France : les abattoirs engagent le bras de fer sur le prix du porc

Redigé par rfi
Le 12 août 2015 à 04:33

La crise du porc se poursuit en France. Les deux plus grands industriels du porc ont décidé de boycotter le principal marché du porc, dans l’ouest de la France, au motif que le prix est désormais trop élevé en France.
Les deux géants de l’abattage porcin en France, Cooperl et Bigard, ont déserté le marché au cadran breton, le principal marché du porc, à Plérin. Ils estiment que l’augmentation du prix du porc consentie aux éleveurs en juin dernier n’est pas supportable pour les abattoirs : à 1,40 euro le (...)

La crise du porc se poursuit en France. Les deux plus grands industriels du porc ont décidé de boycotter le principal marché du porc, dans l’ouest de la France, au motif que le prix est désormais trop élevé en France.

Les deux géants de l’abattage porcin en France, Cooperl et Bigard, ont déserté le marché au cadran breton, le principal marché du porc, à Plérin. Ils estiment que l’augmentation du prix du porc consentie aux éleveurs en juin dernier n’est pas supportable pour les abattoirs : à 1,40 euro le kilo, le porc français est désormais le plus cher d’Europe.

Les abattoirs français ne sont plus compétitifs auprès des industriels nationaux de la charcuterie qui se tournent vers le porc allemand ou espagnol, qu’ils disent meilleur, mais qui est surtout beaucoup moins cher. D’autant, ajoutent-ils, que la grande distribution ne joue pas le jeu et continue la guerre des prix, quand elle ne dispose pas de ses propres abattoirs.

Les 25 centimes de différence entre le porc français et le porc allemand sont d’autant moins soutenables qu’il y a déjà trop de porc sur le marché communautaire depuis que la Russie a fermé ses frontières à la viande européenne. Les deux entreprises frondeuses abattent près de la moitié du porc français, elles ont donc la possibilité de paralyser toute la filière française. Les éleveurs porcins ont dénoncé ce qu’ils estiment être un chantage de la part des abattoirs.

« Il faut qu’ils comprennent que nous ne pouvons pas accepter les prix plus bas que ceux que nous avons aujourd’hui. J’ai espoir qu’ils reviennent à la table des négociations et aux achats, confie Jeff Trébaol, vice-président de la Fédération nationale porcine. A moins qu’ils aient un approvisionnement direct suffisant, mais j’en doute fort. Ils n’iraient pas acheter des porcs vivants en Espagne ou en Allemagne. Les trajets sont beaucoup trop longs et trop onéreux. Donc ils sont obligés de venir s’approvisionner au marché au cadran, en Bretagne. »

Du côté du gouvernement, l’heure est à la mobilisation pour tenter d’enrayer une nouvelle guerre du prix du porc. La contre-attaque a été concertée. « Nous sommes très mobilisés et nous suivons la situation des éleveurs qui n’ont pas pu hier vendre leur porc. Le ministre Stéphane Le Foll avec qui j’ai échangé ce matin est en contact permanent avec les professionnels et il aura donc l’occasion de s’exprimer », a assuré le Premier ministre Manuel Valls lors d’un déplacement dans le Gard.

Une demi-heure plus tard, lors d’une conférence de presse, le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll a martelé que les cotations du porc interrompues en Bretagne devaient reprendre ce jeudi. « Le prix qui avait été anticipé est le fruit d’un engagement commun et collectif. Ceux qui ont quitté le marché de Plérin hier n’avaient pas sollicité ni le ministère ni les autres acteurs pour proposer d’autres solutions. Chacun doit être mis maintenant devant ses responsabilités », a déclaré Stéphane Le Foll.


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