Petits oasis de paix il y a quelques années, les groupements et secteurs de l’Equateur sont devenus des foyers de tension depuis que la Constitution leur a accordé de nouvelles attributions. Diriger l’une de ces Entités territoriales décentralisées devient la préoccupation de nombreux politiciens qui exacerbe les conflits.
Deux communautés du secteur Mono-Ngombe dans le Territoire de Bosobolo se regardent en chiens de faïence malgré la médiation des autorités provinciales de l’Equateur.
Il y a deux mois, elles se sont affrontées, incendiant des cases et des biens et causant même mort d’hommes. La principale pomme de discorde est le contrôle des terres arables dont chacune des parties revendique la propriété exclusive.
Mais l’enquête diligentée par la Province a révélé que des politiciens du terroir, profitant de certains conflits minimes, tiraient les ficelles par derrière pour attiserle feu,
Au sein de nombreux groupements et secteurs de la province de l’Equateur, des conflits ouverts ou latents en rapport avec le pouvoir ou le contrôle des richesses naturelles enveniment le climat.
Des entités territoriales courtisées
Des véritables havres de paix qu’elles étaient autrefois, ces Entités territoriales décentralisées (ETD) connaissent depuis 2006 beaucoup de turbulence et sont devenues des foyers de tension qui débouchent parfois sur des affrontements armés.
La constitution de la RDC votée en 2006 prévoit en effet un transfert des compétences vers ces entités. Dans le secteur des Ekonda, Territoire de Bikoro par exemple, des conflits de succession paralysent plusieurs groupements. A Bossessela, un des groupements du secteur de la Ngiri au Nord-ouest de Mbandaka, deux clans se disputent la chefferie et les limites territoriales : les Bosilela reniant aux Molanga le droit d’exercer le pouvoir.
Le même remous est également constaté au district de la Tshuapa où le refus des uns à appliquer la succession au "trône" par rotation est à la base de malentendus entre les clans au groupement d’Ilenge Esoyi dans le secteur de Djera…
La liste est loin d’être exhaustive.
Agent de l’Etat à la retraite, Ekolo Colon pense qu’au delà de ces problèmes presque familiers, plane le spectre des enjeux électoraux prochains. A l’en croire, une main noire remuerait le couteau dans la plaie :
"Ces conflits existaient certes mais ont aujourd’hui pris de l’ampleur, c’est le politicien qui a récupéré la situation…". Selon ce sexagénaire, c’est après les élections de 2006 que l’on a remarqué beaucoup d’agitations dans ces entités. Ces propos sont corroborés par Bielo Seba, enseignant dans une école de Bikoro, au sud de Mbandaka.
Il en veut pour preuve le cas du groupement Bokengia Baina où la famille régnante, celle de Bompaka, a été écartée au profit d’un non ayant-droit, sur injonction des politiciens. Seba pense qu’à l’approche des échéances électorales locales, le remue-ménage risque d’être plus accru.
Pouvoir et avantages sociaux
Peu enviées, voire négligées autrefois parce que peu rémunératrices et à compétences très limitées, les fonctions de chef de groupement ou chef de secteur suscitent désormais un grand intérêt.
De l’avis du député provincial Parisien Bosamba, cet engouement trouve son explication dans les nouvelles attributions et responsabilités qui reviennent dorénavant à ces fonctions.
"En plus du salaire déjà octroyé par le gouvernement, les dirigeants de ces ETD auront un droit de regard sur les revenus générés par les ressources locales et auront également à gérer les fonds provenant des rétrocessions, explique-t-il. Il y a aussi la cooptation qui consiste à choisir parmi les chefs des groupements des députés provinciaux. D’où la ruée vers ces postes…"
Toujours selon cet élu, le chef de secteur jouira de larges pouvoirs et de beaucoup d’avantages sociaux, plus que le député provincial : "C’est ce qui fait courir beaucoup de monde et est à l’origine des conflits. D’ un côté, il y a ceux qui veulent accéder à ce poste, de l’autre, ceux qui s’y accrochent fermement…" Déjà des témoignages font état des citadins qui retournent au village et font des yeux doux à la population en vue de se positionner.
Matthieu Mokolo
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