Le Rwanda a été choisi pour présider l`association des bourses de l`Afrique de l`Est ( EASEA )lors d’une réunion qui a eu lieu à Kampala du 5 au 8 Février 2013. Le nouveau président Célestin Rwabukumba, coordinateur de la bourse du Rwanda « Rwanda Stock Exchange »,chargé des opérations boursières, a accordé une interview exclusive à IGIHE. L’importance de cette présidence, le marché des capitaux dans la région de l’Afrique de l’Est, la procédure d’achat-vente des actions… il répond à toutes ces questions et à d’autres.

Les débuts de la bourse de Kigali
Celestin Rwabukumba : La « Rwanda Stock Exchange » a été officiellement lancé il ya deux ans en Janvier 2011. Quand il s`agit de la négociation et la cotation des entreprises, nous avons commencé avec Bralirwa, première entreprise locale. Cependant, le marché des capitaux en général, nous avons commencé un peu plus tôt en 2008 sous ce qui a été officiellement appelé « Capital Market Advisory Council » (CMAC). Nous avons commencé en vendant des obligations de l`État et après nous avons vu des entreprises de notre région venir sur notre bourse. Deux entreprises du Kenya sont venues vendre leurs actions à ce moment-là, mais la bourse était encore au stade de la préparation et nous travaillions encore sur le cadre juridique de l’industrie du marché des capitaux au Rwanda.

IGIHE Combien de sociétés cotées à la bourse du Rwanda ?
Celestin : Actuellement, nous avons quatre sociétés. Nous avons deux entreprises du Kenya, « Kenya Commercial Bank », qui est une banque régionale et le « Nation Media Group », qui est un grand groupe de multimédia en Afrique de l’Est. Nous avons également deux entreprises locales qui sont Bralirwa, la plus grande brasserie du Rwanda et la Banque de Kigali qui est aussi l`une des plus grandes banque au Rwanda.

IGIHE : En tant que coordinateur de la bourse du Rwanda (Rwanda Stock Exchange), vous avez été choisi pour présider l`association des bourses de l `Afrique de l`Est. Pouvez-vous nous dire un peu plus sur cette association ?

Celestin : Eh bien, permettez-moi tout d’abord de commencer avec ce qu`est l’Association des bourses de l`Afrique de l`Est. Fondamentalement, il s’agit d’un forum qui réunit les boursiers de l`Afrique orientale. Il s’agit d’un forum où nous nous réunissons pour discuter de nos diverses questions telles que l’intégration. Nous discutons de la façon dont nous pouvons relier nos marchés parce que finalement nous allons avoir un seul marché. Aujourd’hui, il ya beaucoup de transactions transfrontalières et le commerce entre les pays de l’Afrique orientale augmente du jour au jour.

IGIHE : Qu’est-ce que cela signifie pour le Rwanda de présider cette association.

Celestin : Tout d’abord c`est la première fois que le Rwanda préside l`association des bourses de l`Afrique orientale depuis que nous sommes devenus membres en 2008. Nous avons commencé à participer en 2005 en qualité d’observateur, car nous n’avions pas encore de marché de capitaux. Nous étions encore en phase de développement du projet de marché des capitaux. Donc, devenir membre était un processus graduel que nous avons commencé en tant qu’observateur, membre et maintenant nous présidons l’association. Notre présidence aura une incidence sur notre marché en soi. En tant que président actuel, nous avons certaines choses que nous voulons atteindre. D’abord l’infrastructure pour l’intégration régionale. Comme vous pouvez le voir, nous n’avons pas assez de produits sur notre marché, mais il ya des moyens par lesquels ils peuvent venir. Un lot de sociétés régionales qui font des affaires au Rwanda aimeraient être présentes sur notre marché des capitaux. Mais l’infrastructure que nous avons actuellement ne le leur permet pas.

IGIHE : Quel type d’infrastructure voulez-vous dire ?

Celestin : Eh bien pour être plus exact je parle de ce qu`on appelle « Trading infrastructure » en Anglais ou bien infrastructure de négociation. Nous pouvons toujours faire ce que nous faisons actuellement sans elle et sans nuire aux affaires. Cependant, l’infrastructure de règlement est nécessaire. Par exemple, si vous achetez une voiture avec quelqu’un, vous devez le payer et pour posséder la voiture entièrement. Vous devez régler la transaction en obtenant des papiers indiquant que vous êtes le nouveau propriétaire de la voiture. C’est la même chose avec le marché de capitaux. Lorsque vous achetez des actions sur notre bourse des capitaux, vous devez payer de l’argent et le vendeur des actions approuve qu’ils ont changé de propriétaire. L’infrastructure dont nous parlons n’est pas entièrement automatique.

IGIHE : Comment un citoyen local peut acheter des actions à la Bourse du Rwanda ?

Celestin : Si vous êtes un citoyen local et que vous venez acheter des actions à la bourse du Rwanda, vous devez parler à un agent d`intermédiation financière. Nous supposons que vous avez ouvert un compte de placement avec l`une des sociétés d`intermédiation financière présente sur notre bourse. La Bourse ne vend pas ou achète des actions, il est de votre société d`intermédiation financière de jouer le rôle d’intermédiaire. Un citoyen local doit passer par ces intermédiaires pour ouvrir un compte de placement et commencer à acheter ou vendre des actions.
IGIHE : Comment ça marche ?
Celestin : Il faut souligner que les sociétés qui sont inscrites ici sont venus pour collecter des fonds pour leur besoins d`investissement. Cependant, pour que cela se produise, d’un côté il doit y avoir un émetteur et sur l`autre les investisseurs. Ces derniers sont ces personnes qui apportent leur argent à des entrepreneurs (émetteurs dans notre cas, Bralirwa BK, etc.). Pour cela il doit y avoir un intermédiaire pour relier les deux côtes.

IGIHE : Combien de sociétés d`intermédiation financières avons-nous au Rwanda ?

Célestin : Nous avons neuf firmes d`intermédiation financières au Rwanda. Ces entreprises sont enregistrées au Rwanda, mais elles sont basées au Kenya. Ces entreprises sont présentes en Afrique de l’Est même au-delà. Alors, quand un investisseur veut acheter des actions, il passe par ces intermédiaires et on vous donne des formulaires à remplir. Il y un formulaire que l’acheteur doit remplir et un autre que le vendeur remplit pour compléter la transaction. A la fin, l`acheteur va recevoir un certificat de la transaction et ce certificat représente une valeur qu`on peut présenter en banque pour obtenir un crédit par exemple.

IGIHE : Comment est-ce qu`un citoyen Rwandais vivant dans la diaspora peut acheter des actions à la Bourse Rwanda ?

Célestin : C’est très simple s`ils veulent investir sur notre marché des capitaux. Je dois dire que cela ne peux pas se faire en ligne pour le moment parce que nous n `avons pas encore mis en place l’infrastructure nécessaire pour cela. Mais il est possible, ils peuvent ouvrir un compte de placement avec l`une des sociétés d`intermédiation financières présentes sur notre marché. Nous avons une liste de ces sociétés sur notre site internet qui peuvent vous aider à ouvrir un compte de placement. Pour ouvrir un compte de placement est simple, vous n’avez besoin que d’un passeport et une photo d’identité.

IGIHE : Quelle est la capitalisation boursière sur la bourse du Rwanda ?

Célestin : Aujourd’hui, alors que nous parlons, notre capitalisation boursière est de 1,7 milliards de dollars américains. Si vous regardez la capitalisation de Bralirwa et celle de la Banque de Kigali deux entreprises locales, il est approximativement 800 millions de dollars. Si vous regardez notre capitalisation boursière totale, elle est estimée à 30% du Produit intérieur brut (PIB) du Rwanda.

IGIHE : Combien d’investisseurs ont déjà investis à la bourse du Rwanda ?

Célestin : Nous avons environ 10.000, principalement des investisseurs en détail qui ont déjà achetées des actions à la Bourse Rwanda. 80% de ces investisseurs sont en détail (vous et moi) et viennent du Rwanda et de la région. Les 20% des investisseurs qui restent sont des institutions qui investissent sur notre bourse des capitaux.

IGIHE : Pouvez-vous nous donner un exemple d’investisseurs qui ont fait de l’argent sur la bourse du Rwanda ?

Célestin : Il ya des gens qui ont fait de l’argent en achetant des actions sur la bourse du Rwanda. Les gens qui ont acheté les actions de Bralirwa il ya deux ans pour 136 FRW et aujourd’hui une action Bralirwa se négocie à 726 FRW, soit un rendement de plus de 70% au cours de deux ans. Donc, si une personne qui a investi 200 000 FRW il y a deux ans, aujourd’hui il est estimé à plus de un million de FRW. Donc, je ne sais où vous pouvez obtenir un retour comme ça. Les actions de la Banque de Kigali cette année ont augmenté de 42% par exemple. Il existe des opportunités pour les investisseurs d’obtenir un rendement élevé sur leurs investissements plus qu’ailleurs.

IGIHE : Que bénéficiez vous par exemple de la Bourse de Nairobi ?

Célestin : La bourse de Nairobi nous a beaucoup aidé en ce qui concerne les lois. Bien que nous n`utilisons pas complètement leur style, nous l’avons adapté parce que les règles et règlements relatifs aux marchés des capitaux sont universels, La seule chose est de les adapter à notre cas. Une autre chose est que la plupart des sociétés d`intermédiation financières que nous avons ici et les entreprises qui sont présentes à la bourse du Rwanda sont en provenance du Kenya.

Dans notre secteur bancaire c`est la même chose, les entreprises régionales telles que Kenya Commercial Bank et Equity Bank ont contribué pour développer notre marché. Ainsi, les compétences, les infrastructures, les règles et les règlements et les opérations transfrontalières sont les principales choses que nous avons bénéficié du Kenya et d’autres partenaires d` Afrique de orientale.