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L’unité&Réconciliation se porte bien-Interview avec Fidèle Ndayisaba ;Secrétaire Exécutif de la CNUR

Redigé par Propos recueillis par Jovin Ndayishimiye
Le 14 juin 2016 à 04:14

M. Fidèle Ndayisaba est le nouveau Secrétaire Exécutif de la Commission Nationale de l’Unité et Réconciliation prévue par les anciens Accords d’Arusha d’Août 1993 entre le Gouvernement rwandais d’alors et le FPR (Front Patriotique Rwandais) alors dans la guérilla. En fonction depuis rien que quatre mois, Il vient à peine d’être nommé à ce poste qu’il maîtrise toute la philosophie qui a prévalu à sa création. Il a tous les contours de l’état actuel des avancées de la soudure du tissu de la société rwandaise, (...)


M. Fidèle Ndayisaba est le nouveau Secrétaire Exécutif de la Commission Nationale de l’Unité et Réconciliation prévue par les anciens Accords d’Arusha d’Août 1993 entre le Gouvernement rwandais d’alors et le FPR (Front Patriotique Rwandais) alors dans la guérilla. En fonction depuis rien que quatre mois, Il vient à peine d’être nommé à ce poste qu’il maîtrise toute la philosophie qui a prévalu à sa création. Il a tous les contours de l’état actuel des avancées de la soudure du tissu de la société rwandaise, tissu déchiré avec le génocide commis contre les Tutsi de 1994.

Interview

Q. Vingt deux ans après le génocide commis contre les Tutsi au Rwanda, comment se portent l’Unité et la Réconciliation ?

R : L’Unité et la réconciliation des Rwandais sont à un niveau appréciable et à féliciter. Pour qu’il y ait Unité et Réconciliation, il y a à donner. Les rescapés du génocide ont fait beaucoup dans le sens d’abord d’endurer le chagrin de la perte des leurs et des conséquences du génocide qui ont pesé sur leurs vies. Il y a pas mal de Rwandais qui ont participé dans le génocide qui, eux aussi, ont montré un exemple appréciable de repentance. Ils ont demandé pardon et les rescapés, en bon nombre, ont accordé ce pardon. Ils se sont réconciliés. On trouve beaucoup de communautés dans nos districts qui ont décidé d’aller de l’avant, réconciliés.

Q. Quels sont les projets entrepris pour la réussite du Programme Unité&Réconciliation ?

R : La CNUR ne peut pas s’approprier à elle seule des acquis de l’Unité et la Réconciliation des Rwandais. Des institutions publiques et la société civile dont les confessions religieuses sont des acteurs privilégiés qui ont déployé des programmes divers dans ce domaine. La CNUR coordonne mais joue aussi un rôle actif pour ce qui doit se faire en donnant des orientations et en soutenant des initiatives tant publiques que privées dans le domaine de la réconciliation.

Tous ces acteurs ont été actifs et les résultats ne se sont pas fait attendre. Concrètement sur le terrain, on trouve des résidants qui cohabitent et qui travaillent de concert dans des actions de réparation. Il faut dire que les crimes de génocide des Tutsi, ces crimes qui ont endeuillé le Rwanda, l’esprit de divisionnisme mais aussi les actes de discrimination qui ont régné dans ce pays ont laissé beaucoup de séquelles, de blessure. Il faut beaucoup d’efforts pour réparer, pour œuvrer à guérir les blessures laissées par l’histoire tragique qu’a connue notre pays.

Q. Pouvez-vous montrer des cas concrets de réconciliation réussie sur les collines rwandaises ?

R. Dans la guérison des blessures, il y a beaucoup d’initiatives surtout communautaires où les rescapés rencontrent leurs anciens bourreaux qui empruntent cette voie de repentance. Citons une dans l’ancienne commune Rwerere (Nord Ouest du pays). L’association INYENYERI du secteur Bugeshi, une zone qui a ses caractéristiques. Elle est frontalière de la RDC, à côté de la zone-bastion des Fdlr. Cette association regroupe des rescapés du génocide des Tutsi, de gens qui avaient fui pour la RDC en 1994, les familles de ceux qui ont participé dans le génocide contre les Tutsi mais aussi les hommes intègres au moment du génocide.

Ils se sont mis ensemble pour commencer par cette étape de réparer les blessures puis, par après, des projets d’entraide. Ils rayonnent dans d’autres secteurs avoisinants où ils recrutent des membres qui adhèrent à leur mouvement coopératif pour le développement, d’entraide et de solidarité pour répondre aux besoins pour ceux qui sont vulnérables en matière de logement et autres.

Dans l’actuel district Huye, ancienne Butare, qui était connu comme zone où il y a eu, en matière d’effectif et d’intensité, beaucoup de victimes, des Tutsi qui ont été tués pendant le génocide, beaucoup de gens qui ont été traduits en justice et jugés, il y est actif une association d’unité et de Réconciliation animée par un abbé MASINZO lui aussi rescapé et dénommée ABARINZI B’IGIHANGO.

L’abbé a pu dépasser toutes les souffrances qu’il a endurées durant le génocide contre les Tutsi. Il s’est donné pour devoir d’aider les autres à réparer les blessures et à œuvrer pour leur développement. Il a pu organiser les veuves de génocide qui se sont réconciliées avec les familles de leurs bourreaux jusque même à se donner la peine d’apporter à manger à leurs bourreaux dans les prisons. Nous avons également des initiatives communautaires de socio thérapie.

Q : Quelles stratégies de lutte prises contre le négationnisme véhiculé par une certaine diaspora rwandaise ?

R : On se félicite du fait que le peuple rwandais est réconcilié. Mais il reste une portion très minoritaire de Rwandais qui vivent animés de cette idéologie génocidaire. Ils travaillent à la dissémination de cette idéologie du négationnisme. La majorité s’affilie à des mouvements déclarés les FDLR (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda) et leurs acolytes. Ils sont dans les pays étrangers et même en Europe. Ils constituent une minorité nuisible.

Des visites sont organisées par la CNUR et par d’autres autorités du pays. Ici, tout le monde est acteur. Tout le monde est responsable face au devoir de faire régner l’unité et la réconciliation parmi les Rwandais. Nos commissaires organisent des visites à l’étranger. Le Président de la République lui-même rencontre les Rwandais de la diaspora au cours de ses visites à l’étranger.

Il invite tout le monde à visiter leur patrie afin que ceux qui sont de bonne foi puissent être éclairés, du moins qu’ils sachent de visu la vérité sur l’état de l’unité et de la réconciliation dans le pays. Dans tous les cas, des sessions de dialogue réunissant les Rwandais de la diaspora sont organisées. Il y a également le travail abattu par d’autres acteurs dont ceux du ministère de rapatriement des réfugiés. Ceux-ci invitent activement et facilitent les Rwandais en exil à leur retour au pays.

Le Programme ‘Come and See’ est aussi parmi les stratégies adoptées à l’endroit des Rwandais de la diaspora qui ont des doutes sur les informations qu’ils reçoivent du Rwanda, ceux-là qui vivent dans l’intoxication. Ils viennent au Rwanda voir les leurs au pays. Ils constatent eux-mêmes et repartent pour mobiliser les autres en montrant le Rwanda actuel tel qu’il est. Plus tard, ils font le bon choix de rentrer ou carrément ils changent idéologiquement sur base de vraies informations reçues au pays.

Q : Des Programmes précis pour cette diaspora ?
En collaboration avec les représentations diplomatiques du Rwanda, nous avons lancé le programme NDI UMUNYARWANDA qui est un dialogue citoyen. Nous avons élaboré une carte qui nous aide à cibler la diaspora rwandaise. Nous faisons des analyses particulières sur tellle ou telle diaspora et essayons de focaliser beaucoup d’efforts là où il y a beaucoup de problèmes d’intoxication.

Q : On a reproché au Rwanda de faire une réconciliation réussie à la base communautaire et non dans son arène politique. Qu’en dites-vous ?

A la base communautaire, ça se comprend que cela devait être une priorité. Deuxièmement, il nous a fallu cibler la classe des intellectuels, des leaders. Ils donnent le ton. Avec le lancement de NDI UMUNYARWANDA, on a commencé par le leadership lui-même et la classe des intellectuels pour qu’eux-mêmes commencent à s’évaluer, et changer idéologiquement et devenir des acteurs positifs de la société capables de faire changer le reste de la communauté rwandaise tant nationale que celle de la diaspora. Ça concerne toutes les sphères de la communauté rwandaise.

Avec la question de faire revivre l’unité et la réconciliation du peuple rwandais, il a fallu opérer par des priorités. Commencer par la base puis la classe dirigeante et la classe des intellectuels pour que tous soient des agents positifs de l’unité et réconciliation de leur pays.

L’unité et la réconciliation est un long processus intellectuel. C’est une question de changement d’attitudes et de comportement. Pour le Rwanda, on a à aider les gens qui ont été pendant longtemps sous l’emprise de l’idéologie génocidaire. Mais quand on voit l’élan et le mouvement continuel d’évolution de la chose, cela donne de l’espoir. Il y a des gens qui ont besoin d’être aidés pour connaître la vérité et changer de comportement.

L’idéologie génocidaire, c’est quelque chose qui traque les gens et même des gens qui travaillent pour disséminer cette idéologie savent bien qu’ils commettent un crime. Ils savent qu’ils peuvent être poursuivis. Ils le font tout en sachant. Sauf ceux qui en ont fait un programme politique comme les FDLR, personne ne peut se vanter de brandir cette idéologie du génocide.

Le fait que nous avons conçu des programmes de lutte contre cette idéologie et que nous travaillons de concert avec les gens de bonne volonté et les pays amis du Rwanda pour lutter contre ceux qui continuent à véhiculer cette idéologie, c’est sûr que nous avons des résultats positifs dans le changement positif de comportement des Rwandais.


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