La représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies chargée de la lutte contre les violences sexuelles dans les conflits armés, Mme Margot Wallström, s’est félicitée jeudi du début du procès en Allemagne de deux Rwandais, accusés d’avoir ordonné des massacres et des viols de masse en République Démocratique du Congo (RDC).

Un communiqué des Nations unies à New York indique que Mme Wallström a félicité les autorités allemandes pour avoir appréhendé Ignace Murwanashyaka et Straton Musoni, tous les deux présumés criminels et pour leur traduction en justice. Les deux rwandais sont à la tête des Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR).

Le communiqué ajoute que la représentante spéciale s’est régulièrement exprimée sur la généralisation des violences sexuelles en RDC, en particulier dans l’est de ce pays, où les milices se battent toujours contre les forces armées congolaises et attaquent les civils.

Mme Wallstrom a déclaré que ce procès, qui s’est ouvert mercredi, est un signal clair qu’il n’existe pas d’asile pour les personnes soupçonnées de crimes. Elle a ajouté que son bureau continuerait à suivre de près ce procès et tous les incidents liés à des violences sexuelles. Et que l’impunité pour les violences sexuelles dans les conflits n’est pas une option.

Ignace Murwanashyaka et son adjoint Straton Musoni sont jugés par une cour spéciale pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis dans l’est de la République démocratique du Congo entre janvier 2008 et novembre 2009 et qui ont fait plus de 200 morts.

Des crimes commandités depuis l’Allemagne, selon l’accusation. Ignace Murwanashyaka s’y est installé il y a plus de 20 ans, rejoint par son bras droit en 1994. Ils sont soupçonnés d’avoir donné des ordres directs aux miliciens FDLR en RDC, qui ensuite leur rendaient des comptes. Un rapport de l’ONU relève d’ailleurs 240 conversations téléphoniques avec les généraux de la rébellion en quelques mois, entre 2008 et 2009.

Les procureurs de la ville Stuttgart ont déclaré que ces deux hommes étaient des responsables des FDLR, une milice tristement célèbre accusée d’atrocités dans l’Est de la RDC ces dernières années.
Ils doivent répondre chacun de 26 chefs d’accusation de crimes contre l’humanité et de 39 chefs d’accusation de crimes de guerre : meurtres, viols, pillages, incendies de villages ou encore recrutement d’enfants soldats.

Ignace Murwanashyaka fait l’objet de sanctions de l’ONU depuis 2005. Il avait déjà été arrêté en Allemagne en 2006, puis relâché, faute de preuves. Les Nations unies ont lancé des appels répétés à l’Allemagne pour poursuivre et traduire en justice le chef de la rébellion et son adjoint. C’est finalement chose faite.

C’est la première fois que l’Allemagne utilise les dispositions pénales introduites en 2002 pour sanctionner les atteintes au droit international. Près de 20 audiences sont programmées jusqu’à fin juillet.