
Jim Yong Kim, président de la banque mondiale
En 2013, la Banque Mondiale a promis de disponibiliser un milliard de dollars pour le financement des projets intégrateurs en faveur des populations des régions riveraines de Grands Lacs, entendez l’Est de la République Démocratique du Congo, l’Ouest de l’Ouganda, du Rwanda et du Burundi.
Au seuil de cette année, il y a une rallonge de 93 millions de dollars destinée exclusivement aux populations congolaises de la Province Orientale, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. L’objectif visé est de les amener à partager, avec leurs frères et sœurs de certains pays limitrophes, les mêmes projets de développement en matière d’infrastructures de base, d’industrialisation, de mécanisation agricole, de desserte en eau potable et électricité, d’exploitation des ressources minières, pétrolières et autres, etc. Entre autres résultats attendus de cette assistance, il y a l’atténuation voire l’éradication des conflits armés.
Si dans le fond, les aides de cette institution financière internationale paraissent salutaires pour des milliers de survivants des guerres à répétition de cette partie du continent, elles risquent cependant de couper la République Démocratique du Congo en deux « pays », l’un développé, et l’autre sous-équipé.
En effet, si les Congolais de la Province Orientale, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu se retrouvent avec des réseaux routiers déconnectés du Maniema, du Katanga, des deux Kasaï, de l’Equateur, du Bandundu, de Kinshasa et du Bandundu mais en harmonie avec ceux de l’Ouganda, du Rwanda et du Burundi, ils n’auraient plus aucune raison de commerce avec des provinces enclavées.
S’ils étaient approvisionnés en eau potable et électricité grâce à des usines financées par la Banque Mondiale en faveur des riverains des Grands Lacs, ils n’auraient pas tort de se détourner des provinces condamnées aux « poches noires » et aux délestages. A terme, l’intégration économique recherchée de bonne foi par la Banque Mondiale risque de se traduire en balkanisation économique de la RDC.
Le gouvernement congolais interpellé
C’est le lieu d’interpeller le gouvernement congolais sur l’impératif de mobiliser des fonds conséquents pour financer la construction ou la réhabilitation des routes, des ponts, des écoles, des universités, des hôpitaux, des centrales électriques, des usines de traitement d’eau potable, des fermes agro-pastorales, des industries lourdes et de transformation… dans les provinces laissées au bord de la route par la communauté internationale.
Cela est d’autant urgent que le Congo profond affiche un bulletin social et économique précaire. En dépit des efforts que consent l’exécutif national pour désenclaver les provinces, améliorer la desserte en eau potable et électricité, garantir des soins de santé primaire à tous, amener tous les garçons et les filles à l’école, créer des emplois, mettre en valeur les ressources agricoles, minières, pétrolières et forestières, le pays reste encore l’otage de la grande pauvreté. Les indicateurs du développement sont au rouge, ainsi que l’attestent des rapports des institutions spécialisées en la matière.
Dans les semaines et mois à venir, si les pouvoirs publics n’arrivent pas à équilibrer les échanges entre la Province Orientale, le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et le reste du pays, la balkanisation non réussie par les mouvements rebelles risquent de se matérialiser par les différences des niveaux de développement.
Si ces compatriotes se rendent compte que leur prospérité, leur développement, leur bien-être social, leur avenir et leur devenir ne dépendent plus de Kinshasa, ils vont être amenés, malgré à eux, à s’attacher à des pays voisins que l’on diabolise aujourd’hui à longueur de journée.
La bataille de l’intégration économique et industrielle en provinces congolaises est à gagner absolument et dans les meilleurs délais, en vue de ne pas être surpris par l’ouragan de l’histoire.
Deux « RDC » pourraient ainsi surgir du néant, l’une réellement émergente, économiquement et industriellement arrimée à l’Ouganda, au Rwanda et au Burundi, et l’autre, miséreuse et mendiante, toujours à la recherche d’une émergence fuyante, abandonnée à elle-même.
Kimp
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