FDLR et M23 : des sanctions sans suivi du Conseil de sécurité ;RDC non inquiétée

Redigé par Jovin Ndayishimiye
Le 3 janvier 2013 à 12:06

Le Conseil de Sécurité des Nations Unies vient de décréter de nouvelles et dures sanctions contre les dirigeants du M23 et ceux des FDLR ; deux mouvements armés opérant dans l’Est de la RDC.
L’un, le premier, est congolais et accusé d’être activement soutenu par le Rwanda. L’autre est rwandais, visiblement activement soutenu par le Gouvernement de la RDC depuis fin 1998 quand Feu Laurent Désiré Kabila qui venait de prendre le pouvoir grâce à ses amis rwandais vite retournés en ennemis a fait appel aux (...)

Le Conseil de Sécurité des Nations Unies vient de décréter de nouvelles et dures sanctions contre les dirigeants du M23 et ceux des FDLR ; deux mouvements armés opérant dans l’Est de la RDC.

L’un, le premier, est congolais et accusé d’être activement soutenu par le Rwanda. L’autre est rwandais, visiblement activement soutenu par le Gouvernement de la RDC depuis fin 1998 quand Feu Laurent Désiré Kabila qui venait de prendre le pouvoir grâce à ses amis rwandais vite retournés en ennemis a fait appel aux services de ces ex-militaires et Interahamwe rwandais qu’il venait de pourchasser dans la longue marche qu’il a entreprise de la frontière rwandaise à Kinshasa.

Le Soutien congolais actif aux FDLR

Le soutien actif congolais aux FDLR a été documenté dans le détail près par un récent rapport onusien qui montrait le mouvement des troupes FDLR et FARDC en opérations conjointes contre les M23 avec approvisionnement en uniformes, armes, munitions et cartes d’identité venant de la logistique des FARDC aux combattants FDLR.

Le Rapport décrit, dates à l’appui, les réunions de commandement tenues entre les autorités militaires FARDC-FDLR. (Voir notre Dossier Rapport onusien ; les Fdlr et les enjeux stratégiques dans l’Est RDC. du 21 Décembre 2012).

Sont concernés nommément par ces actuelles sanctions du Conseil de Sécurité, Jean-Marie Runiga Lugerero en tant que Chef civil du mouvement et Eric Badege « présenté comme un commandant du M23 soupçonné d’exactions contre des femmes et des enfants », rapporte France 24.

"Nous estimons que ces décisions vont faciliter des progrès vers une paix durable dans l’est de la RDC", a déclaré Mme Rice dans un communiqué. "Nous demandons aux membres du M23 et du FDLR de faire défection et de se démobiliser afin de se dissocier des groupes sanctionnés", a-t-elle ajouté.

Les diplomates siégeant au Conseil de Sécurité peuvent arrêter des sanctions et n’en faire aucun suivi. Ils décident d’anéantir un mouvement M23 qui pourrait être un tampon entre le Rwanda et les désormais 6.000 aguerris combattants FDLR bivouaquant dans l’Est de la RDC dont la plupart sont dernièrement venus des camps d’entrainement militaire discret de la Zambie ou d’Angola et d’ailleurs.

Le Conseil de Sécurité votant les sanctions contre le M23 et les FDLR

Des informations à vérifier disent que la garde prétorienne des Présidents Joseph Kabila et Sassou N’Gueso est faite essentiellement d’éléments Fdlr. Ceci signifie beaucoup pour un mouvement qui se décide de ne pas s’éteindre et d’attendre le moment opportun pour refaire son nom.

Dans l’entretemps, les instances internationales font semblant de ne pas constater la versatilité du discours politique congolais quand il s’agit des FDLR. Ainsi, des mandats d’arrêt de la CPI ont été émis contre le général Sylvestre Mudacumura et 5 de ses lieutenants en ce 14 juin 2012.

Aucune démarche n’est faite pour procéder aux arrestations de ce groupe, ce qui aurait pu être un début de la fin des hostilités. Au contraire, les autorités congolaises ont ravivé la collaboration avec les mêmes FDLR dans leurs opérations militaires contre le M23.

On pourrait ainsi se demander si les forces politico économiques intéressées par le retour d’un environnement paisible favorisant des affaires commerciales normales en toute légalité ne sont pas mises en minorité par d’autres forces qui récoltent beaucoup de profits dans une situation d’instabilité caractérisée.

Lambert Mende, Ministre de la Communication et porte-parole du Gouvernement Congolais, qui, hier pactisait avec ces Fdlr, déclare alors : "C’est une condamnation que nous attendions (...) et qui arrive à point nommé car ces groupes risquent de déstabiliser pour des décennies l’Afrique, et particulièrement la région des Grands Lacs. Je pense que c’est une très bonne décision ».

Pense-t-on que de telles sanctions le lavent-elles de son péché d’armer les FDLR pour une ultime invasion sur le Rwanda et d’effacement du régime actuel de Kigali ?

Le double langage des autorités congolaises traduit une versatilité qui va de pair avec des influences des puissances étrangères intéressées qui trouvent qu’elles peuvent utiliser ces FDLR afin de venir à bout de l’influence rwandaise positive comme modèle de développement et de gestion de la chose publique sans cesse grandissante dans la région et dans la Communauté internationale.

Le régime rwandais est vraiment un danger à écarter pour celle-ci. Pour cela, aucun effort ne sera mis pour exécuter la décision de la CPI d’arrêter les seigneurs de guerre rwandais FDLR en terre étrangère congolaise.
3500 Fdlr déposent les armes, une agissante diplomatie internationale ?

Quoiqu’on le veuille, une certaine section de la Communauté internationale veut à tout prix la fin d’une situation de guerre dans cette Est de la RDC car celle-ci ne lui permet pas de faire des affaires sérieusement lucratives. La présence de ces mouvements armés est un sérieux handicap.

Est-ce cette pression internationale qui se fait sur la direction des FDLR pour qu’elle démobilise sans le dire publiquement ses combattants ?

« Près de 3.500 rebelles des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) et leurs dépendants, sortis des forêts de Nindja, Kalonge, Bunyakiri, affluent, depuis mardi 1er janvier, vers Luhago-centre, en territoire de Kabare (Sud-Kivu), à l’est de la RDC », rapporte ARI du 2 janvier 2013

Radio Okapi du 2 janvier aussi de qui ARI-Agence Rwandaise d’Information relaie l’information rapporte qu’il n’est qu’intention de la part de ces combattants Fdlr. Elle dit ne pas connaître non plus la cause de cette massive démobilisation.

« La Monusco se dit prête à accueillir et rapatrier les candidats volontaires à partir de sa base de Walungu. Pour sa part, la 10e région militaire confirme les faits mais pense que ces rebelles rwandais fuient les zones sous contrôle des miliciens congolais du groupe Raïa Mutomboki et feraient mouvement vers le territoire de Mwenga. »

Volonté manifeste d’en finir avec l’instabilité à l’Est RDC

Certaines personnalités politiques internationales sont rationnelles dans la recherche des pistes de solutions du problème congolais. Elles veulent aller à la racine du problème tout en mettant en garde des acteurs qui veulent le résoudre de façon belliqueuse. L’ambassadrice américaine à l’ONU, Suzan Rice, est satisfaite des sanctions imposées contre les Fdlr.

Malheureusement elle ne comprend pas qu’elles ne resteront que lettre morte surtout qu’aucune pression manifeste n’est exercée sur Kinshasa dont le soutien aux FDLR est plus que manifeste.

"Depuis des années, le FDLR commet des atrocités contre les civils et demeure une menace pour la stabilité des Nord et Sud Kivus", a affirmé Mme Rice. "La décision d’aujourd’hui contre le FDLR est un pas essentiel vers la fin de l’impunité et la paix".

Elle incarne la quantité de souffrance des Congolais

Une lecture noire de la situation de l’Est de la RDC

Dans tous les cas, il ne se voit à l’horizon congolais aucun signe de rétablissement durable de la paix en RDC. Le discours du président congolais sur l’état de la nation est très chargé négativement. Il s’élève contre ces irréductibles rwandophones et demande une ligue de tous les Congolais y compris ceux de l’opposition pour repousser dehors un ennemi qui complote pour la partition de la RDC :

« Pendant que, toute son énergie consacrée à la reconstruction du pays, le peuple congolais reprenait espoir, des compatriotes se sont laissés entraîner dans des actions de déstabilisation aux conséquences incalculables.

Complotant contre la mère patrie, ils se sont faits complices de ceux qui ne veulent pas voir advenir une République Démocratique du Congo unie, stable et prospère… », a-t-il déclaré devant un parterre de dignitaires aux sentiments xénophobes surchauffés.

La suite est prévisible. La tribu congolaise rwandophone sera prise pour une paria à pourchasser jusqu’où elle est venue, le Rwanda. Et le cycle de violence ne fera que s’embraser davantage.

Cette tribu acceptera-t-elle de baisser les bras et rendre l’arme et accepter son état de demi nationalité ou alors, se sentant sérieusement menacée et blessée dans sa profonde conscience de groupe ethnique, elle prendra le long chemin de la guerilla autant que Laurent Désiré Kabila l’a fait aux tout débuts des années 60 ?


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