La province de l’est accueillerait de plus en plus d’habitants venant du nord, à la recherche des terres

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Le 8 juillet 2011 à 04:42

Le phénomène n’est pas nouveau. Manquant de terres, de nombreux habitants du nord du Rwanda, très densément peuplé, migrent vers l’Est où de grandes surfaces cultivables sont encore disponibles. Là, ces paysans, durs au travail, refont leur vie et ils sont bien accueillis par les agriculteurs locaux.
Ce déplacement a souvent lieu les mercredis et vendredis, jours où les nombreux marchés se tiennent à l’est du Rwanda et où les bus sont accessibles, raconte un agent d’une agence de voyages à Musanze. Les (...)

Le phénomène n’est pas nouveau. Manquant de terres, de nombreux habitants du nord du Rwanda, très densément peuplé, migrent vers l’Est où de grandes surfaces cultivables sont encore disponibles. Là, ces paysans, durs au travail, refont leur vie et ils sont bien accueillis par les agriculteurs locaux.

Ce déplacement a souvent lieu les mercredis et vendredis, jours où les nombreux marchés se tiennent à l’est du Rwanda et où les bus sont accessibles, raconte un agent d’une agence de voyages à Musanze. Les agriculteurs du nord du pays voyagent avec des petits bagages faciles à transporter en minibus.

Ils portent avec eux des nattes servant de matelas, des casseroles… ils sont rarement accompagnés par leurs familles, rapporte l’agence Syfia Grands Lacs.

Ces agriculteurs du nord vendent les terres ancestrales, qu’ils cultivaient depuis longtemps, et leurs maisons, quittent leurs proches et le climat froid de la région pour démarrer une nouvelle vie à l’Est, où les terres sont encore abondantes.

Le nord est connu pour ses petites terres à cause d’une forte densité, cette région est aussi réputée pour ses terres volcaniques fertiles, qui en font le grenier du pays, l’agriculture est la principale activité.

On y produit essentiellement des pommes de terre, du maïs, du sorgho et des légumes... Hommes, femmes et enfants cultivent leurs propres champs ou se font engager chez des agriculteurs lors des grands rassemblements qui ressemblent aux marchés.

Dans ce coin du pays, les terres deviennent de plus en plus petites ; « fini le temps où on remplissait les greniers », regrette Justin Kanyarwanda car les familles qui les cultivent les donnent aussi en héritage à leurs enfants.

Selon alexis Rusine professeur de sociologie rural à l’Institut supérieur d’agriculture et d’élevage de Busogo au Nord, dans un entretient accordé à l’agence Syfia Grands Lacs, ces terres se réduisent à force de partager les surfaces cultivables entre les enfants et il y a un émiettement des terres, et les parents restent avec d’infimes parcelles.

Les anciennes provinces de Ruhengeri et Gisenyi, en effet, étaient les provinces du Rwanda très densément peuplées avec respectivement 463 et 358 hab/km2, selon le recensement général de la population et de l’habitat de 2002. Elle (densité) est sans doute plus forte actuellement.

Les parcelles héritées devenant trop petites, voire inexistantes, certaines familles pauvres se résolvent à chercher ailleurs les moyens de vivre. Des polygames choisissent de partir avec une de leurs femmes, abandonnant l’autre.

Un certain Sebudandi, serveur dans un cabaret de Musanze au nord, et père de 9 enfants, se sent incapable de nourrir sa famille. Il a jugé bon de vendre sa petite terre et d’aller s’installé à l’est du pays dans l’ex province de Mutara où les terres sont abondantes.

Mutara est une région beaucoup moins peuplée et nouvellement habitée, qui regroupe une partie de l’ancienne province de Byumba et celle du parc national de l’Akagera, en partie distribué à la population. Les nouveaux arrivants achètent des terres aux autochtones qui en ont beaucoup, rapporte toujours Syfia Grands Lacs.

Selon Gaspard Ngiyimbere, un habitant de Nyagatare à l’est du Rwanda, les agriculteurs du nord sont des excellent travailleurs, ils explorent d’abord le milieu, achètent les terres et retournent chercher leurs familles. D’autres travaillent dans les champs ou louent les terres qu’ils cultivent. Un hectare de terre s’achète à un million et demi (environ 2 500 $), trois fois moins qu’au Nord.

A leur arrivée, ils travaillent sans relâche : « J’en vois qui cultivent jusqu’à midi ou jusqu’au soir et gagnent 500 Frw ou 800 Frw par jour (1 à 1,35 $) voire plus. Tout dépend du contrat avec l’employeur », remarque Audifax Mwizerwa, de la Fondation Clinton, qui s’occupe, entre autres, de l’agriculture à Kibungo, à l’Est.

Ceux qui sont arrivés les premiers dans la région se sont enrichis, constate un agronome de Rwamagana. « Ils exploitent la terre avec énergie et récoltent d’importantes quantités de sorgho, de haricots… ».

Ceux qui les accueillent apprécient : « Quand ils sont au champ, nous sommes sûrs que le [rendement du] travail journalier sera important. Et dans leurs activités, chez eux, on voit bien qu’ils sont des modèles de travail pour nous autres », témoignent certains habitants de l’Est.

Photo : L’agriculture constitue la principale activité des Rwandais 


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