Le Président Paul Kagame a prononcé ce 7 avril un discours équilibré et centré sur les valeurs actuelles dont la rage pour la transformation du pays afin de voir chaque citoyen rwandais vivre son espoir pratiquement afin de faire émerger un Rwandais de type nouveau. Il tient aussi à la pratique de relations économiques et commerciales avec l’étranger dans l’égalité et le respect mutuel.

“Nous avons fait appel à la justice par tous les moyens. Nous avons suivi également la voie de la réconciliation. Mais cela ne nous ramènera pas ceux que nous avons perdus », a-t-il lancé à la foule avant de s’adresser à son peuple :

« Durant ces derniers vingt ans, vous avez fait preuve d’abnégation. Vous avez donné des témoignages devant vos voisins, vous avez suivi d’autres qui ont témoigné. Et puis vous vous êtes décidés d’accorder le pardon…
Ceux qui ont conçu et préparé le génocide, ils étaient rwandais. Mais l’histoire de ce génocide et ses causes vont au-delà des frontières du Rwanda… ».

Le Président Kagame tient à dire ses quatre vérités sur le principe du citoyen rwandais valeureux et d’esprit positivement indépendant.

« On ne peut pas acheter la conscience des gens pour qu’ils travestissent leur histoire. Aucun pays, si puissant soit-il, n’a le pouvoir de changer la vérité. La vérité est têtue. Quand nous montrons la responsabilité des étrangers et des institutions internationales dans le génocide, c’est que pour prévenir d’autres éventuels génocides il faut rétablir la vérité de l’histoire. Nous ne voulons pas accuser gratuitement d’autres personnes », a-t-il dit faisant apparemment une allusion voilée au rôle de la France dont la participation côté militaire est en passe d’être prouvée mais aussi la Belgique qui, elle du reste, a reconnu ses responsabilités dans ce génocide le 7 avril 2000 par le biais du Premier Ministre Guy Verhofsdtaat et repris ce matin par le Vice Premier ministre Didier Reynders alors qu’il rendait hommage aux dix Casques Bleus belges de la MINUAR massacrés par les Interahamwe alors qu’ils assuraient la sécurité d’Agathe Uwilingiyimana, l’alors Premier ministre.

Colonialisme et clergé catholique : Les origines lointaines du génocide des Tutsi

Paul Kagame reprend la langue. Il va appeler un chat un chat.
« Les autorités coloniales belges nous ont légué un mauvais héritage passant par la requalification des relations de classes sociales en différentes ethnies. Ils en ont fait une idéologie divisionniste les aidant à mieux nous gouverner.
Cette idéologie ethnocentriste qui a cours au 19ème siècle s’est encrée au Rwanda par les missionnaires français qui opéraient au Rwanda anéantissant ainsi deux millénaires d’histoire du Rwanda. … Voilà les origines du génocide commis sur les Tutsi de 1994. Les autorités coloniales belges en complicité avec les institutions de l’Eglise catholique ont fait de cette histoire d’ethnies inventée de toute pièce une carte politique à jouer comme s’ils étaient à cours d’autres idéologies de bonne gouvernance et de développement du pays », a-t-il indiqué.

Il est conscient que l’obstination des Rwandais à suivre la voie de gouvernance forgée de façon strictement et indépendamment rwandaise a un prix. Il appelle donc ses citoyens à en rester fidèle.

« Aux amis du Rwanda, vous qui tenez à l’unité de vos pays, nous vous demandons un partenariat avec le Rwanda et l’Afrique avec un esprit de compréhension dans l’intérêt de chacune des deux parties », a-t-il déclaré avec une insistance appelant de tous ses vœux l’application de principes d’un commerce nord-sud équitable et fait dans le respect mutuel.

Après avoir décrit brièvement les stratégies de reconstruction du Pays après le génocide, passant par l’adoption de la politique de décentralisation et d’accountability, par l’adoption de la politique de l’éducation pour tous en lieu et place de celle de l’élitisme qui a fait des ravages, par l’introduction des TIC pour booster l’économie du pays… il revient aux criantes réalités du génocide des Tutsi de 1994 :

« Il y a peu, au cours d’une commémoration comme celle-ci, j’ai rencontré un enfant qu’on avait repêché avec onze autres d’une fosse commune de 3000 morts à Murambi (Ex-Gikongoro). Cet enfant est complètement orphelin. Les criminels qui ont décimé sa famille élargie ont été gracié et libérés. A ma question, il m’a répondu qu’il est capable de vivre avec ses bourreaux parce qu’il a ferme conviction de la voie que nous avons choisi de revivre ensemble même si, a-t-il ajouté, ce n’est pas facile mais que l’avenir est certain. Vingt ans après l’innommable, le Rwanda d’alors en faillite totale est transformé en un pays promis à un bel avenir », a-t-il dit montrant que ce n’est qu’une question de court temps pour vaincre les idéologies rétrogrades dont l’ethnocentrisme surtout que pour le nouveau Rwanda de demain, plus de la moitié de la population est en deçà de 20 ans d’âge, trois quarts des Rwandais sont en deçà de 30 ans.