Le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) a commencé lundi l’audition des témoignages contre l’homme d’affaires encore en fuite Félicien Kabuga.

Initialement fixé au 16 mai, le début de ces audiences qui se dérouleront entièrement à huis clos, constitue une procédure spéciale et sans précédent.

M. Kabuga, qui est le plus recherché des dix accusés du TPIR encore en cavale, est présenté par l’accusation comme le principal financier du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, qui a fait un million de morts.

Il lui est reproché d’avoir acheté des machettes utilisées pour tuer les Tutsi. Prévu par l’article 71 bis du « règlement de preuve et de procédure du TPIR », adopté en plénière par les juges en mai 2009, ce recueil de « dépositions spéciales » vise à préserver les éléments de preuve en vue d’un procès ultérieur au cas où l’homme d’affaires serait un jour arrêté.

Cette procédure, entièrement à huis clos, est contradictoire, avec un procureur et un avocat de la défense, mais il ne s’agit pas d’un procès par contumace. Des procédures similaires s’ouvriront dans les prochaines semaines pour l’ex-ministre de la Défense Augustin Bizimana qui se serait réfugié en République démocratique du Congo (RDC) et l’ancien commandant de la Garde présidentielle, le major Protais Mpiranya qui bénéficierait de la protection de hauts responsables zimbabwéens.

Dans les dossiers de ces deux derniers fugitifs, la date du recueil des témoignages n’a pas encore été fixée.

M. Kabuga, qui se cacherait essentiellement au Kenya, est représenté par un avocat de permanence, le Tanzanien Bahame Tom Nyanduga. Ces dépositions spéciales feront l’objet d’un enregistrement audiovisuel et seront communiquées aux parties lors d’un procès ultérieur.

Photo : Félicien Kabuga