Les investissements français au Maroc doivent désormais s’accommoder de l’ouverture du royaume à l’économie, et donc à la concurrence internationale. Mais aussi tenir compte de l’affairisme du roi Mohamed VI.

Des ouvriers marocains sur un site de construction du TGV sur le site de Kenitra, dans le nord du Maroc - AFP Des ouvriers marocains sur un site de construction du TGV sur le site de Kenitra, dans le nord du Maroc - AFP
La visite d’Etat qu’effectue François Hollande au Maroc [le 3 et 4 avril], souhaitée par le Palais dès l’accession du socialiste à l’Elysée en mai 2012, est avant tout symbolique.
Les dossiers économiques ont déjà fait l’objet d’une grande messe franco-marocaine en décembre dernier, en présence du Premier ministre français Jean-Marc Ayrault.
Pour Rabat, inquiet d’un possible réchauffement des relations franco-algériennes, cette visite présidentielle au Maroc était perçue comme nécessaire suite au voyage du président français à Alger en décembre dernier.
Le Maroc, atelier de l’Hexagone
Les échanges commerciaux entre la France et le Maroc ont atteint 8 milliards d’euros en 2012 et sont plus beaucoup plus diversifiés qu’avec le voisin algérien.
Au-delà des échanges agricoles (blé français contre agrumes et primeurs marocains) et l’envoi de machines, la France fournit au royaume du matériel de transport, du textile et des produits électriques et informatiques, qui, une fois transformés localement, constituent en retour les principales exportations marocaines vers la France.
Selon les données de l’Office des Changes, Paris est le partenaire commercial qui utilise le plus ces "réexportations", qui constituaient en 2010 près de 70% du total des exportations marocaines.

Echanges commerciaux entre la France et les deux voisins maghrébins (chiffres 2012)
Source : DG Trésor français
Présence privilégiée depuis le Protectorat
Mais la relation économique France-Maroc ne se limite pas aux échanges bilatéraux, loin de là.
Grâce à une indépendance "négociée" et à la qualité des réseaux tissés depuis avec le Palais et la bourgeoisie marocaine, la France est restée jusqu’à aujourd’hui un acteur majeur de l’économie du royaume.
Plus d’un millier d’entreprises françaises sont installées ici. Les multinationales du CAC40 sont présentes en masse dans les secteurs régulés et non-productifs (télécommunications, banques, assurance, transport, énergie, tourisme, etc.).
Elles bénéficient de marges très confortables (Lafarge) et constituent même parfois de véritables vaches à lait (Maroc Télécom) dont les bénéfices sont plus souvent rapatriés dans l’Hexagone que réinvestis sur place.
Aujourd’hui, le chiffre d’affaires des 20 premières sociétés marocaines à capitaux français représente plus de 10% du PIB du royaume !

Top 20 des sociétés marocaines à capitaux françaisSources : comptes annuels
Il serait faux cependant de croire que rien n’a changé ces dernières années. Car si officiellement les relations économiques France-Maroc restent exceptionnelles, elles ont dû faire face à deux événements majeurs depuis la fin des années 90 : l’ouverture progressive de l’économie marocaine, et donc son exposition à la concurrence internationale, mais aussi l’affairisme effréné du nouveau souverain, qui s’est mis lui aussi à pressurer les secteurs les plus juteux de l’économie nationale.
Relations tendues avec le Palais
Le cas d’Auchan est à ce niveau assez révélateur. Le groupe français de distribution avait signé un accord en 2000 avec l’ONA pour s’implanter au Maroc en créant la chaîne de supermarchés Acima et en développant le réseau d’hypermarchés Marjane.
La stratégie du patron de l’ONA à l’époque, Mourad Chérif, était de confier la gestion des sociétés contrôlées par la holding royale à des opérateurs étrangers expérimentés.
Très vite, la direction d’Auchan a pourtant été confrontée aux "humeurs" du duo Majidi-Bouhemou, qui entendait imposer ses propres règles pour faire remonter "au patron" un maximum de cash.
C’est ainsi qu’Auchan s’est retrouvé obligé de placer en tête de gondole de ses supermarchés uniquement les produits issus des autres filiales de l’ONA.
Puis, en 2006, la holding royale a décidé unilatéralement d’augmenter le nombre de ses administrateurs au sein des filiales communes.
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