Exclusif : Entretien avec Jendayi Frazer sur l’insécurité à l’Est de la RDC

Redigé par IGIHE
Le 17 mai 2013 à 11:28

Ambassadeur Jendayi Frazer a occupé le poste de Sous Secrétaire d’Etat américaine aux affaires africaines sous l’administration Bush. Elle a accordé un entretien avec IGIHE pour montrer sa position sur la question RD congolaise et la Force Internationale Neutre envoyée dans l’est de la RDC pour traquer les mouvements armés et particulièrement le M23 Frazer a joué un rôle important dans le solutionnement des problèmes ayant surgi au Zimbabwe, au Kenya, en Somalie et ailleurs
Interview :
IGIHE : Quelle (...)

Ambassadeur Jendayi Frazer a occupé le poste de Sous Secrétaire d’Etat américaine aux affaires africaines sous l’administration Bush. Elle a accordé un entretien avec IGIHE pour montrer sa position sur la question RD congolaise et la Force Internationale Neutre envoyée dans l’est de la RDC pour traquer les mouvements armés et particulièrement le M23
Frazer a joué un rôle important dans le solutionnement des problèmes ayant surgi au Zimbabwe, au Kenya, en Somalie et ailleurs

Interview :

IGIHE : Quelle est votre position sur l’envoi d’une Force Internationale offensive dans l’Est de la RDC ?

Frazer : La Seule solution armée ne peut pas ramener la paix dans l’est de la RDC. La solution négociée est la meilleure pour une stabilité durable de la région. Il est étonnant de voir la plus grosse force des Nations Unies au Congo,la MONUSCO n’ait pas pu ramener la paix dans la région.

Même si la MONUSCO avait mission de protéger les civils, il a été observé que les pays à même de contribuer à cette recherche de la paix n’ont pas manifesté la volonté de mettre ce projet en pratique. Et puis, l’ONU n’a jamais manifesté de disposition pour bien expliquer la situation sur le terrain afin que la MONUSCO ait un cahier de charges claires pour sa mission.

Pour l’immédiat, le mandat de la Force Internationale Neutre (FIN) est clair. Les troupes tanzaniennes et sud africaines composant la FIN ont le pouvoir offensif et l’obligation de protéger les civils, missions leur conférées par la Région et l’ONU.
Par ailleurs, ces demarches ne ramèneront pas la paix dans la region. Seules les négociations et une mutuelle compréhension politiques, les programmes d’unité des Congolais et un soutien des institutions nationales y compris l’armée pour qu’elles soient à même de prester autant que le font les institutions étatiques des autres pays ; voilà les vraies stratégies de solutionnement du problème congolais.

IGIHE : Au Micro du présentateur de Al Jazeera TV, vous avez qualifié d’incomplet le rapport d’experts onusiens accusant le Rwanda de soutien effectif au M23. Exprimez-vous là-dessus.

Frazer : En lisant ce rapport, il est dit que les armes utilisées par les rebelles du M23 viennent du Rwanda. Pourtant on ne donne pas les numéros de ces dernières. Ils ne montrent que tout un amas de celles-ci. Le rapport s’empresse de dire que ces armes viennent du Rwanda. Et puis, aucune source n’est citée.

Quand vous faites un sérieux travail de recherche, vous prenez la photo de l’arme en question et son identification et origine de fabrication.

Moi je suis une professeure d’université. Je sais comme on fait une recherche rationnelle sur un terrain déterminé. Le travail des experts est par conséquent désolant.

Leur rapport émet beaucoup de recommandations, beaucoup d’accusations. Mais sa mouture est déconcertante à voir comment il a faussé les principes et procédures de recherche pour ce qui est de l’administration du questionnaire d’enquête et de l’aspect de la documentation. C’est en fait un rapport à jeter dans la poubelle.

Avant que je ne sois Sous Secrétaire d’Etat aux Affaires Etrangères, quand j’étais Conseillère Particulière du Président de 2001 à 2002, un rapport similaire a été fait. Il faisait état des personnalités publiques américaines qu’on disait qu’elles étaient dans l’Ambassade américaine à Kinshasa alors que cela, une fois vérifié, n’était pas vrai. Le démenti produit par le gouvernement américain a été facile pour confondre les auteurs de ce rapport. Et ils ont retiré cette séquence de leur rapport.

Ainsi donc, le Gouvernement rwandais n’a pas eu cette occasion pour se disculper des actes d’accusations qui sont contenus dans ce rapport pour qu’on raye du rapport les fausses accusations. Ceci montre que les équipes d’experts onusiens ont des problèmes. Je ne dis pas qu’elles sont mal intentionnées. Cependant cette équipe qui a produit le rapport sur le Rwanda n’a pas bien travaillé. Ses prestations ont été médiocres et incomplètes en termes de recherche scientifique..

IGIHE : Certains mobiles douteux se cachent-ils derrière tout ceci ?
Frazer : Je ne sais pas ce qui les a motivés. Je ne leur ai pas posé la question. Cependant quand vous commencez une mission de recherche avec des idées préconçues, vos recherches s’orientent vers la justification de vos tendances. Il m’a été dit que ces chercheurs ont payé les gens en échanges d’informations qu’ils désiraient de ces témoins. Pensez bien qu’en payant un témoin, vous achetez également sa conscience.

IGIHE : Les prestations de la direction du Rwanda au Conseil de Sécurité, comment les appréciez-vous ?

Frazer : Je ne suis plus une personnalité officielle pour suivre de près certaines pratiques. On me dit seulement qu’au cours de son mois d’avril de direction du Conseil, le Rwanda a mis sur la table des débats des questions sensibles dont celles de la Paix et de la Sécurité, des violences sexuelles et le fait qu’il lutte pour une paix durable.

Et puis, la Ministre rwandaise des Affaires Etrangères, Louise Mushikiwabo, est très appréciée ainsi que le montrent plusieurs rapports du Conseil de Sécurité.
Le Rwanda est également apprécié pour avoir tout son possible pour plaider pour l’ensemble des pays africains et d’avoir fait prévaloir les intérêts de l’Afrique dans la Communauté internationale. Il a fait des consultations entre pairs africains au niveau présidentiel et ministériel avant de prendre des résolutions au niveau du Conseil de Sécurité au cours de son séjour à la présidence de celui-ci.

IGIHE : Comment trouvez-vous le développement économique du Rwanda ?

Frazer : On s’attend à un boum économique extraordinaire. Toutes les fois que je fais le voyage pour le Rwanda, j’observe de nouveaux investisseurs étrangers très satisfaits de voir comment ils sont facilités dans leurs activités d’investissement. C’est pour cette raison qu’il faut soutenir RDB (Rwanda Development Board) pour son travail d’intéressement des investisseurs étrangers aux potentialités de profits qu’offre le Rwanda.

Au cours du Forum Mondial Economique auquel je viens de participer à Cape Town en Afrique du Sud, 4 pays dont l’Afrique du Sud, le Nigéria, le Kenya et le Rwanda ont reçu mention bien pour leur attrait et facilitation aux investissements étrangers.
Toutes les fois quand on parle des stratégies d’attraction des capitaux étrangers, on fait allusion au Rwanda. Il en est de même quand on parle d’élimination d’entrave au libre commerce.

Le Rwanda est pris pour modèle dans l’attrait des investissements internationaux, dans la transformation des outils de communication et règne de l’ICT et dans l’évolution de la capacité de l’enseignement. Il a été plusieurs fois cité au cours de ce Forum.

Propos recueillis par Fiacre Igihozo


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