Un commerçant rwandais Geoffrey Bizimana exerçant dans la ville de Mbarara (Ouest de l’Ouganda) s’est confié au journal Great Lakes Watch disant qu’ "aucun passager rwandais visitant ses parentés ou voyageant pour des fins de commerce ou de tourisme ne se sent sécurisé sur le sol ugandais".

Bizimana trouve que les actes d’intimidation, de torture exercés par les agents du Service militaire de renseignement Ugandais (CMI) sur les citoyens rwandais résidant ou en voyage en Uganda n’ont pas cessé depuis la rencontre des deux chefs d’Etat.

De Gauche à Droite, Jessica Muhongerwa, Vanessa Agasaro, Fred Turatsinze, Dinah Kamikazi et Hubert Munyangaju arrêtés, torturés et refoulés à la frontière rwandaise de Gatuna

Selon lui, la situation a empiré au contraire depuis que le Rwanda s’est plaint de l’implantation du groupe terroriste armé RNC/Rwanda National Congress du Gén. Kayumba Nyamwasa menaçant la sécurité du territoire rwandais et sa collaboration rapprochée avec le CMI.

De ces agents du CMI collaborant de très près avec le RNC, il est actuellement cité le nom d’un col CK Asiimwe commandant l’unité antiterroriste et de Maj Mushambo du CMI en poste à Mbarara. Ces deux derniers interviennent pour arrestation quand les agents de RNC leur disent le lieu où se trouvent des Rwandais indésirables sur le sol ugandais.

Des analystes n’hésitent pas à avancer que de telles opérations sont commanditées par le Palais présidentiel de Museveni qui fait que les lois réglementant une arrestation sont contournées pour torturer un Civil Rwandais arrêté dans ces circonstances et immédiatement dirigé dans la prison militaire de Mbuya.

"CMI arrête tout Rwandais suspecté par RNC de collaboration rapprochée avec le Gouvernement rwandais quand bien même ce soupçon n’est basé sur aucun fait tangible", a confié un observateur de la scène ugandaise connaissant le modus opérandi des services de CMI et d’ISO (Uganda Internal Security Organisation).

La liste des citoyens rwandais torturés avant d’être refoulés à la frontière est longue. Tel est le cas d’Emmanuel Cyemayire, commerçant à Mbarara qui, le 5 janvier 2018, a été jeté à la frontière de Gatuna ne tenant pas sur ses deux jambes. C’est aussi le cas de deux femmes Jessica Muhongerwa et Vanessa Gasaro torturées dans la Prison militaire de Mbuya avant d’être refoulées à la frontière avec le Rwanda de Gatuna, à plus de 500 Km de Kampala.

Ce 23 juillet 2018, un certain Rwanyonga Sudi faisant la navette Kigali-Kampala en qualité de conducteur de Bus Trinity assurant la liaison Kigali - Kampala, a été menacé d’arrestation par les agents de CMI en poste à Gatuna. Il a pris les jambes à son cou laissant au poste frontière le bus qui a été récupéré par un autre chauffeur. Un autre chauffeur de la même compagnie de transport, Smith Oswald Ndabarasa, résidant à Kampala, n’a pas échappé à cette arrestation.

La situation est critique entre les deux pays surtout qu’ouvertement, les officiels ugandais font tout pour favoriser une rébellion rwandaise du RNC. Aussi, la justice ugandaise vient-elle de libérer les 46 rwandais arrêtés au début de cette année à la frontière ugando tanzanienne de Kikagati tentant de rejoindre le camp d’entraînement de Minembwe sur les hauts plateaux congolais du Sud Kivu.

Cette récente arrestation du chauffaeur de la compagnie de transport rwandaise de Trinity vient éveiller des sentiments d’insécurité chez les passagers rwandais. Le geste en soi est perçu comme une volonté ugandaise de décourager la libre circulation des personne et des biens entre les deux pays membres de la EAC.

La menace est prise au sérieux par les voyageurs qui sont déçus par le fait que les intérêts politiques de domination et d’influence ugandaise sur la région prennent le dessus sur le commerce paisible de simples citoyens des deux pays.