Kagame aux USA apprécie la dette chinoise et appel à un partenariat Afrique-Occident efficace

Redigé par Jovin Ndayishimiye
Le 5 mai 2019 à 04:43

Ce 30 Avril 2019, alors que le Président Paul Kagame participe au forum américain Milken Global Conference sur les stratégies de gestion et solutionnement des défis auxquels font face les pays de la Communauté internationale, il est intervenu sur la question du surendettement de l’Afrique par la Chine.

« Ceux-là qui avancent que les pays africains sont surendettés par la Chine montrent une compassion enjouée. On dirait qu’ils sont plus touchés que les concernés », a-t-il dit à cette Milken Global Conference modérée par le journaliste Nicholas Kristof de The New York Times.

La piqûre doit avoir été appréciée par des personnalités de la société civile américaines qui participaient à ce forum dont l’ancien congressiste Joe Harman, Directeur de l’Institut Wilson Center, de l’ancien Commissaire près l’Union Européenne, Lord Mandelson et de Michael Pillsbury, auteur d’un ‘The Hundred Years Marathon’, livre décrivant une compétition économique acharnée entre l’Amérique et la Chine au cours de ce 20ème siècle écoulé.

Le Président Paul Kagame a construit une intervention montrant que la Chine, avec sa politique de la coopération internationale, sait répondre aux attentes des attentes et prendre en compte les intérêts des Etats africains.

« La Chine n’a pas seulement octroyé des aides et emprunts à l’Afrique, elle a en plus accompagné en toute compréhension ces Etats dans le processus de remboursement. Par contre, il faut se dire si les fonds déboursés par cette Chine ont servi à l’objet de la demande », a dit Kagame passant sous silence le fait que l’aide et l’emprunt chinois, plus de 132 milliards de dollars en ces derniers 21 ans, ne s’assortissent pas, comme le fait l’Occident, de conditions parfois rendant difficiles leur gestion et donc leur remboursement par les Etats Africains.

Ce forum était-il assez ouvert pour se désolidariser d’une certaine opinion américaine alambiquée selon laquelle « l’investissement, l’activité militaire et sécuritaire américains en Afrique sont menacés par la superpuissante Chine », parce que cette Afrique plie sous le poids d’une forte dette chinoise insupportable ?

Kagame comprend la nouvelle tendance amenée par la dynamique Chine dans le commerce financier international et dans le secteur de l’investissement international autrefois chasse gardée de l’omnipuissant Occident. Aussi joue-t-il le jeu invitant cet Occident à ne pas s’apitoyer sur le sort « injuste » de l’Afrique face au surendettement amené par la Chine. Pour lui, cet Occident devrait réviser sa méthodologie accompagnant l’octroi de ses fonds au Continent africain.

Et puis, les rumeurs concernant une Chine qui répand des pratiques corruptrices sur l’ensemble des Etats africains, Kagame les balaie d’un revers de la main. Pour lui, le phénomène Corruption est un fléau qui doit être combattu d’où qu’il vienne.

A-t-il répondu à la question du bien ou mal fondé de cette opinion ? A-t-il confirmé que ces pratiques existent, que le malheureux constat doit être pris pour ce qu’il est mais qu’un accent doit être mis sur la lutte contre ce phénomène ? Il a marché sur les œufs, préférant attaquer la question de la nouvelle philosophie que doivent être empreintes les relations commerciales Occident-Afrique en devenir.

« Si l’Occident (développé) pouvait adopter une politique positive envers l’Afrique dans ses activités d’investissement, il ne tomberait pas dans le piège de la compétition (avec cette Chine). L’Afrique accueille avec esprit de suite tout partenariat lui permettant d’avancer. Elle devra tout faire pour se rehausser et entrer dans le partenariat avec la Communauté internationale sur un même pied d’égalité au lieu d’être soumise sous un jeu de convoitise des puissances internationales »,

a dit Paul Kagame soucieux de voir le riche Occident adopter une politique d’investissement en Afrique tenant compte du respect de ses partenaires africains avec en moins l’imposition de conditions insupportables et dégradantes accompagnant l’aide africaine dont les quota fixes de la dette à ne pas dépasser, le respect des droits humains et de la démocratie-modèle occidental…

Cette pratique occidentale n’entre pas dans la philosophie commerciale chinoise. Cette Chine veut signer des contrats de prêts avec les africains. Depuis 2015, elle investit dans le domaine des infrastructures africaines pour 3 milliards dollars. Comment s’y prend-elle pour gagner ces marchés pour lesquels elle doit rapatrier ses fonds agrandis d’intérêts au bout d’une période de long terme ?

C’est très simple ! Elle entreprend des actions en apparence petites comme construire gratuitement un immeuble-Office du Premier ministre rwandais ou un très petit tronçon de voirie urbain ici ou là dans les capitales africaines avec sa propre main d’œuvre qualifiée. Une telle bonne action ne doit-elle pas être reconnue par les administrations africaines. Si c’est cela la corruption, elles se disent : « elle est la bienvenue ».


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