Je suis Rwandais (Ndi-Umuyarwanda), pour une conscience nationale rwandaise.

Redigé par IGIHE
Le 15 mars 2016 à 11:54

A l’occasion du Colloque organisé par l’Ambassade du Rwanda en France, les 5 et 6 mars 2016, nous apportons notre contribution au débat sur le l’éclairage du concept Ndi Umunyarwanda, que nous entendons par une prise de conscience de l’unité nationale et de l’égalité des citoyens devant la loi. Le projet avait été lancé par le Président Paul Kagame en 2013. Ndi umunyarwanda est avant tout une conscience de l’unité rwandaise en remplacement de la société tri-ethnique qui a prévalu pendant 63 ans avant 1994. (...)

A l’occasion du Colloque organisé par l’Ambassade du Rwanda en France, les 5 et 6 mars 2016, nous apportons notre contribution au débat sur le l’éclairage du concept Ndi Umunyarwanda, que nous entendons par une prise de conscience de l’unité nationale et de l’égalité des citoyens devant la loi. Le projet avait été lancé par le Président Paul Kagame en 2013. Ndi umunyarwanda est avant tout une conscience de l’unité rwandaise en remplacement de la société tri-ethnique qui a prévalu pendant 63 ans avant 1994. La suppression de la mention ethnique dans les cartes d’identité en est la réalisation.

Ndi Umunyarwanda doit être une culture du rassemblement et non d’exclusion. Nous devons empêcher la dérivation du mouvement vers les formes de xénophobies, de nationalisme et de divisionnisme. Il n’existe pas de bon ou de mauvais munyarwanda, tout comme les étrangers résidants au Rwanda sont protégés par la loi.

Ndi-Umunyarwanda s’adresse à tous les Rwandais dans le seul objectif pédagogique de cultiver les valeurs traditionnelles positives et prévenir le mal, en ayant le génocide des Tutsi de 1994 en mémoire et la constitution de la République.

Ndi Umunyarwanda est en réalité une méthode d’apprentissage de la culture du respect formel de la loi. Car seule la loi demeure le repère de la justice. Les Rwandais étant donc égaux devant la loi.

Ndi Umunyarwanda n’est pas une voie de la réconciliation, mais son aboutissement. Parmi les méthodes de la réconciliation, il y a soit l’exercice de la justice et la sanction, soit l’exercice du pardon et l’amnistie générale. Au Rwanda, nous avons opté pour la voie judiciaire. L’exercice d’une justice équitable fonde le socle ndi-umunyarwanda.

Dans le cadre de la réconciliation, la théorie ndi-umunyarwanda peut faire appel au pardon et s’appliquer aux relations entre les rescapés de génocide et les responsables ayant purgé entièrement leur peine. Toutefois, dans le cadre d’un projet d’amnistie générale, la notion de pardon peut être requise. On parlerait de Vérité et Réconciliation.

Ndi Umunyarwanda évoque indubitablement l’obligation de distinguer le citoyen d’un étranger, pas dans le sens de l’exclure mais dans le sens d’accroitre l’autoprotection et la méfiance stratégique et enrichir la souveraineté et la dignité rwandaise : la confiance en son peuple et la méfiance des offres de la communauté internationale.

Ndi Umunyarwanda doit soulever la question des responsabilités coloniales dans la division du peuple rwandais. Pourquoi pas intenter des procès contre La Belgique pour avoir introduit la carte d’identité ethnique et l’opposition des Rwandais dont la conséquence frappante fut le génocide.

Ndi Umuyarwanda doit permettre de condamner tous les usages fréquents dans les média et des rapports internationaux des références ethniques, en parlant des citoyens ou du pouvoir, alors que ces ethnies ne sont pas objectivement déterminées au Rwanda.

Ndi Umunyarwanda est donc un refus de tout ce qui a toujours étendu le sens des mots (adjectifs dis-qualificatifs) préexistant dans la langue kinyarwanda de umututsi, umuhutu, umutwa, pour nommer de personnes fortunées, disciplinées, arrogantes, rancunières, roturières, naïves, esclaves, frustrées, inféodées, révoltées, réfugiés, cafards, méprisées, etc. En quelque sorte, le ndi-umunyarwanda aurait dû suivre immédiatement l’abolition de la féodalité en 1954 pour nommer les Rwandais autrement. La lutte contre l’injustice sociale et le colonialisme n’a pas privilégié l’esprit munyarwanda.

Ndi Umunyarwanda est à la fois une fierté de s’identifier Rwandais à l’étranger et une porte d’entrée de retour des réfugiés qui sont injustement appelés réfugiés hutu ou réfugiés tutsi, alors qu’ils ne disposent d’aucun territoire d’origine hutu ou tutsi pour les accueillir. La conscience du réfugié d’être rwandais est ainsi le premier pas vers sa participation démocratique dans la société rwandaise. Ceci se traduisant par la demande ou l’acceptation d’un passeport rwandais et l’intégration dans la diaspora.

Ndi Umunyarwanda permet aussi de purifier le peuple rwandais et d’identifier comme unique responsable du génocide des Tutsi, les Interahamwe et le MRND. Ce groupe ayant refusé de participer dans les forums qui mettaient ensemble le FPR et les autres partis politiques en 1992, lorsqu’on se mettait d’accord sur la relation de fraternité Abavandimwe (notion précurseur de ndi umunyarwanda) entre Hutu et Tutsi, doit assumer ainsi la responsabilité du génocide. On n’attribuera jamais le génocide aux Hutu, groupe d’ailleurs inexistant, mais aux interahamwe, groupe réel, identifiable historiquement et politiquement.

Ndi Umunyarwanda est ainsi un moyen de confirmer, pour tous et tous les temps, la nécessité d’une mémoire nationale collective du génocide des Tutsi de 1994 au Rwanda, et un respect indiscutable à toutes les victimes innocentes, martyrs de la guerre de libération et des opérations de destruction des camps de déplacés et de réfugiés.

Ndi Umunyarwanda est enfin un tempo pour une redéfinition de l’identité rwandaise ôtée des préjugés brutaux et globalisants fondés sur des idéologies, pour un peuple enraciné dans les terroirs traditionnels du Rwanda dont la fierté motive chaque citoyen à contribuer au développement local et national.

Pour authentifier la démarche Ndi Umunyarwanda comme projet du gouvernement rwandais, la référence primordiale serait de consulter le discours du Président de la République, HE Paul Kagame, du 6 Novembre 2015, devant l’Unity Club : une prise de conscience générale qui reconnaît à tous les Rwandais la responsabilité partagée en ce qui constitue l’histoire et l’espoir de la Nation Rwandaise.

Avec africatime.com


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