Le récent entretien du président Paul Kagame accordé à l’hebdomadaire « Jeune Afrique » a le mérite de démontrer que l’animosité reste de mise entre les autorités rwandaises et le chef de la diplomatie française, Alain Juppé. Ce dernier s’en prend vivement au rapport fait par une commission rwandaise mettant en cause le rôle de la France dans le génocide des Tutsi en 1994.
Fin avril le président Paul Kagame a déclaré à l’hebdomadaire « Jeune Afrique », que « M. Juppé n’est pas le bienvenu au Rwanda. En réaction à ces propos le Quai d’Orsay s’est empressé de dire qu’une visite du ministre d’Etat au Rwanda n’était pas d’actualité. Son porte-parole, Bernard Valero avait dit que ces propos « vont à l’encontre d’une relation bilatérale constructive », tout en affirmant que la France a officiellement protesté auprès des autorités rwandaises.
Ce mercredi, Alain Jupé en a rajouté une couche lui-même. A la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française, il a déclaré : « M. Kagamé a dit que je n’étais pas le bienvenu au Rwanda. Je lui ai répondu que je n’avais pas l’intention d’y aller et que tant que circulerait un rapport » mettant en cause le rôle de la France en 1994, « je n’ai pas l’intention de me manifester de façon très visible ».
Ce rapport, visant François « Mitterrand, (Edouard) Balladur, (Hubert) Védrine, (Dominique) de Villepin, (François) Léotard, moi-même et l’armée française, est un tissu de mensonges et d’inventions », a lancé Alain Juppé, qui était à l’époque ministre des Affaires étrangères.
Ce document très détaillé, datant de 2008 et réalisé par une commission d’enquête rwandaise dirigée par Jean de Dieu Mucyo, accuse la France d’avoir « participé » au génocide de 1994.
Il s’agit d’ « un contre-feu à l’instruction judiciaire menée en France », a estimé Alain Juppé, en espérant « qu’un jour la vérité historique sera faite sur ce qui s’est passé au Rwanda entre 1993, un peu avant, et puis pratiquement aujourd’hui ».
Lundi, Alain Juppé avait déjà affirmé qu’il n’avait « pas l’intention d’aller (au Rwanda) ni de serrer la main » du président Kagame dont des déclarations critiques début avril ont suscité le mécontentement de Paris.
La nette amélioration des relations franco-rwandaises depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy à l’Elysée en 2007 semble avoir pris un coup sérieux avec la nomination d’Alain Juppé comme chef de la diplomatie française. Son prédécesseur, Bernard Kouchner, qui se qualifie lui-même d’ami personnel du président Kagame, avait joué un rôle important dans la reprise des relations entre les deux pays fin 2009. Lesquelles relations avaient été rompues en 2006.
Début avril le président Kagame avait estimé que les Rwandais avaient « été insultés » par l’attitude et la position du responsable français qui occupait, lors du génocide de 1994, les mêmes fonctions de chef de la diplomatie qu’actuellement.
Les récents propos d’Alain Juppé ne témoignent pas d’un changement de cap de sa part. Ce qui fait craindre une escalade entre les deux parties.
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