Dans cette Afrique Centrale, la démocratie est une entreprise qui se construit petit à petit. Beaucoup d’efforts sont fournis par les leaders de l’opposition qui s’arment d’une patience sans faille pour, à la fin, gagner des espaces d’expression. On l’a vu très dernièrement au Burundi où le parti UPRONA (Union des Progressistes Burundais) dit essentiellement Tutsi lutte pour ne pas être muselé par le parti au Pouvoir, le CNDD-FDD (Conseil National pour la Défense de la Démocratie).
La même quête des libertés démocratiques est une lutte quotidienne pour le FRODEBU (Front pour la Démocratie au Burundi) qui fut le porte flambeau de la démocratie au Burundi dans l’année 1993 avec la victoire de l’éphémère président Melchior Ndadaye.
Les Barundi ont montré que malgré le virus de l’idéologie ethnocentriste qui gouverna le Burundi, ils ont tenu à vivre mêmement les valeurs nationales communes dont la polarisation autour de la nationalité burundaise. Les leaders politiques de l’opposition burundaise préfèrent mener leurs activités politiques en toute éthique et déontologie du politicien qui veut que l’on tempère son discours tout en étant assez critique, que l’on adopte les valeurs de courtoisie, d’estime mutuelle et de tolérance de l’autre.

L’opposant Vital Kamerhe ovationné dans l’Est RDC après mille difficultés de voyage
En RDC voisine, l’opposant Vital Kamerhe tempère le jeu de son adversaire Kabila après mille tentatives de se rendre dans son fief de l’Est tant convoité par les deux protagonistes où ils espèrent gagner l’un et l’autre une base électorale essentielle pour les très prochaines présidentielles congolaises.
Kamerhe et son parti l’UNC (Union pour la Nation Congolaise) y vont mollo mollo pour que l’appareil de répression du régime Kabila ne les écrase. Finalement Kamerhe recevra ce 18 février et l’autorisation et les ovations populaires dans cet Est de la RDC.
Ici, la démarche propagandiste de Kamerhe et du régime Kabila est la même. Les deux profitent de la défaite du M23 qu’ils mettent au profit de l’Armée gouvernementale congolaise, avec au passage élever le Rwanda en bouc émissaire, pour construire leur discours politique.
Au Burundi comme en RDC, officiels et opposants se tolèrent passablement avec au passage, le fait que toute erreur de l’opposition est parfaitement épiée et réprimée par la machine gouvernementale.
Les figures politiques officielles et celles de l’opposition ne sont pas à couteau tiré. Rarement recourent-elles à entreprendre une lutte armée ou à s’arc bouter sur des mouvements armés. Rarement ou plutôt jamais, un politicien de l’opposition congolaise , Tchisekedi et compagnie, de l’opposition burundaise ne violera la sacrosainte loi sur le financement des activités de leurs partis ou plutôt ces politiciens ne montreront une attitude béate et servile envers leurs sponsors étrangers ou pour parler franc, occidentaux.
« Nous ne dirons pas que nous n’avons pas de donateurs et autres sponsors qui soutiennent les activités de nos formations politiques mais leurs contributions ne suffisent pas pour couvrir tous nos programmes », a déclaré Dr Nkiko, membre éminent des FDU-Inkingi (Forces Démocratiques Unifiées) non encore agréé par le Gouvernement rwandais sur Radio Itahuka de ce 18 février 2014 réagissant ainsi à une question d’un auditeur qui voulait savoir l’origine des fonds faisant tourner les partis de l’opposition politique rwandaise.

Une opposition politique rwandaise frontale
De mémoire de politicien, on n’a jamais vu une démocratie de confrontation ouverte réussir à galvaniser les esprits. Or l’opposition rwandaise est si pressée qu’elle brûle les règles du jeu politique qui veulent que ce jeu soit joué sans apport étranger de peur de se voir embrigadé par cet étranger à sa victoire.
Ce jeu rwandais actuel montre que la cassure historiquement idéologique de l’année charpente 1959 avec les premiers pogroms des Tutsi rwandaise est loin de se résorber dans le paysage politique rwandais. L’échancrure provoquée par la nouvelle notion idéologique ethnique avec une polarisation ethnique Hutu-tutsi introduite par le colonialiste belge a été si profonde que la société en a été si malade au point qu’il a fini par exploser entre Avril et juin 1994 provoquant ainsi une catastrophe et une barbarie inégalées de par le monde.
Les gens comprennent rarement que ce génocide d’un million de Tutsi rwandais de 1994, les signes avant coureurs qui défilaient sur l’horizon rwandais à partir des années 1980 sont les manifestations d’un capitalisme rwandais d’alors mal construit qui avait son pendant avec la fin sinistre du féodalisme rwandais officiellement en 1962 ou plutôt concrètement en 1959.
Sur quelles bases le régime actuel peut-il se démocratiser à fond ?
On assiste donc à des courants de pensée et d’action diamétralement opposés dans l’arène politique rwandaise.
L’idéologie ethnocentriste a donné son pendant, l’idéologie du double génocide dans la diaspora politique rwandaise au moment où la lutte contre l’idéologie du génocide est, pour le régime en place à Kigali, un grand cheval de bataille. Le gouvernement rwandais actuel construit son système capitaliste sur une plus grande création de richesses nationales y compris donc les infrastructures économiques qui remorquent le petit paysan en plein économie de marché.
L’opposition de la diaspora trouve que le parti au pouvoir, le FPR et sa coalition, sont entrain de lui prendre sa base ‘hutue’ à force de suivre un train rapide et difficilement soutenable d’une société mercantile.
Même les plus vieux politiciens de l’opposition comme l’ex-Premier Ministre Twagiramungu sont obligés d’adopter l’idéologie du double génocide pour avoir un couloir idéologique traditionnel rwandais à jouer.

L’Ex-PM Twagiramungu, Il est gagné à l’Idéologie du double génocide. Craindre la cause de ce revirement idéologique
En fait, on se demandera s’il n’est pas temps pour l’opposition politique rwandaise de changer de stratégies de combat politique et adopter la voie de la lutte en toute éthique et déontologie du politicien.
"C’est mon rôle d’homme politique rwandais de venir à la barre", rétorque l’ancien Premier ministre Twagiramungu dans le premier procès de génocide tenu en France, celui du ‘tortionnaire’ Capitaine Simbikangwa, ancien chef des Services de Renseignement sous le régime finissant de feu Juvénal Habyarimana et membre de ‘Akazu’.
Le vieux politicien va perdre son intellectualité se targuant du fait que "connaître l’histoire de mon pays, ce n’est pas reconnaître les mensonges des historiens".
L’homme d’Etat qu’il est, intellectuel achevé et politicien expérimenté, l’ex-Premier Ministre Twagiramungu devrait être une lumière pour les jeunes ambitieux qui piaffent devant le portail de l’arène politique rwandaise. Curieusement, il décide de coaliser son parti avec le mouvement armé rwandais des FDLR (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda) et de travestir son langage politique :
« Interrogé sur les mécanismes que le pouvoir hutu est accusé d’avoir mis en place pour orchestrer le génocide des Tutsis au lendemain de l’attentat contre le président Juvénal Habyarimana, l’ancien Premier ministre affirme n’avoir jamais eu connaissance d’une quelconque entreprise concertée et préparée », rapporte France 24 montrant que l’homme politique Twagiramungu a perdu son intégrité pour s’être vendu à des lobbies occidentaux qui ne rêvent que d’en découdre avec un régime indépendantiste de Kigali.
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