Le documentaire « Génocide du Rwanda : des tueurs parmi nous ? » accable Agathe Habyarimana

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Le 29 juin 2011 à 02:02

La télévision publique française France 2 a diffusé, mardi 28 juin, le documentaire « Génocide du Rwanda : des tueurs parmi nous ? ». Celui-ci s’inscrit dans une série de l’émission "La Grande Traque" et n’a pas été tendre quant au présumé rôle qu’aurait joué dans le génocide des Tutsi, Agathe Kanziga Habyarimana, veuve du président Juvénal Habyarimana. Les témoignages sont à charge et écrasants. Ainsi, on apprend que des membres de la Garde présidentielle chargés de protéger l’épouse du président Habyarimana (...)

La télévision publique française France 2 a diffusé, mardi 28 juin, le documentaire « Génocide du Rwanda : des tueurs parmi nous ? ». Celui-ci s’inscrit dans une série de l’émission "La Grande Traque" et n’a pas été tendre quant au présumé rôle qu’aurait joué dans le génocide des Tutsi, Agathe Kanziga Habyarimana, veuve du président Juvénal Habyarimana

Les témoignages sont à charge et écrasants. Ainsi, on apprend que des membres de la Garde présidentielle chargés de protéger l’épouse du président Habyarimana se seraient livrés à des massacres dans un quartier proche de la résidence présidentielle de Kanombe (Kigali), quelques heures après la chute de l’avion transportant le chef de l’Etat dans le jardin de leur résidence.

Une rescapée de ces massacres, qui porte encore les séquelles physiques du génocide dans le quartier de Kanombe, du nom de Florence accuse l’ex première dame d’avoir donnée les ordres de tuer toutes les familles tutsi du quartier.

Dans ce reportage, la veuve du président, accompagnée de ses deux fils, dément formellement avoir donné l’ordre de tuer ses voisins tutsi avec qui elle était "ami" et qu’elle invitait régulièrement "dans sa résidence à l’occasion de grandes fêtes comme les fêtes de fin d’année, des anniversaires, etc", dit-elle.

Un autres présumé génocidaire, dans ce reportage, est le docteur Twahirwa Charles, un ex directeur d’un hôpital à Kibuye qui est accusé d’avoir ordonné la mort des patients tutsi dans son hôpital durant le génocide des Tutsi de 1994. Des témoins oculaires, parmi eux d’anciens miliciens et un ex maire de Kibuye, qui purgent leur peine dans la prison de Kibuye l’accusent formellement d’avoir reçu des ordres du Docteur Twahirwa.

L’intéressé dément formellement, et clame son innocence en disant qu’il a tout fait pour essayer de faire « régner le calme dans l’hôpital durant 2 ou 3 jours et demander aux infirmiers de ne pas se mêler de ce qui se passe dehors, pour rester dans la neutralité ».
Il est également accusé d’avoir organisé la mort de la famille du Docteur Camille Kalimwabo, un collègue de travail de Twahirwa Charles. Plusieurs témoins, dont un Médecin coopérant allemand du nom de Wolfgang Blam qui avait tenté, en vain, de cacher dans sa maison la femme et les deux enfants du Docteur Camille Kalimwabo, l’accuse directement d’être responsable de leur mort.

Un des tueurs de la famille Kalimwabo, aujourd’hui relâché grâce à des aveux de ses actions durant le génocide à Kibuye, évoque le nom du Docteur Charles Twahirwa comme celui qui est venu leur ordonner de chercher et de tuer la famille, et indique que le coopérant allemand a essayé de sauver la famille, en suppliant au nom de la coopération bilatérale entre les deux pays et de leur amitié, en vain.

Durant le reportage, lors des investigations des journalistes de la Grande Traque, le Docteur reconnaît finalement qu’il était présent dans la maison ou s’était cachée la femme et les enfants tués du Docteur Camille Kalimwabo, et indique qu’il est extrêmement choqué et indigné de ce qui leur est arrivés mais n’avait pas de pouvoir pour empêcher leur mort.

Le Docteur Charles Twagira travaillait à l’hôpital de Rouen, mais il vit actuellement quelque part dans la région du Sud de la France.

Un autre présumé génocidaire qui apparait dans le reportage est un ancien Lieutenant Colonel dans l’armée rwandaise, Marcel Bivugabagabo. Plusieurs personnes l’accusent d’avoir formé des jeunes gens, qui ont étés impliqués dans le génocide des Tutsi dans la ville de Ruhengeri, et de leur avoir fourni des armes dès 1993.

Il est également accusé d’avoir félicité et payer des bières à des tueurs, après leur (sale) besogne à la cour d’appel de Ruhengeri, où près de 100 Tutsi ont trouvé la mort. Il se défend en disant qu’il était en mission de travail durant cette période, et indique qu’il est « innocent dans son âme et conscience ».

Le documentaire revient aussi sur Félicien Kabuga, l’argentier du génocide des Tutsi de 1994 et le colonel Bagosora, qui a été condamné à perpétuité par le TPIR.

Le documentaire « Des tueurs parmi nous » diffusé le mardi 28 juin revient sur le génocide des Tutsi perpétrés en 1994 et qui a fait près d’un million de morts. Le reportage s’est attaché à raconter ce que sont devenus ces personnages qui auraient joué un rôle important dans les massacres et qui ont trouvé refuge en France, où ils vivent paisiblement sans être inquiétés par la justice de ce pays.

Les reporters ont rassemblé des témoignages fournis par le Collectif des Parties Civiles pour le Rwanda (CPCR), fondé par le Français Alain Gauthier, qui est parti sur les traces des présumés tueurs à Kigali et a Kibuye, en compagnie de sa femme rwandaise, dont les membres de sa famille ont étés tués pendant le génocide.

Nul doute que cette émission aura des conséquences pour la veuve de l’ex-président Habyarimana qui comparaît ce mercredi le 29 juin devant la cour d’appel de Paris pour statuer sur la demande d’extradition émise par le Rwanda.

Agathe Kanziga, fait l’objet d’un mandat d’arrêt international émis en octobre 2009 par les autorités rwandaises pour "génocide" et "crimes contre l’humanité".
Elle avait été brièvement arrêtée et entendue par la justice française en mars 2010, quelques jours après une visite de Nicolas Sarkozy au Rwanda, la première d’un président français depuis le génocide. 

Photo : L’ancienne première dame, Agathe Kanziga Habyarimana


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