La mort de Yossi Sarid laisse orphelin le camp de la paix israélien

Redigé par Igihe
Le 6 décembre 2015 à 02:27

Figure historique de la gauche israélienne, il s’est éteint dans la nuit de vendredi à samedi à l’âge de 75 ans.
Yossi Sarid, la dernière figure historique de la gauche israélienne, s’est éteint dans la nuit de vendredi à samedi à l’âge de 75 ans. Avec son crâne dégarni, ses lunettes cerclées d’acier et sa silhouette un peu voûtée, cet ancien journaliste de la radio publique passé à la politique au début des années 70 s’est imposé au fil des années comme une « boussole morale ».
Dans le courant des années 80, (...)

Figure historique de la gauche israélienne, il s’est éteint dans la nuit de vendredi à samedi à l’âge de 75 ans.

Yossi Sarid, la dernière figure historique de la gauche israélienne, s’est éteint dans la nuit de vendredi à samedi à l’âge de 75 ans. Avec son crâne dégarni, ses lunettes cerclées d’acier et sa silhouette un peu voûtée, cet ancien journaliste de la radio publique passé à la politique au début des années 70 s’est imposé au fil des années comme une « boussole morale ».

Dans le courant des années 80, opposé aux compromissions du Parti travailliste dont il était un député et auquel il reprochait de s’allier au Likoud pour garder le pouvoir dans le courant des années 80, Sarid avait en effet tourné le dos à une carrière prometteuse d’apparatchik pour mettre ses actes en accord avec ses idées. Il s’était ensuite associé avec d’autres formations minoritaires de gauche pour créer le « Meretz », un parti comptant aujourd’hui cinq députés à la Knesset mais douze lorsqu’il le présidait.

« Quand on est socialiste on ne se renie pas pour un portefeuille »

« En restant chez les travaillistes, je serais peut-être devenu Premier ministre un jour mais j’ai des principes et je ne transigerai pas, nous avait-il confié il y a deux ans au cours d’un entretien privé. Quand on est socialiste on ne se renie pas pour un portefeuille. On a au contraire le devoir moral et politique de s’opposer à l’occupation des territoires palestiniens et de rechercher la paix par tous les moyens. »

Opposé à la première guerre du Liban (1981), Sarid avait choqué l’opinion israélienne en estimant que le bombardement de Beyrouth par Tsahal (l’armée de l’Etat hébreu) lui rappelait ceux de la Wehrmacht sur les capitales européennes durant la Deuxième guerre mondiale.

Après la victoire de la gauche aux élections de 1992, Sarid a participé en tant que ministre de l’Education au gouvernement d’Itzhak Rabin qui a négocié les accords de paix d’Oslo. Et il les a toujours soutenus depuis lors « parce qu’il n’existe pas d’autre solution que le dialogue ».

« On nous dit qu’Oslo a échoué et qu’il faut en finir avec lui mais pour le remplacer par quoi ?, interrogeait-il récemment. Les guerres aussi ont échoué et pourtant, nous en faisons une tous les deux ans en moyenne. »

Promesses électorales tenues

Désormais encensé par l’ensemble de la classe politique, y compris par Benyamin Netanyahou, Sarid est le seul mandataire public israélien à avoir tenu ses promesses électorales même après son départ à la retraite en 2003. En effet, au milieu des années 90, lorsque Israël occupait encore le sud-Liban et que le Hezbollah tirait des roquettes sur la Galilée, il s’était installé de manière permanente dans le petit village agricole de Margaliot (proche de la frontière libanaise) « parce que l’on ne s’intéresse pas assez au sort de ces concitoyens ». Là, il a organisé des activités pédagogiques. Jusqu’à ces derniers mois, il assurait donnait encore un cours hebdomadaire dans une faculté locale.

Depuis 2003, Sarid a publié plusieurs romans et recueils de poésie. Il assurait aussi une chronique régulière dans le quotidien Haaretz et était régulièrement consulté par de nombreuses personnalités israéliennes et étrangères.

avec liberation.fr


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