Ce Vendredi à l’hôtel Karisimbi à Kigali, un certain Père Blanc, Stefaan Minnaert, 65 ans, a exposé son livre Recueil d’Articles et de Documents où il montre documents authentiques à l’appui, comment la Congrégation des Pères Blancs, Missionnaires d’Afrique ; la seule congregation qui est venue évangéliser les Rwandais vers fin les années 1880 avec le Protectorat allemand puis la Tutelle belge sur le Rwanda et le Burundi, a introduit lentement le virus du divisionnisme ethnique avec une volonté délibérée de semer la zizanie parmi les Rwandais.
Le livre de Stefaan Minnaert est truffé de photos de documents qu’il a trouvé dans les Archives de la Maison Généraliste des Pères Blancs à Rome, les diaires datant des années de la penetration de ces missionnaires au Rwanda.
Dans son exposé, Minnaert montre que l’histoire qui nous est racontée sur le Chef Rukara Rwa Bishingwe du Mulera au Nord du pays qui est qualifié de rebelle et de sorcier d’avoir tué un Blanc est bien fausse.
“La diaire que j’ai eu l’occasion de lire au cours de mon séjour à Rome montre que le Père Loupias qui avait des entrées à la cour du roi ,est allé dans le Mulera provoquer le Chef Rukara, fort de ses 1600 vaches. N’y tenant pas un cousin du Chef Rukara a percé Loupias de sa lance et en est mort. Sur ordre du Résidant allemand, le Chef Rukara a été, par la suite, pendu”, a confié Stephan qui ne fait que rapporter la diaire lue à Rome.
“Quand ainsi je reconstitue l’histoire telle qu’elle s’est déroulée, je vais arriver à ce que les historiens rwandais prennent leur histoire en main, comprennent et se fixent sur les causes lointaines du génocide perpétré contre les tutsi du Rwanda de 1994”, a-t-il dit décrivant un Père Loupias qui provoque un Chef hutu Rukara se faisant passer pour un émissaire du Mwami Rwabugiri qui aurait été jaloux de voir son subalterne posséder beaucoup de têtes de vaches, signe éloquent de richesses d’alors.
Le père Stefaan montre un Loupias mort semeur des premières zizanies ethniques.
Plus loin, il montre comment ces Pères Blancs ont introduit méthodiquement et graduellement une acculturation des Rwandais qui devaient se désolidariser de leurs valeurs traditionnelles et embrasser uniquement celles du christianisme qu’ils amenaient.
“Deux jeunes filles de Save devaient être baptisées un jour, a-t-il dit relatant une autre diaire. Le jour arriva et l’une d’elles ne reçut pas le baptême. Il lui fut dit qu’elle devait d’abord mettre le feu à la case de l’enclos où son père et toute la famille vénéraient la mémoire de leurs aieux. Pour accéder à ce baptême, la fille a dû prendre les allumettes et embraser la paillotte dans la petite matinée”.
Le Père Stefaan traverse les années de missionnariat des Pères Blancs d’Afrique jusqu’au dernier Monseigneur Perraudin. Il montre et n’invente rien. Il rapporte le contenu des diaires, cette historiographie catholique, où il s’est suffisamment documenté avec la permission de son supérieur.
Aussi montre-t-il que durant les années où le clergé indigène rwandais a commencé à exister, il n’était pas question de partager des salles d’aisance (toilettes) avec lui. Il entendait ici montrer que les relents du ségrégationnisme racial commençaient déjà à faire leur chemin dans la société rwandaise.
“Vers les années 1970, aussitôt le Saint Père a-t-il autorisé au Clergé rwandais de fonder une association dénommée UFCR/Union Fraternelle du Clergé Rwandais pour réfléchir sur la pastorale, Monseigneur André Perraudin, Evêque de Kabgayi,a activement encouragé 33 prêtres hutus des Diocèse de Kabyayi et de Ruhengeri à se désolidariser de cette UFCR. Ces derniers ont écrit une Lettre de Rwesero pleine de relents ethniques. Peu après, l’année 1973 est survenue avec la purge des élèves et étudiants tutsi dans les écoles du pays et des agents et fonctionnaires de la même ethnie du secteur public et privé rwandais”, est ainsi intervenu Privat Rutazibwa, chercheur au Musée National du Rwanda, présent dans la salle.
Il voulait ainsi montrer que les Pères Blancs d’Afrique, la seule congrégation des missionnaires blancs au Rwanda, a commis beaucoup de sévices dans la conscience des Rwandais.
“Mgr Classe (des années 1920-40) s’était identifié comme un faiseur de Bami qu’il démettait à l’envie”, a dit le Père Stefaan montrant que les missionnaires blancs ont glissé vers le politique avec toutes les conséquences qui s’en sont suivies.
Le professeur d’histoire Déo Byanafashe, révolté, a conclu que l’église catholique "nous a inculqué des valeurs qui ont fait de nous de vulgaires génocidaires. A un certain moment on a envie de dire m…”, a-t-il dit
Somme toute, l’audience a salué le travail du Père Stefaan qui a le courage de “remettre en question l’historiographie missionnaire”.
“Nous avons maintenant un document, un outil de travail rédigé sur des bases authentiques. Il faudra des historiens rwandais pour aller plus loin dans leur recherche sur base de ces documents”, a dit l’Abbé Oreste Incimatata appréciant le travail de ce Père Blanc qui a pris depuis lors ses distances avec la maison mère.
Le livre du Père Stefaan est disponible dans les librairies Caritas et Ikirezi à Kigali.
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