La justice française reporte l’audition de trois Rwandaises qui affirment avoir été violées par les militaires français en 1994

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Le 28 juin 2011 à 10:07

C’est ce mardi qu’était prévu le début des auditions des trois Rwandaises par le juge d’instruction du Tribunal aux Armées de Paris (TAP) pour des plaintes pour viols contre des militaires de l’Opération Turquoise. Une opération que l’armée française a menée au Rwanda en plein génocide des Tutsi perpétré en 1994.
Ces auditions, qui devaient s’étaler sur trois jours, du 28 au 30 juin, ont été reportées par l’absence du juge Frédéric Digne pour des raisons de santé. Les trois plaignantes devront donc revenir en (...)

C’est ce mardi qu’était prévu le début des auditions des trois Rwandaises par le juge d’instruction du Tribunal aux Armées de Paris (TAP) pour des plaintes pour viols contre des militaires de l’Opération Turquoise. Une opération que l’armée française a menée au Rwanda en plein génocide des Tutsi perpétré en 1994. 

Ces auditions, qui devaient s’étaler sur trois jours, du 28 au 30 juin, ont été reportées par l’absence du juge Frédéric Digne pour des raisons de santé. Les trois plaignantes devront donc revenir en France dans quelques mois pour une nouvelle audition.

Avec les plaintes de ces trois rwandaises d’origine tutsi, c’est le rôle de la France pendant le génocide des Tutsi qui est en accusation. Les trois plaintes portent sur des viols et des violences commis par des militaires français au cours de l’Opération Turquoise au Rwanda entre avril et août 1994.

Derrière les actes de viols et de violences multiples, les témoignages des trois rwandaises convergent ensuite pour indiquer que les militaires français encourageaient les miliciens "Interahamwe" à tuer les Tutsi. Selon une plaignante, "au contrôle des barrières du camp, (les militaires français) se sont mis à nous regarder en passant leur main comme un couperet sur leur cou en disant « les Tutsi »".

Pour ces raisons, le 2 avril 2010, la juge d’instruction a retenu la qualification de "crimes contre l’humanité" et "participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime contre l’humanité".

Le parquet de Paris estime toutefois que les faits dénoncés relèvent, a priori "d’exactions individuelles" et l’armée française nie toujours toute implication dans le génocide rwandais. Pourtant deux témoins corroborent les déclarations des trois rwandaises. Straton Sinzabakwira et Aloys Kanyemera indiquent que "des militaires français se rendaient coupables de viols dans les camps de réfugiés à cette période et que ces viols étaient uniquement perpétrés à l’encontre des femmes Tutsi en raison de leur ethnie, les femmes Hutu étant préservées".

Straton Sinzabakwira confirme ensuite les liens étroits entre l’armée française et les miliciens "Interahamwe" : "les Français entrainaient les Interhamwe dans un lieu près de Kigali au Mont Gary (...). Ils leur faisaient faire des exercices militaires, leur apprenaient les maniements des armes à feux, des armes blanches. On leur apprenait à faire des exécutions rapides (…). Mon beau-frère était gendarme instructeur et assistait les Français lors des entrainements ".

En attendant, les trois rwandaises devront rentrer à Kigali sans avoir pu être entendues par le juge du Tribunal aux Armées de Paris, Frédéric Digne, absent pour des raisons médicales.

Photo : Militaires français au Rwanda lors de l’opération Turquoise en 1994 


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