L’intellectuel tour à tour chercheur, professeur, financier et ancien haut Conseiller de Mitterrand sous son premier mandat, Jacques Attali rêve d’un état de droit mondial. Il lie avec objectivité sombre hélas ! le sort de l’Europe à celui de l’Afrique, surtout celui de l’Afrique des grands Lacs.

Il vient de publier ‘Une Guerre oubliée’ ce 4 novembre dans L’Express  ; un article sur la Guerre de l’Est de la RDC entre le M23 et le Gouvernement de Kinshasa et sa fin qui n’augure pas vraiment une véritable paix des braves mais plutôt un climat floue et de gros nuages qui risquent de faire d’autres gros obus explosifs sur la région.

Les jeunes du M23 étant vaincus par le vacarme des pressions verbales et des vitupérants ‘warnings’ des grandes puissances intéressées à de petites puissances guerrières régionales, la cause de cette instabilité, la Communauté internationale ne veut pas y toucher. Elle lui servira plus tard.

Dans la logique de Jacques Attali, dans cet Afrique des Grands Lacs, « Là se joue le sort de l’Afrique et par ricochet, celui de l’Europe. Si ce conflit s’éternise encore, comme cela est vraisemblable, c’est toute l’Afrique qui sera durablement plongée dans le chaos… ».

Mais le financier qui dort en lui pense à qui profitent plutôt les grosses potentialités de richesses dont regorge la RDC avec « 30% des réserves mondiales de diamants et, dans sa province du Kivu, de 70% des réserves mondiales de coltan,( élément du tantale, métal essentiel pour la fabrication des téléphones portables et des condensateurs utilisés dans tous les réacteurs, de missiles, de satellites ) », avec malheureusement une « pauvreté (crasse qui) touche plus de 90% de la population et les guerres civiles se succèdent ».

L’intellectuel le dit si bien. Cette Afrique des Grands Lacs ne mérite donc pas une paix durable. Il le sait bien pour avoir aidé la France officielle de François Mitterrand à dessiner une géopolitique de l’Afrique des Grands lacs qui est entièrement et tacitement dans le champ d’influence française.

L’auteur veut dire ceci et son contraire. La dynamique actuelle du développement des pays de l’Afrique des Grands Lacs avance à grands pas vers de nouveaux ensembles intégrationnistes prometteurs dont la Communauté économique de l’Afrique de l’Est. Or cette EAC ne servira pas, en premier, les intérêts commerciaux occidentaux. Au contraire ! La gestion mutuellement profitable du commerce transnational sera toujours contrée par les mécanismes commerciaux inégaux dictés par les gros financiers occidentaux.

Voilà la logique de M. Jacques Attali qui sait bien comment les investissements occidentaux dans les secteurs clés de cette Afrique Centrale (Mines, Energie, routes, chemins de fer, Agriculture, Tourisme…) s’accompagnent de conditions de respect des valeurs démocratie et droits humains qui amènent une pléthorique superstructure d’ONGs internationales dont Eurac (Organisation des ONGs internationales œuvrant en Afrique Centrale) ou autres entrant dans la régulation de l’exploitation de ces secteurs avec un ascendant certain et quasiment autorisé par le pourvoyeur de la finance.

Or, sait-on d’où le mal causant l’instabilité peut venir ?
Avouez M. Attali que l’Occident veut de pouvoirs africains faibles à la limite de la faillite, corrompus et sclérosés, à l’instar de la RDC. Avouez que les régimes dynamiques de Kigali et Kampala semblent poser à l’Occident européen et Sud Africain (hum !) des obstacles à l’exploitation des ressources naturelles de la région qui ne doit pas être sujette à une régulation stricte. Voilà le pourquoi de la pléthore des mouvements armés qui montrent sans trop insister sur un désordre tolérable et duquel on peut tirer beaucoup de profit tout en les combattant mollement.

Voilà comment un capitalisme sauvage venu dans les valises pleines de dollars travaille en Afrique où on gagne plus du double tout en évitant soigneusement de verser au fisc le dû du peuple. Voilà pourquoi, cette histoire de règne des principes démocratiques est impensable surtout qu’on peut juste adopter u discours nationaliste touchant à la fierté béante du Congolais comme quoi les voisins qui l’ont aidé à voir clair dans ses affaires en 1998 avec le changement à la tête de l’Etat faillite zaïrois sont ses ennemis, comme quoi, le Congolais devra vivre au bon vouloir des investisseurs occidentaux fixant autant qu’ils veulent les cours mondiaux du diamant, du cuivre, du pétrole, de l’or…. Qu’ils ne produisent pas et sur lesquels ils règnent en maîtres incontestés.

Voilà pourquoi, après s’être sérieusement investie pour l’élimination pure et simple des mutins du M23 sans aucune conséquence positive pour eux, la même Communauté internationale promet juste de garder et surveiller sérieusement les frontières rwando congolaises afin qu’aucun élément FDLR libre de mouvement dans les Kivus ne regarde de l’autre côté de la Frontière tout en y pointant le bout de son fusil. Très hilarant, les messieurs de la Communauté internationale qui avaient promis de combattre mêmement les M23 autant que les autres forces négatives.

Avouez que ces jeunes gens pourront tomber dans le piège de la logique de guerre des capitalistes occidentaux et revenir en force. Heureusement que la Monusco et l’autre force internationale dite à tort neutre et très offensive veillent au grain et peuvent rester dans le patelin pour encore plus de vingt ans. Pour y rester, il leur faut une dose d’insécurité dans la région qu’ils feront semblant de combattre. Ceci aussi rentre dans les stratégies du capital mondial pour pouvoir exploiter à fond des contrats léonins. Ne traite-t-il pas avec un gouvernement kabiliste légitimement élu ?

A ces FDLR et autres forces qui pourraient viser ces petites et disciplinées puissances régionales que sont Kigali et Kampala, « la question se réglera plus tard après que, nous, de la Communauté internationale aurons jugé de leur capacité de menace ! », ainsi devisent les grands QG newyorkais, élyséens ou bruxellois qui subissent de grosses pressions de la part de nombreux lobbies financiers très à cheval dans les concessions minières de l’Est de la RDC.