La disparition du Premier ministre ouvre une période d’incertitude tant pour l’Ethiopie que pour ses voisins kényan et somalien. C’est en partie lui qui a fait de son pays une puissance régionale.
A Nairobi et à Mogadiscio, où l’on savait depuis un mois que le dirigeant éthiopien se trouvait dans un état critique dans un hôpital belge, l’inquiétude n’a cessé de croître. Ces inquiétudes ont, depuis l’annonce du décès [dans la nuit du 20 au 21 août] laissé la place à un véritable sentiment alarmiste.
Au Kenya, on pleure la disparition d’un dirigeant africain "pragmatique" et "visionnaire" qui a joué un rôle clé pour stabiliser la situation en Somalie et au Soudan et contenir l’Erythrée. [Zenawi, 57 ans, régnait sans partage sur l’Ethiopie depuis vingt-deux ans].
Si sa mort place sans doute les gouvernements régionaux en position délicate, il est peu probable qu’elle provoque un bouleversement géopolitique. Le pays restera un acteur majeur de l’"axe des modérés" qui luttent dans la région contre l’expansion du mouvement islamiste somalien Al-Shabab.
Son décès pourrait toutefois intensifier les rivalités entre Etats, notamment entre la Somalie, le Kenya et l’Ouganda. Les milices du mouvement Al-Shabab ont publié un communiqué affirmant que la mort du dirigeant éthiopien pouvait signer la fin de l’alliance militaire régionale. En réalité, rien n’est moins sûr puisque les incursions militaires en Somalie sont largement soutenues par le peuple éthiopien. Avec près de 10 000 soldats stationnés dans le sud de la Somalie, l’armée éthiopienne a toutes les chances de jouer un rôle crucial dans la bataille de Kismaayo [ville de l’extrême sud de la Somalie sous contrôle d’Al-Shabab].
Si l’Ethiopie n’a aucun désir de rester de manière durable en Somalie, elle estime qu’elle ne peut pas non plus faire le travail à moitié. Conséquence, Addis-Abeba maintiendra son soutien militaire à la mission militaire de l’Union africaine en Somalie (Amisom), quels que soient ses futurs dirigeants.
Les extrémistes somaliens suscitent les mêmes craintes chez les responsables kényans et éthiopiens. Au cours des deux dernières années, les deux pays se sont opposés sur une série de questions, notamment à propos du projet de création d’un Etat tampon, le Jubaland, dans le sud de la Somalie [le Kenya y est favorable, l’Ethiopie s’y oppose]. Ces divergences ne devraient toutefois pas menacer leur partenariat stratégique, le plus pérenne de la Corne de l’Afrique. Les deux pays ont largement contribué à stabiliser le Soudan du Sud.
Addis-Abeba réfléchit au moyen de trouver une solution permanente aux problèmes qui ont failli pousser le Soudan et le Soudan du Sud à la guerre. Meles Zenawi participait à ces négociations et son absence se fera certainement sentir. Elle ne devrait toutefois pas les faire échouer.
Courrier international
AJOUTER UN COMMENTAIRE
REGLES D'UTILISATIONS DU FORUM
Ne vous eloignez pas du sujet de discussion; Les insultes,difamations,publicité et ségregations de tous genres ne sont pas tolerées Si vous souhaitez suivre le cours des discussions en cours fournissez une addresse email valide.
Votre commentaire apparaitra apre`s moderation par l'équipe d' IGIHE.com En cas de non respect d'une ou plusieurs des regles d'utilisation si dessus, le commentaire sera supprimer. Merci!