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Kenya : le président Kenyatta devant la CPI à La Haye pour une audience "cruciale"

Redigé par Jeune Afrique
Le 8 octobre 2014 à 09:48

Kenya : le président Kenyatta devant la CPI à La Haye pour une audience "cruciale" © AFP Le président kényan Uhuru Kenyatta doit devenir mercredi le premier chef d’Etat à comparaître en cours de mandat devant la Cour pénale internationale, qui l’a convoqué alors que patine son procès pour crimes contre l’humanité.
Le président kényan comparaîtra à partir de 10H00 (08H00 GMT) à La Haye, où siège la CPI, pour une audience technique. Les juges ont estimé que la procédure contre M. Kenyatta en est "à un stade (...)

Kenya : le président Kenyatta devant la CPI à La Haye pour une audience "cruciale" © AFP

Le président kényan Uhuru Kenyatta doit devenir mercredi le premier chef d’Etat à comparaître en cours de mandat devant la Cour pénale internationale, qui l’a convoqué alors que patine son procès pour crimes contre l’humanité.

Le président kényan comparaîtra à partir de 10H00 (08H00 GMT) à La Haye, où siège la CPI, pour une audience technique. Les juges ont estimé que la procédure contre M. Kenyatta en est "à un stade crucial" et ont exigé sa présence.

Il est poursuivi pour son rôle présumé dans les violences post-électorales qui ont déchiré le Kenya fin 2007 et début 2008, faisant plus de 1. 000 morts et plus de 600. 000 déplacés.

M. Kenyatta est arrivé aux Pays-Bas mardi soir après avoir temporairement délégué ses pouvoirs à son vice-président William Ruto pour ne pas être, officiellement du moins, le premier chef d’Etat en exercice à être jugé par la CPI.

Uhuru Kenyatta a déjà comparu une fois devant la Cour, mais avant son élection à la magistrature suprême en mars 2013.

William Ruto, dans le camp opposé à celui de M. Kenyatta lors des violences de 2007-2008, fait l’objet lui aussi d’un procès pour crimes contre l’humanité devant la CPI, depuis septembre 2013.

Le procès du président kényan devait initialement s’ouvrir également en septembre 2013, mais a été reporté à de nombreuses reprises sur fond d’accusations quant à des intimidations de témoins.

 Pas assez de preuves -

La probabilité que ce procès ne s’ouvre un jour n’a en fait cessé de se réduire au fil des mois, surtout depuis que l’accusation a demandé son report sine die, faute de preuves suffisantes. C’est dans ce contexte que les juges ont convoqué l’audience de mercredi.

Le procureur, la Gambienne Fatou Bensouda, accuse Nairobi de ne pas coopérer avec la CPI en refusant notamment de lui transmettre des relevés bancaires ou téléphoniques. Ces derniers pourraient prouver, selon elle, que M. Kenyatta a orchestré une partie des violences de 2007-2008.

L’accusation, soutenant que l’affaire est "dans une impasse", a d’ailleurs demandé mardi à la CPI de sanctionner Nairobi.

Le procureur général du Kenya, Githu Muigai, a vigoureusement nié les allégations de l’accusation, assurant que les efforts de Nairobi pour coopérer avec le procureur sont freinés par la bureaucratie du pays.

 Abandonner les poursuites -

Uhuru Kenyatta a indiqué lundi au parlement kényan qu’il se rendait à La Haye en tant que "citoyen privé" et non en tant que président. "Rien dans mes fonctions ou mes devoirs de président ne justifie ma présence au tribunal".

Les députés kényans ont maintes fois appelé la CPI à abandonner les charges contre M. Kenyatta. Plus d’une centaine de députés devaient d’ailleurs faire le voyage à La Haye pour marquer leur soutien à leur président.

L’Union africaine avait elle aussi demandé le retrait des charges, accusant la CPI de ne poursuivre que des Africains.

M. Kenyatta est arrivé à l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol mardi à bord d’un vol commercial régulier.

Portant un jeans bleu, un polo gris aux rayures sombres et une veste de costume bleue, il a quitté l’aéroport dans une Mercedes noire aux vitres teintées sans s’adresser à la presse.

La réélection contestée du président sortant Mwai Kibaki en 2007 avait provoqué la pire vague de violences au Kenya depuis l’indépendance du pays, qui se sont rapidement transformées en conflit ethnique.

Dans des camps opposés au moment de ce conflit, MM. Kenyatta et Ruto s’étaient présentés sur un ticket commun à l’élection présidentielle de 2013, qu’ils avaient remportée.


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