Par Elvis Nibomari
Une délégation, sous l’égide des Nations Unies, composée des membres de la police de diverses nationalités chargés de prévenir ou lutter conte la violence liée au genre, a approuvé ce mardi le travail fait par "Isange One Stop Centre".
Ce centre, géré par la Police Nationale, assure le traitement et l’écoute des victimes des violences faites aux femmes surtout.
Lors de la visite, au moins trois victimes étaient assises sur le banc de l’unique centre du pays et dans la région, dont une mère avec un bébé dans le dos.
La mère qui affirme avoir été battue par son mari avait un œil droit enflé et tout rouge. Elle ressemblait à un boxeur qui a encaissé de sérieux coups de poing dans le visage. Très silencieuse malgré le brouhaha des visiteurs, elle ne voit qu’avec son œil gauche.
A ses côtés, une autre jeune femme est venue pour plaider la cause de sa fille « grièvement » frappée par une voisine.
Ces femmes sont parmi les rares personnes qui osent porter publiquement plainte à la police.
Le plus difficile semble pourtant faire ce premier pas qui est de venir au centre, car les soignants assurent bien leur service.
« Ici nous sommes bien accueillis », affirme Ornella Umwizerwa victime d’un viol de la part de son petit ami. « J’ai failli me suicider, je m’étais seulement donne une semaine pour en finir avec ma vie, mais ils m’ont redonné confiance », dit-elle.
Umwizerwa, 17 ans, est parmi les quelques 200 personnes environ, qui osent porter plainte à la police chaque mois, et ainsi acheminées vers le centre.
Depuis son inauguration en 2010, le centre accueille 24heures sur 24 des victimes et permet à ses patients, en majorité les femmes (96%), de s’ouvrir à des psychologues, de subir des traitements médicaux physiques et de procéder aux poursuites judicaires des présumés bourreaux.
En matière de suivi des victimes, « ce centre est une modèle unique et fascinant », concède Randriambelo Ny Aina, Commissaire malgache de Police, qui approuve l’engagement du gouvernement rwandais dans la lutte contre les violences liées au genre.
Toutefois, malgré cette volonté politique, le mal persiste.
« C’est une tradition, nous-mêmes, en tant que mères, semblons perpétuer le silence autour de ces violences. Nous semblons les accepter », renchérit Randriambelo.
Particulièrement au Rwanda, l’engagement politique se traduit par un engagement sans précédent de la police qui, depuis 2005, a crée un département du genre dit Gender desk.
Selon la délégation onusienne, la lutte contre ces violences passe inexorablement par l’éducation renforcée des femmes et surtout une sensibilisation tous azimuts.
Les hommes, dont les victimes au Rwanda sont pour le plus souvent les cas des mineurs sodomisés par les adultes, constituent une maigre proportion de 4 % des patients du centre Isange, selon le Dr. Daniel Nyamwasa, un officier de police qui gère le centre à temps plein.
Parmi les violences liées au genre au Rwanda, le plus souvent ce sont les cas des violences domestiques et plus particulièrement liées au viol, aux relations sexuelles forcées et aux bagarres.
Le projet Isange Stop Centre, qui est un succès dans la lutte et la prévention des violences liée au genre, revêt l’ombre d’un grand besoin hors de la capitale Kigali.
Vus les moyens mobilisés (médecins, psychologues, bâtiments, etc.) pour l’implantation d’un seul centre, c’est clair que cette lutte est plus qu’une simple affaire de volonté politique. C’est aussi une affaire de moyens.

Le docteur Daniel Nyamwasa et son adjoint (en tenue de police) dans une série de question réponse avec la délégation onusienne au centre Isange à l’Hôpital de Kacyiru.

Pour Randriambelo du Madagascar, les violences liées au genre sont, en partie, dues à la réticence des femmes de dénoncer les abus.
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