Egypte : les riches se barricadent, les inégalités s’accentuent

Redigé par IGIHE
Le 17 juin 2017 à 01:02

Iman Khalifa a abandonné son appartement avec vue sur le Nil en plein centre du Caire pour trouver refuge dans l’opulence des résidences fermées de la banlieue, un phénomène qui illustre les inégalités croissantes en Egypte.
Pour l’élite égyptienne, ces "gated communities" ou "compounds", inspirées des résidences privées très populaires aux Etats-Unis, sont devenues le seul échappatoire dans une mégalopole chaotique de quelque 20 millions d’habitants, surpeuplée et polluée.
La tendance, lancée à la fin (...)

Iman Khalifa a abandonné son appartement avec vue sur le Nil en plein centre du Caire pour trouver refuge dans l’opulence des résidences fermées de la banlieue, un phénomène qui illustre les inégalités croissantes en Egypte.

Pour l’élite égyptienne, ces "gated communities" ou "compounds", inspirées des résidences privées très populaires aux Etats-Unis, sont devenues le seul échappatoire dans une mégalopole chaotique de quelque 20 millions d’habitants, surpeuplée et polluée.

La tendance, lancée à la fin des années 1990, traduit le fossé grandissant entre les classes sociales, estiment des économistes.

"Il y a de jolis paysages, une belle vue, alors que là-bas (au Caire), il y a des ordures partout", explique Mme Khalifa, installée avec son mari dans un compound à l’est du Caire.

Comme cette trentenaire, les riches Cairotes fuient des rues bruyantes et paralysées par de gigantesques embouteillages. Ils se retrouvent dans le calme et la verdure luxuriante des résidences fermées qui poussent comme des champignons aux portes du désert, avec terrains de golf, piscines et salles de sport.

"Vous payez plus pour l’entretien, mais ils vous fournissent une meilleure sécurité", poursuit Mme Khalifa.

- Minorité -

Elle fait toutefois partie d’une minorité de privilégiés, dans un pays où le pourcentage d’Egyptiens vivant sous le seuil de pauvreté est passé de 16,7% en 2000 à 27,8% des 90 millions d’habitants en 2015, selon des statistiques officielles.

Selon elle, le gouvernement pourrait fournir de meilleurs services d’éducation et de santé en les finançant grâce à un système d’imposition progressif, qui taxerait plus sévèrement les plus aisés.

Mais les autorités rechignent à adopter une telle réforme, estime Salma Hussein, chercheuse sur l’inégalité au sein de l’Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR), une ONG locale.

"Il y a une sorte de collusion. Les classes aisées disent au gouvernement : laissez-nous faire des profits sans des impôts élevés. Nous ne réclamerons pas de démocratie et construirons nos propres communautés", explique Mme Hussein.

Pour M. van der Weide, combler les inégalités est un défi difficile à surmonter "si l’élite vit coupée du reste de la société".

Avec Rfi


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