FRANCE • A Montréal, Sarko se réjouit des déboires de Hollande

Redigé par Del Spiegel
Le 4 mai 2013 à 01:31

Pendant que le président se débat face à la crise, son prédécesseur l’attaque depuis le Québec. La politique n’est pas bonne pour la santé. Pour s’en convaincre, il suffit de voir Nicolas Sarkozy, qui l’a quittée depuis un an. Le 25 avril dernier, à midi, on l’a vu, bronzé, débordant d’énergie, entrer d’un pas vif et le sourire aux lèvres dans la salle 710 du Centre de conférences de Montréal, au Québec. Rien à voir avec le Sarkozy, grisâtre et épuisé, qui avait perdu la présidentielle il y a un an. (...)

Pendant que le président se débat face à la crise, son prédécesseur l’attaque depuis le Québec.
La politique n’est pas bonne pour la santé. Pour s’en convaincre, il suffit de voir Nicolas Sarkozy, qui l’a quittée depuis un an. Le 25 avril dernier, à midi, on l’a vu, bronzé, débordant d’énergie, entrer d’un pas vif et le sourire aux lèvres dans la salle 710 du Centre de conférences de Montréal, au Québec. Rien à voir avec le Sarkozy, grisâtre et épuisé, qui avait perdu la présidentielle il y a un an.

Dessin de Clou, Belgique.

On est longtemps resté sans nouvelles de lui dans la sphère publique. Après sa défaite face à François Hollande, il s’était fait discret, n’accordait pas d’interviews, ne tenait plus de discours. Son intervention à Montréal n’a rien de public. Le service de sécurité a interdit l’accès aux journalistes et aux photographes. L’assistance – près de 800 personnes – aurait payé entre 170 et 600 euros pour entendre Sarkozy à l’occasion d’une série de conférences organisées par une compagnie de téléphonie canadienne. Le public se compose d’hommes d’affaires canadiens et de quelques fans dispersés de l’ancien président. A l’américaine, il est annoncé comme le “vingt-troisième président de la République française”. “Je vais m’efforcer d’éviter deux choses, déclare-t-il après être monté à la tribune au milieu d’un concert d’applaudissements. Me mêler de politique canadienne, et faire de la politique française.” Puis, après une longue pause étudiée, il ajoute avec un large sourire : “Ce n’est pas que je n’en aie pas envie.”

Hollande au plus bas

Quelques minutes avant qu’il ne vienne au micro, une dépêche d’agence est tombée : le mois précédent, le chômage a atteint le chiffre record de 3,22 millions en France. Et pendant que l’ancien président Sarkozy est reçu comme un homme d’Etat au Québec, à 5 400 kilomètres de là, à Paris, les choses vont plutôt mal pour son successeur François Hollande. L’économie s’engage sur la voie de la récession. La gauche reproche à Hollande de ne pas être assez à gauche. Dans le même temps, la droite manifeste sans faiblir contre son projet de loi le plus important, celui sur le mariage homosexuel. Celui-ci a suscité l’émergence d’une sorte de Tea Party français, qui joint l’homophobie – même chez les jeunes citoyens – et le sentiment que la gauche au pouvoir est illégitime.

On a l’impression que tout échappe à Hollande. Récemment, un institut de sondage a révélé qu’il ne rassemblait plus que 21 % de satisfaits, ce qui fait de lui le président le moins populaire de la Ve République. Une autre enquête affirme que s’il se représentait contre Hollande, Sarkozy l’emporterait. Donc, rien d’étonnant que ce dernier ait l’air ravi. “Oui, il y a une vie après la politique, lance-t-il à son auditoire. Très honnêtement, je vais bien. Et quand je vois ceux qui m’ont succédé, je vais encore mieux.”

Sans le nommer

Toute l’intervention de Sarkozy est un commentaire sur son successeur, qu’il s’abstient toutefois de nommer. Il commence par s’épancher sur la belle image qu’ont donnée Barack Obama et George W. Bush quand ils se sont rencontrés à la Maison-Blanche. Ce qui n’est rien d’autre qu’une critique adressée à Hollande qui, lors de la passation de pouvoirs à l’Elysée, ne l’a même pas accompagné jusqu’à la voiture. Puis il embraie sur la question du comportement à adopter avec la Chine, et sur le fait qu’il faut évidemment réduire les dépenses publiques. Mais beaucoup de choses restent tues : comme l’enquête dont Sarkozy fait l’objet de la part de la justice, au sujet de ses liens pour un éventuel financement illégal de sa campagne. Et il n’aborde absolument pas la question qui est sur toutes les lèvres : compte-t-il se représenter à la présidentielle de 2017 ? Pour l’heure, les conservateurs, divisés, n’ont pas de meilleur candidat. “Ce que j’aime, ce n’est pas la politique, concède-t-il. Je me suis souvent ennuyé dans ces réunions interminables où l’on ne décide rien. Ce que j’aime, c’est l’action. »Il a encore le temps.
Mathieu von Rohr


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