La perte de valeur du naira se répercute sur le commerce de bétail de toute l’Afrique de l’Ouest. La monnaie nationale du Nigeria a perdu 30 % de sa valeur depuis juin. Un dollar vaut aujourd’hui 315 nairas contre 196 six mois plus tôt. Les conséquences pour le commerce de bétail sont catastrophiques. Avec ses 220 millions d’habitants, le Nigeria est le premier marché d’exportation pour les éleveurs des pays sahéliens.
Katsina, Kano, Maiduguri sont d’importants marchés de bétail au nord du Nigeria. Depuis plusieurs mois, les bêtes manquent. Muhammed Bello, secrétaire général de la Confédération des éleveurs traditionnels du Nigeria.
« Le Nigeria importe beaucoup de bétail des pays voisins comme le Cameroun, le Tchad et le Niger. À cause de la baisse de valeur du naira, la vente de leurs animaux ne rapporte pas beaucoup aux éleveurs étrangers, donc ils ne viennent plus. Maintenant ce sont même les éleveurs nigérians qui vont vendre leurs troupeaux dans les pays frontaliers, surtout au Cameroun, au Niger et au Bénin. Le manque d’animaux au Nigeria entraîne aussi une hausse des vols de bétail et ça devient un vrai problème. »
Perte de rentabilité
En réalité, le prix de vente des animaux côté Nigeria est resté fixe, mais comme la monnaie nationale a perdu de sa valeur, il n’est plus rentable pour les éleveurs de venir vendre leurs bêtes chez le géant voisin.
« La chute du naira est une véritable catastrophe pour les éleveurs de la bande sud du Niger, se désole Hassan Baka, administrateur de l’AREN, l’Association pour la redynamisation de l’élevage au Niger. Un bœuf était vendu avant 500 000 francs CFA (environ 760 euros). Aujourd’hui, si vous en tirez 150 000 (230 euros), vous êtes très heureux. Les éleveurs du Niger sont pris en tenaille : au Nigeria, le naira est complètement dévalué, au Mali il y a l’insécurité et en Libye c’est la même chose. Alors pour tenir le coup, ils vendent au besoin. C’est-à-dire que quand ils ont besoin de céréales, de se soigner, ou de régler des problèmes, ils vendent une bête. »
Diversifier les marchés d’exportation
Les éleveurs sahéliens cherchent donc de nouveaux marchés d’exportation et pensent notamment aux pays côtiers comme la Côte d’Ivoire, le Bénin ou le Sénégal.
« La Côte d’Ivoire par exemple représente une nouvelle opportunité, explique Pascal Rouamba, en charge de l’élevage pour l’Afrique de l’Ouest à la Coopération suisse. Maintenant ce sont aussi les réponses que vont donner ces pays aux problèmes des éleveurs qui vont consolider la diversification. Il faut par exemple qu’ils construisent des infrastructures d’abattage ou d’accueil du bétail qui vient du Sahel. Les éleveurs ont beau chercher d’autres opportunités, si l’accueil n’est pas au niveau de l’offre, ils continueront d’aller au Nigeria. »
D’après une étude de la Cédéao (Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest), le Nigeria représente plus de la moitié des échanges internationaux de viande dans toute l’Afrique de l’Ouest.
Avec rfi.fr
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