L’heure de gloire de Manuel Valls

Redigé par Le Point
Le 1er avril 2014 à 09:35

Et Manuel Valls est nommé à Matignon... Au terme d’un suspense long de plusieurs mois, et d’incessantes rumeurs de remaniement, le ministre de l’Intérieur devient Premier ministre, après la claque subie par le PS aux municipales. Une débâcle qui a donc coûté sa place à Jean-Marc Ayrault.
L’arrivée de Manuel Valls, 51 ans, à la tête du gouvernement est un bouleversement pour une gauche qui a mis du temps à le reconnaître comme un personnage crédible. Né à Barcelone, naturalisé français à l’âge de 20 ans, ce (...)

Et Manuel Valls est nommé à Matignon... Au terme d’un suspense long de plusieurs mois, et d’incessantes rumeurs de remaniement, le ministre de l’Intérieur devient Premier ministre, après la claque subie par le PS aux municipales. Une débâcle qui a donc coûté sa place à Jean-Marc Ayrault.

L’arrivée de Manuel Valls, 51 ans, à la tête du gouvernement est un bouleversement pour une gauche qui a mis du temps à le reconnaître comme un personnage crédible. Né à Barcelone, naturalisé français à l’âge de 20 ans, ce fils d’un artiste-peintre catalan se forme à la politique chez les jeunes rocardiens puis auprès de Lionel Jospin. Il milite dans l’Essonne avant de devenir maire d’Évry en 2001, puis député l’année suivante. Très longtemps, il reste singulièrement isolé au sein d’un Parti socialiste qui le dépeint en "Sarko de gauche", tant ses positions sont à droite de l’échiquier.

"Parti socialiste, c’est daté. Ça ne signifie plus rien."

En avril 2008, dans un livre intitulé Pour en finir avec le vieux socialisme... et être enfin de gauche ! Manuel Valls écrit : "Parti socialiste, c’est daté. Ça ne signifie plus rien. Le socialisme, ça a été une merveilleuse idée, une splendide utopie. Mais c’était une utopie inventée contre le capitalisme du XIXe siècle !" La patronne du PS de l’époque, Martine Aubry, entre en guerre avec lui... Jusqu’à lui réclamer de se taire ou de quitter le parti, ce qu’il refuse, dans un ahurissant échange de lettres par médias interposés.

Le 16 juillet 2009, Libération fait sa une de l’affaire, affichant un portrait de Manuel Valls surmonté du titre "Wanted". Une dont Manuel Valls est fier au point de l’afficher dans son bureau ! Cet été 2009 est crucial. Il ne retournera plus jamais dans l’ombre.

Celui à qui Nicolas Sarkozy avait proposé un ministère en 2007 préfère prendre date en participant à la primaire du PS en 2011. Les fameux débats télévisés entre les six candidats révèlent un homme politique pugnace et convaincant, qui n’hésite pas à prendre des positions contraires à l’orthodoxie socialiste. Manuel Valls assume son opposition aux 35 heures, défend la TVA sociale du président de droite, plaide pour la rigueur budgétaire, pour l’ordre et la sécurité. Il récolte à peine 6 % des voix, mais il a marqué les esprits de gauche... et de droite !

Le réalisme face au laxisme

Ce passionné de football, qui nous avait confié en 2011 que son plus grand regret était de ne pas être Messi, "le joueur du Barça...", se forge une image de pragmatique... tout à fait en phase avec François Hollande. Il prend en charge la communication de sa campagne présidentielle en 2012 et la mène d’une main de fer. Il n’est pas rare que François Hollande s’amuse avec les journalistes de l’inflexibilité de son chef de com, qui ne laisse aucune place à l’improvisation.

Il n’empêche que le duo fonctionne, au point que François Hollande lui offre les clés de la Place Beauvau après la victoire. Manuel Valls y conforte son image de réaliste, s’installe dans un duel face à la supposée laxiste Christiane Taubira, notamment dans le cadre de la préparation de la réforme pénale. Il multiplie les implications dans des polémiques et des psychodrames, sur la situation des Roms en général, sur le cas Leonarda en particulier, ou encore dans l’affaire Dieudonné. Ce qui ne l’empêche pas de rester au sommet des sondages, parce que populaire à gauche, mais aussi à droite.

L’Intérieur aura donc été un véritable tremplin pour Manuel Valls, qui, plus que vers Matignon, est surtout entièrement tourné vers l’objectif d’une vie : l’Élysée.


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