L’EXCÈS ÉTANT MÈRE DE TOUS LES VICES STYLISTIQUES, il apparaît comme une évidence que les hommes aimant boutonner entièrement leur chemise vivent autant dans l’erreur que les hommes arborant leur chemise amplement ouverte sur leur torse. Au vrai, ils le sont peut-être encore davantage. Car, si l’adepte de la chemise trop débraillée risque, au pire, en hiver de souffrir d’une pneumonie, l’adepte de la chemise trop fermée s’expose, en cas d’erreur sur le choix de la taille, à une mort brutale, par étouffement. Si, par hasard, il en réchappe, le malheureux ne fera que survivre misérablement. Car ce gimmick stylistique ne manquera jamais de le ramener à la condition de sous-homme ou, pour le moins, d’homme de mauvais goût dépourvu du moindre sex-appeal.
De fait, la chemise trop boutonnée apparaît comme l’apanage des hommes sans vie amoureuse ni sexuelle, habillés de frusques héritées de leur grand-père et coiffés d’une raie trop grasse et trop nette. Pour tout dire, c’est souvent à sa chemise boutonnée jusqu’à la glotte que l’on reconnaît le vieux garçon puceau. Le trouble est que, depuis cinq ans environ, de nombreux branchés, animés d’une grande dose d’ironie et comme attirés par l’esthétique du moche, ont repris ce style à leur compte. Largement mise en scène dans les défilés et dans les séances de mode pointues organisées dans les rues de Brooklyn, cette tendance a même fait florès au point de générer un nouveau terme, assez parlant. Comme d’autres jouent de l’"air guitar" ou pratiquent l’"air sex", on dit en effet que les hommes à la chemise close portent l’"air tie", soit l’"air cravate". Le problème est bien là.
MALGRÉ CETTE MODE RÉCENTE, la chemise boutonnée jusqu’à l’extrême se définit toujours par un sentiment de vide. Concrètement, dans ce dispositif stylistique, l’absence de cravate l’emporte sur tout. Ainsi, de la même façon qu’un tee-shirt sans manches ne deviendra jamais une pièce à part entière, la chemise trop boutonnée apparaîtra toujours comme un style par défaut, ou peut-être par étourderie (mais peut-on vraiment oublier de mettre sa cravate comme on oublierait de fermer sa braguette ?). Ainsi, si l’on doit arborer une chemise sans cravate, la bonne solution consiste à la boutonner depuis le deuxième bouton. Sans apparaître le moins du monde débraillé, il sera alors possible de respirer et d’envisager, surtout, une vie sociale et sexuelle épanouie. C’est en somme le choix de la raison contre le choix de l’excès.
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