Le 8 mars, les jeunes du MSD (Mouvement pour la Solidarité et la Démocratie) ont organisé une manifestation réclamant la fin de la politique de " deux poids, deux mesures" pratiquée par les services de l’ordre qui tolèrent les manifestations organisées par les institutions affiliées au Parti au Pouvoir et répriment toute vélleité d’attroupement des institutions proches de l’opposition politique burundaise.
Le MSD, après ses manifestations violentes avec une séquestration momentanée de quelques deux agents de l’ordre, a lancé un appel à ses partisans leur demandant d’accepter la suspension de quatre mois des activités du parti qu’il venait d’écoper de la part de l’autorité publique en matière de gestion des partis politiques.

Sinduhije Alexis s’adresse à un meeting à Bujumbura
Malgré les Gaz lacrymogènes,et des tirs à balles réelles, des blessés, heureusement qu’aucune victime n’a eu à être déplorée,le chef du parti, Alexis Sinduhije en cavale pour ne pas écoper de la peine de prison à perpétuité, la direction du parti tient tout de même à galvaniser ses rangs et à ne pas appeler à la désobéissance civile encore moins à la confrontation avec les forces publiques de la répression.
Un modèle, une culture chère aux Barundi
Contrairement au Rwanda où toute manifestation impliquerait un bain de sang du fait d’une opposition jusqu’auboutiste, les Barundi montrent qu’ils sont un peuple pacifique. Le MSD sait qu’il a plein droit de manifester du moment qu’il ne cause aucune violence. Mais il trouve aussi que le pouvoir va tôt ou tard lui accorder ce droit, son droit le plus légitime.
Mais comme les deux côtés savent bien que les forces de répression, police et armée, sont du côté du Pouvoir, l’opposition doit tempérer le jeu pour ne pas être complètement cassée mais tout en ne concédant aucun de ses principes et de ses droits.
"Le Pouvoir africain ne tolère jamais son opposition. Pour cette dernière, il faut user de tact et tempérer le jeu quand l’adversaire menace de réprimer. Rappelez-vous du temps de Melchior Ndadaye (1992-1993). Il était souvent empêché par les agents de l’ordre du régime dictatorial de Buyoya de conduire des meetings. Comme il savait que la violence ne résoud rien, il faisait demi tour. Mais cela ne l’a pas empêché de remporter la victoire", a déclaré l’Abbé Yamuremye, analyste politique burundais, invité de l’Emission IMVO N’IMVANO du Programme GAHUZA de la BBC de ce samedi, le 13 mars 2014.
Il s’adressait, après un débat rebondissant à l’opposition burundaise qui doit savoir comment réclammer ses droits tout en étudiant son adversaire au pouvoir.
Curieusement, les démarches sont autres dans l’arène politique rwandaise. Pour les politiciens de l’opposition politique rwandaise, les règles ou l’éthique du politicien qui tournent autour de la tempérence du discours non provocateur, la tolérance ou la courtoisie, sont des vertus parfaitement délibérément oubliées.

de droite à gauche, Faustin Twagiramungu de RDI (Rwanda Dream Initiative) et Dr Murayi de l’UDR (Union Démocratique Rwandaise) au cours de la Conférence de presse réclammant le dialogue inter rwandais à Bruxelles de ce 19 mars 2014
En ce 19 mars, l’ancien Premier Ministre Faustin Twagiramungu, dans son exil belge, organise une conférence de presse.
Qui l’a financée ? En tout cas, ce qui est sûr c’est qu’il est sponsorisé par des lobbies occidentaux qui doivent tout faire pour émousser la trempe de Kagame qui est invité aux imminentes négociations commerciales UE-Afrique de Bruxelles du 2 au 3 avril 2014.
Tout doit être fait pour que Kagame ne soit pas un hôte dérangeant quand les autres chefs d’Etats africains invités à la conférence vont, comme à leur habitude, adopter le profil bas afin de préserver intacts les intérêts commerciaux de l’Union Européenne. En filigrane, toutes les foudres vont tomber sur ce président rwandais qui n’accepte pas facilement se faire marcher sur les pieds.
Regrets de l’usage de la violence au Burundi et surenchère au Rwanda
Bien que l’opinion publique plaint les déboires de l’UFB (Union des Femmes Burundaises) proche de l’UPRONA, un autre parti de l’opposition dite tutsie dont la manifestation a été dispersée dans une violence policière inouie exercée sur la culturellement respectée femme burundaise, "plusieurs voix s’élèvent également pour condamner, avec raison d’ailleurs, l’action des militants au siège du parti MSD. Séquestrer des policiers est un acte grave et contre productif. Une aubaine pour le ministre de l’Intérieur qui a pris des sanctions graves : un mandat d’arrêt contre M. Sinduhije est déjà lancé et son parti menacé de suspension, voire de radiation", rapporte le journal online IWACU.COM.
Le Rwanda politique a beaucoup à apprendre du Burundi en matière de tolérance et de moeurs politiques démocratiques. Le Burundi qui affiche un rythme de développement moyen jusqu’au médiocre, est lancé dans un capitalisme à visage humain et respectueux de la culture des principes démocratiques.
Les grèves et manifestations des travailleurs et des élèves s’organisent sans débordements. Comme les leaders de ces mouvements de manifestations populaires apolitiques y vont pour la satisfaction de leurs intérêts, comme ils savent les limites à ne pas dépasser dans le bras de fer avec les forces de maintien de l’ordre, les négociations qui s’en suivent se terminent par consensus.
Au Rwanda, le ton de l’opposition étant exacerbé, on comprend que toute manifestation de revendications des droits des travailleurs peut être récupérée par le politique. Ici, la société civile syndicale n’éduque pas à la tempérence et aux mécanismes de négociation.

La Presse demande à Twagiramungu s’il pourrait recourir à l’usage de la force, "nous ne sommes pas des manchots, a-t-il répondu)
Le Rwanda, économiquement super actif, avec une équipe de bureaucrates, dirigeants des instances de Secteur et de Districts particulièment soucieux de défendre ce capitalisme de monopole, l’opposition politique rwandaise brûle les étapes dans sa lutte.
Elle croit que plus elle traîne à attraper le pouvoir, plus elle sera dépassée par les événements et donc qu’elle s’éliminera elle-même de l’échiquier politique. D’où le fait qu’elle ne rejette pas l’hypothèse du recours à la violence des armes qui malheureusement tue toute lueur de la culture de la démocratie.
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