Émise fin 2009 par Kigali à la faveur du réchauffement diplomatique avec Paris, la demande d’extradition d’Agathe Habyarimana vers le Rwanda sera entendue le 29 juin, lui a notifié ce mercredi 18 mai la Cour d’appel de Paris.
L’ancienne première dame du Rwanda, âgée de 69 ans, a assisté ce mercredi à l’audience de notification de la Cour d’appel de Paris, entourée comme à chacune de ses sorties publiques par une douzaine de ses proches. Elle s’est refusée à tout commentaire, dans cette affaire éminemment politique.
La requête d’extradition est fondée sur un mandat d’arrêt international lancé tardivement par le Rwanda, le 19 octobre 2009, pour des faits allégués de génocide et de crimes contre l’humanité « commis entre le 1er octobre 1990 et le 9 avril 1994 ». Les forces françaises avaient évacué Agathe Kanziga (son nom de jeune fille) de Kigali trois jours après la mort, le 6 avril, du président Juvénal Habyarimana dans un attentat.
Outre le mandat d’arrêt rwandais, Mme Habyarimana est considérée comme la véritable patronne de l’ « Akazu », le premier cercle du pouvoir de l’ancien régime qui a planifié et mis en œuvre le génocide.
Elle est aussi visée par une plainte déposée le 13 février 2007 pour « complicité de génocide » par une association de défense des victimes, le Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR). Dans le cadre de cette plainte, elle a été entendue pour la première fois par la section de recherche criminelle de la gendarmerie de Paris, comme simple témoin, le 9 mars 2010.
Mme Habyarimana a été brièvement interpellée le 2 mars 2010, cinq jours après la visite rendue à Kigali par le président français Nicolas Sarkozy pour marquer la réconciliation entre les deux pays. Sans nommer la veuve de l’ancien chef de l’État rwandais, M. Sarkozy avait signalé lors de sa visite à Kigali que Paris « a refusé l’asile politique à une des personnes concernées » et qu’une procédure judiciaire était engagée à son encontre.
Le lendemain de l’interpellation, le président rwandais Paul Kagame avait demandé à ce qu’elle soit jugée, au Rwanda ou ailleurs, lors d’une conférence de presse.
Jusque-là, les juges ont maintenu Mme Habyarimana en liberté sous contrôle judiciaire.
Après un bref séjour en France, la veuve était retournée sur le continent africain, avant de revenir s’installer en 1998 à Paris, puis chez un de ses fils à Courcouronnes (Essonne) où elle réside toujours aujourd’hui sans statut légal.
Après cinq années de procédure, sa demande d’asile a été définitivement rejetée par le Conseil d’Etat en octobre 2009, lit-on dans une dépêche de l’Agence Hirondelle.
L’audience du 29 juin sera très observée à Paris comme à Kigali. Du fait des vacances judiciaires, les juges de la Cour d’appel ont indiqué mercredi que leur décision sur l’audience du 29 juin pourrait n’intervenir qu’en septembre.
La date d’une première visite officielle du président rwandais Paul Kagame en France a été envisagée « pour juillet », indique une source diplomatique, « mais rien n’a encore été arrêté ».
Photo : Mme Agathe Habyarimana
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