer ce que l’on croit savoir sur le cancer. Publié dans le magazine Science, ce travail met en avant la simple malchance pour expliquer la survenue des deux tiers des cancers. Les causes génétiques ou l’exposition à des facteurs défavorables ne seraient à l’origine que d’une minorité d’atteintes.
Selon l’étude que publie ce 2 janvier 2015 la revue Science, le cancer serait simplement le fruit du hasard dans la majorité des cas. Pour les chercheurs Bert Vogelstein et Cristian Tomasetti, tous deux spécialistes du cancer à l’université américaine de médecine John-Hopkins de Baltimore, cette maladie serait due plus à un manque de chance qu’à un environnement défavorable ou à des gènes défectueux.
Leur surprenante conclusion a été établie en étudiant 31 formes de cancers dont ont été exclus ceux du sein et de la prostate parmi les plus fréquents respectivement chez la femme et chez l’homme, ce qui pourrait fragiliser l’étude. Les deux oncologues sont partis du fait que certains organes sont beaucoup plus souvent touchés par le cancer que d’autres. Ainsi, le risque au cours de sa vie d’avoir une tumeur maligne du poumon est 6,9 % contre à peine 0,6 % pour le cerveau et 0,00072 % pour les cartilages du larynx.
La faute à « pas de chance »
Ce côté aléatoire ne remet pas cependant en cause le fait que la consommation de tabac intervient pour une grande part dans le développement du cancer du poumon, par exemple. Mais, précise le Pr Tomasetti qui est aussi biomathématicien, « changer ses habitudes, comme arrêter de fumer peut être utile sur certains cancers, mais n’aura guère d’efficacité sur d’autres cas ».
Pour faire la distinction entre les causes identifiables et les autres, les deux chercheurs ont observé le processus naturel de renouvellement des cellules dans l’organisme au fur et à mesure qu’elles meurent. On sait ainsi que les cellules du corps humain en se renouvelant peuvent commettre des « erreurs de copie » plus ou moins importantes. Et plus ce renouvellement est répété, plus le risque de copies aberrantes augmente. Dans ce cas, le plus fréquent donc, on peut toujours s’interroger sur la raison d’un cancer ; la seule réponse serait la plupart du temps, la faute à « pas de chance ».
De plus, les cellules ne se répliquent pas au même rythme selon les organes auxquels elles appartiennent. Par exemple celles du côlon se divisent quatre fois plus vite que celles de l’intestin grêle. Or, le cancer du côlon est 20 fois plus fréquent que celui de l’intestin grêle. Cette corrélation vient appuyer le côté aléatoire de la maladie que mettent en avant Bert Vogelstein et Cristian Tomasetti. Et le fait que le cancer est bien une maladie du vieillissement, plus on avance en âge, plus les cellules se seront répliquées avec une élévation mathématique du risque d’erreurs.
Bons gènes, mauvais gènes
Leurs observations les ont aussi conduits à mettre à mal certaines idées reçues comme celle qui veut que les fumeurs bénéficiant d’une longue vie soient dotés de « bons gènes ». « La vérité, rectifie Bert Vogelstein, est que la plupart d’entre eux ont simplement beaucoup de chance ». Car le tabac est responsable de plus de 80 % des cancers du poumon et joue un rôle déterminant dans plusieurs autres cancers comme ceux de la langue, de la bouche, du pharynx, du larynx, de l’œsophage, de la vessie…
A l’inverse, l’étude montre que de nombreuses formes de cancer sont largement dues à un manque de chance et à une mutation d’un gène qui provoquera un cancer, sans aucune relation avec le mode de vie ou des facteurs héréditaires. Quant aux gènes de prédisposition au cancer, évalués de 5 à 10 % des cas, des études sont encore indispensables pour quantifier plus précisément leur part.
L’étude de Bert Vogelstein et Cristian Tomasetti est la première à tenter de distinguer les origines du cancer entre facteurs de risque avérés (tabac, alcool, soleil, virus, pollution…) et mutations aléatoires des cellules. Compte tenu de ce que leur travail met en lumière, ils recommandent de « mobiliser davantage de ressources pour trouver des moyens de détecter ces types de cancer aléatoires à un stade précoce, soignable ». Quant aux autres, la prévention reste de mise pour écarter des causes reconnues et identifiées de cancer.
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