La cohabitation de la langue française avec le Kinyarwanda a toujours été frondeuse. Le locuteur Kinyarwanda a toujours livré une lutte énorme pour s’exprimer dans un français correct exempt de tonalité du Kinyarwanda quand il devait s’exprimer en Français.
Les régimes qui se sont succédé ont toujours opéré des réformes de l’enseignement. Toutes tournaient autour de la langue de transmission des connaissances. Le français largement utilisé dans l’enseignement secondaire et universitaire s’est, vers les années 80, raréfié dans l’enseignement de base spécialement sous le programme de Kinyarwandisation édité par l’ancien ministre colonel NSEKALIJE sous le régime du Général Juvénal Habyarimana.
A l’heure actuelle où le français n’est plus la langue de transmission des connaissances et que l’anglais est une langue administrative la plus prisée au Rwanda, force est de constater que le français est implanté dans les milieux strictement intellectuels. La plupart des établissements d’enseignement privé rwandais privilégient le chevauchement des deux langues dans leur formation. Cependant, les enseignants de langue française se posent énormément de problèmes quand ils constatent combien le niveau de langue affiché par leurs apprenants est catastrophiquement bas.
« Les cours de français enseignés dans notre ISP/ Institut Supérieur Pédagogique de Kigali sont conçus pour des locuteurs bien francophones comme les Ivoiriens, Congolais, Camerounais et autres Sénégalais. Or le profil qu’affiche le candidat à la faculté de Français-Education est celui d’un apprenant qui a subi la formation de cette langue comme une matière facultative ou secondaire.
Nous devons revoir le contenu des programmes d’intitulés de français. Nous pensons le faire de façon que le contenu reflète des éléments pratiques de la langue comme comment rédiger une lettre ou un rapport ou un contenu exploitant les angles de la communication », déclare, désabusé, un professeur de français à l’ISP Kigali.
Ce professeur confie qu’ils sont sept à enseigner le français dont 5 de niveau doctorat dans les sciences connexes à la langue française. Le Vice-doyen en charge du département d’enseignement du Français à l’ISP déclare que quelques 140 étudiants sont inscrits régulièrement cette année dans ce département. « Mais tous évoquent des difficultés d’apprentissage du français. Ils disent avoir peur du Français », confie-t-il à IGIHE avant d’ajouter que le cursus complet va jusqu’à 1000 heures par an.
Pour le Président de l’Association des Professeurs de Français du Rwanda, M. Augustin NGABIRAME BIRABONEYE, le choix clair affiché dans la volonté politique du gouvernement rwandais dans son souci de dessiner un aménagement linguistique promouvant l’anglais comme langue d’enseignement est dicté par le fait que l’anglais offre beaucoup d’opportunités de développement.
« On remarque l’engouement chez les jeunes dans leur apprentissage de l’anglais. Les apprenants baignent dans un environnement où cette langue est utilisée comme médium privilégié à la télévision et dans tous les canaux culturels (musique, cinéma, jeux…). Le français a son avenir, mais le Rwanda politique a fait son choix pour l’anglais, langue à multiples opportunités mondiales », a déclaré à IGIHE, M. Ngabirame Augustin.
Dans les différentes manifestations culturelles télévisées ou radiodiffusées, on observe peu d’espaces alloués aux programmes français. Outre les journaux télévisés ou radio diffusés en français, les programmes d’animation radiodiffusés sont fait soit en Kinyarwanda ou en Anglais ou dans un mélange parfait de ces deux langues. Seule RADIO 10 émet trois fois la semaine un programme d’animation musicale parfaitement en français. Cette radio privée locale se veut être à la pointe de la promotion des programmes en français pour créer une sorte de diversité culturelle.
Mais elle se heurte sur un obstacle majeur : le manque de ressources humaines maitrisant l’outil langagier.
« Pour réaliser un bon programme de débat radiodiffusé, il nous manque des éléments ayant des compétences requises mais aussi capables de se conformer aux sensibilités et aux tendances politiques locales », a déclaré Claude RWIYEREKA, Directeur de RADIO 10.
Le français à l’heure actuel au Rwanda conserve néanmoins des opportunités d’expansion car elle et l’anglais sont confinés, au niveau pratique, dans un petit cercle de lettrés. Toutes les stratégies d’expansion de l’une ou l’autre langue restent liées, non à une certaine volonté politique, mais au volume des échanges économiques et aux modes de production variés utilisant tel ou tel médium qui foisonneront dans le pays.
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