Inyumba Aloysia ; une fine négociatrice et patriote, Témoignage d’un Rwandais du Canada

Redigé par Réarrangement et Traduction du Kinyarwanda par Jovin Ndayishimiye
Le 16 décembre 2012 à 07:29

La mort de l’ancienne Ministre de la Promotion féminine est une grande perte particulièrement pour une diaspora politique rwandaise qui comprend qu’adopter une opposition frontale contre le régime de Kigali est une façon de le dictatorialiser davantage. D’après Kayijamahe Tite de la diaspora rwandaise du Canada, intervenant sur DHR de ce 16 décembre, la personnalité de cette femme politique était très efficace dans l’art de persuader les jeunes gens de la diaspora rwandaise à revenir au pays et (...)

La mort de l’ancienne Ministre de la Promotion féminine est une grande perte particulièrement pour une diaspora politique rwandaise qui comprend qu’adopter une opposition frontale contre le régime de Kigali est une façon de le dictatorialiser davantage. D’après Kayijamahe Tite de la diaspora rwandaise du Canada, intervenant sur DHR de ce 16 décembre, la personnalité de cette femme politique était très efficace dans l’art de persuader les jeunes gens de la diaspora rwandaise à revenir au pays et contribuer à sa reconstruction.

En hommage à cette illustre disparue, Tite Kayijamahe renconte l’entretien que lui et son camarade Me Evode Uwizeyimana ont eu avec feue la ministre en présence de l’Ambassadrice du Rwanda au Canada, Edda Mukabagwiza :

« Je crois être parmi les dernières personnes à avoir eu un entretien avec la ministre Inyuma quand elle est venue pour une visite de travail au Canada. Et même, par la suite, beaucoup de netters ont suivi un long débat houleux au sein du RDI (Rwanda Dream Initiative,Parti politique fondé par l’ancien Premier Ministre Faustin Twagiramungu, ndlr) que notre rencontre avec la décédée. Cela nous a valu même de quitter les rangs de ce parti, Moi et mon ami Evode Nizeyimana », écrit Kayijamahe sur le Forum DHR. Il ajoute que :

Un Entretien franc

« L’entretien s’est bien déroulé entre nous et elle, avec l’Ambassadrice Edda Mukabagwiza comme modératrice. Il était caractérisé par un respect mutuel. J’ai commencé le débat en lui posant des questions. Elle a pris tout son temps pour y répondre ».

Au nombre des questions lui posées, il y avait celle de savoir pourquoi le régime cible des individus au rapatriement volontaire au lieu d’approcher les partis ou des associations de la Société Civile luttant pour les intérêts des réfugiés.

Pour une opposition politique constructive et purement nationale

Sa réponse a été que la Constitution rwandaise permet aux partis d’opérer au Rwanda, qu’elle souhaitait la bienvenue aux partis désireux de mener leurs activités politiques dans le pays. Elle a dit qu’aucun parti politique n’est autorisé de travailler de l’extérieur d’un pays donné.

C’est pourquoi j’estime, a-t-elle dit, que rencontrer de telles gens n’a pas de sens. Nous avons besoin de jeunes comme vous, a-t-elle dit s’adressant à nous, surtout vous qui avez assez étudié pour venir aider à la reconstruction du pays et à changer des choses par le biais des conseils montrant comment ces changements peuvent être opérés. Vous qui avez assez voyagé et avoir appris beaucoup de vos voyages, a-t-elle ajouté.

« Je lui ai posé la question de savoir comment ces partis peuvent rapatrier leurs activités et structures politiques du moment que ceux qui l’ont essayé ont été emprisonnés comme les Ingabire (Umuhoza Victoire des FDU-Inkingi/Forces Démocratiques unifiées) et les Ntaganda (Me Bernard du PSI/Parti Social Imberakuri) ou les Mushayidi (Déo ; du PDP/Pacte Démocratique du Peuple) ou les Niyitegeka (Docteur, candidat malheureux à la Présidentielle de 2003) ou même les journalistes Uwimana et Saïdat Mukakibibi (toutes deux du journal Umurabyo) », raconte Tite.

Non aux forces politiques desaxées des réalités nationales actuelles

Dans sa réponse à la question, Inyumba a dit qu’Ingabire a été victime de ne pas avoir su comment les blessures du génocide n’étaient pas encore cicatrisées au Rwanda avec son discours révisionniste.

Mushayidi a écrit des communiqués (sur le net) déclarant qu’il a une armée basée à Kinihira (dans l’ancienne préfécture Byumba, Nord du pays). Il disait que cette partie du territoire rwandais était entièrement contrôlée par son armée.

Ntaganda, a-t-elle dit, a adopté un langage disant acceptez de partager avec nous sinon nous cassons tout.

Tout parti politique qui viendra violant toute légalité des structures sociales ne sera jamais agréé.

Evode lui a exposé les problèmes qu’il a vécus, alors qu’il était juriste au Rwanda avant de s’exiler in extremis.
Inyumba lui a répondu qu’elle aussi croit qu’il y a des personnalités au sein du système FPR qui, nanties des pouvoirs que leur donne leur position administrative, violent les droits des citoyens. Mais, elle a ajouté que quand cela est aussitôt su par le Président Kagame, il les renvoie au chômage.

« Elle nous a donné les exemples des Gahima (Gérard, ex-Procureur Général de la République) qui, renvoyés, se sont précipités à la formation des partis de l’opposition », dit Tite.

Une capacité de persuasion éloquente

Tite rapporte que l’entretien a duré presque trois heures. La femme politique leur a confié que c’était la première fois qu’elle s’entretenait avec des jeunes gens sur des questions d’intérêt national sans complexe ni gêne. Il les a ardemment priés de venir au Rwanda participer au 10ème dialogue National Umushyikirano pour « continuer ce débat et le partager avec d’autres dirigeants du pays ».
Votre sécurité sera garantie sans problème, a-t-elle assuré ses interlocuteurs.

Apparemment le débat était franc car des questions généralement passées sous silence ont été débattues dont celle de savoir pourquoi la ministre ciblait seulement les deux individus ; « comment sera résolue la question d’autres réfugiés politiques ? »

La ministre a catégorisé les réfugiés rwandais et les circonstances d’exil. Elle a dit qu’il y a parmi les réfugiés ceux qui se sont exilés après avoir commis le génocide. Il y a ceux qui ont la nostalgie du pouvoir. D’autres ont eu des problèmes avec les dirigeants du pays et ils se sont réfugiés.

« Il y a aussi vous les jeunes gens qui êtes des otages de toutes ces catégories ci haut citées. C’est vous l’espoir du Rwanda de demain. Aucun crime de génocide ne pèse sur vous ; vous êtes des intellectuels. Pourquoi ne venez-vous pas reconstruire avec nous le Rwanda », nous a-t-elle demandé ; raconte Tite Kayijamahe apparemment ébloui par la franchise et la capacité de conviction de la Dame.

Le FPR est tout sauf ségrégationniste

Les deux jeunes gens veulent l’acculer à fond avec la question de savoir pourquoi le cumul de pouvoir et richesses concentrés dans les mains des Rwandais venus d’Ouganda.

La réponse leur donnée est très simple et logique pour elle : « La cause c’est que la lutte pour la libération du Rwanda est venue d’Ouganda ».

Mais les deux jeunes gens ne se sont pas avoués vaincus. Pour eux, 18 ans après, « Pourquoi le pouvoir n’est pas partagé avec l’opposition, alors que si cela était fait, le phénomène réfugié serait éradiqué ? »

La Ministre a avoué qu’il y a beaucoup de choses à corriger au sein du parti FPR mais que ce qu’il n’a pas du tout dans sa vision c’est la politique de la ségrégation.


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