Kwibuka 25 : Le flambeau passé à la génération post-génocide

Redigé par Bérénice
Le 11 mars 2019 à 05:16

Pour la 25ème commémoration du Génocide perpétré contre le Tutsi de 1994 ce 7avril prochain, la jeunesse rwandaise post-génocide explore l’étendue de ce crime contre l’humanité en assumant le devoir de mémoire de ses aïeux immolés sur l’autel des appétits gloutons criminels des sauvages Interahamwe, jeunesses extrémistes du parti alors au pouvoir le MRND/Mouvement Révolutionnaire National pour le Développement du président Juvénal Habyarimana (1973-1994).

Avec cet exercice douloureux, ces jeunes adultes apprennent à gérer l’impératif de consolider l’unité des Rwandais par le biais de ce devoir de mémoire des leurs.

Jean Damascène Bizimana, Secrétaire exécutif de la Commission nationale de lutte contre le génocide (CNLG) a récemment noté que la plupart des jeunes rwandais ne savent rien ou très peu de l’histoire du génocide contre les Tutsi de 1994. Cependant, la responsabilité ne revient-il pas aux adultes de les doter d’outils de mémoire de ce triste pas de l’Histoire du Rwanda ?

Les politiques du Rwanda ont misé sur l’unification des Rwandais et la consolidation de l’unité nationale. Pourtant, un questionnement contradictoire habite toutes les consciences des parents Rwandais : Prenons ceux qui ont vu la société se déchirer, eux-mêmes traqués comme des bêtes sauvages , devenus des parias de la société dans leur propre pays ; sont-ils capables de transmettre la mémoire sans véhiculer un sentiment de haine et de traumatisme aux futures générations ?
Et Ceux-là qui étaient des leaders d’opinion très respectés par un monde d’incultes à plus de 90%. Ils n’ont pas pu lever leur petit doigt pour dénoncer l’innommable qui se profilait à l’horizon parce qu’intéressés à garder leurs richesses, honneurs et considération sociale. Auront-ils le le courage d’enseigner à leurs enfants, l’humanisme, ce qu’ils ont été incapable de faire au moment où c’était nécessaire en 1994 ?

Si la haine peut être transmise même par le silence, la parole a été un outil de libération pour le Rwandais. Néanmoins, durant la journée de commémoration de la mémoire des Victimes de ce génocide, dans un esprit de respect mutuel, les discours sont quasi ambigus ; codé, visant la cohésion et le pardon comme dans un jeu de miroirs convexes.

Dans l’enseignement de l’histoire auprès des jeunes, cette ambiguïté ne risquerait-elle pas de conduire dans un désarroi cette nouvelle génération « Ndi Umunyarwanda » qui cherche à apprendre et se comprendre ?

Certes, les idées ségrégationnistes étaient érigées en forme d’idéologies en vogue sous le régime précédent de Habyarimana . Le passage à l’action criminelle de masse a été sans doute nourrie par la mauvaise distribution des richesses sociales et les écarts criants de revenus mais aussi par le fait que les régnants et tous les leaders d’opinion d’alors sentaient en un FPR/Front Patriotique Rwanda dans la guerrilla, un adversaire venu de l’extérieur et assimilé à une race étrangère les obliger à une nouvelle répartition de richesses où ils se sentaient perdants. Tout cela est économie pensée au politique.

Actuellement on assiste à un Rwanda qui naît de ses cendres. Il vient d’une longue agonie et redresse vaillamment la tête. Qu’est ce que la génération née après le génocide des Tutsi doit apprendre ? Comment pourra-t-elle comprendre de façon essentielle les horreurs de ce dernier génocide du siècle écoulé ?

La structure de politique économique du Pays doit créer des richesses sociales et éviter de favoriser des inégalités exagérées dans la répartition des flux monétaires villes-campagnes.

Lors de la 25e anniversaire de commémoration du génocide de 1994, a expliqué le chef du CNLG, les activités seront axées sur quatre éléments clés : la mémoire et l’unité ; la poursuite de la justice ; combattre le négationnisme ; et la responsabilité. Ces thèmes choisis pour prévenir que l’innommable puisse se reproduire et permettre à la population rwandaise de se reconstruire.

La génération post-génocide, qu’on veut « gardienne de la mémoire », constitue actuellement 70% de la population nationale. Arrivera-t-elle à assumer ces responsabilités de bâtir un avenir meilleur malgré ce lourd fardeau hérité de l’histoire troublée rwandaise ?


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