Les antennes-relais pour les téléphones portables pourraient bientôt avoir une autre utilité : mesurer les chutes de pluie. Une équipe néerlandaise de l’université Wageningen a même réussi à cartographier à l’échelle des Pays-Bas les hauteurs de précipitations grâce à sa collaboration avec l’opérateur de télécommunication T-Mobile.
L’intensité du signal radio transmis entre deux antennes pour relayer un message de relais en relais est atténuée par les gouttelettes d’eau de pluie. Au point qu’il est parfois nécessaire pour les opérateurs de compenser le signal en augmentant sa puissance, voire de prévoir des contournements, car des liaisons peuvent être soudainement interrompues par la pluie.
En utilisant 2 400 liaisons entre antennes et des enregistrements toutes les quinze minutes, les chercheurs sont parvenus à estimer les chutes d’eau sur 35 500 km2 et les ont comparées avec succès aux mesures classiques obtenues par radar et par pluviomètre, comme ils l’expliquent dans la revue PNAS du 19 février.
DÉVELOPPEMENT COMMERCIAL
En mai 2006, une équipe israélienne de Tel-Aviv avait, dans la revue Science, démontré la faisabilité de ce concept à partir de seulement sept liaisons (Le Monde du 9 mai 2006). "Nous avions testé cette idée en 1999-2000 sur des antennes de l’université et constaté la baisse d’intensité, mais nos collègues spécialistes des ondes radio nous ont expliqué que c’était connu. Alors nous n’avons rien publié", se souvient, sans regret, Remko Uijlenhoet. Un premier essai avait même été lancé en 2001-2002 avec un opérateur de télécommunication.
La collaboration avec les professionnels est obligatoire car ils possèdent les précieuses données qui leur servent à connaître l’état de santé de leur réseau en permanence. Les chercheurs ont dû développer les techniques pour analyser ce signal en tenant compte des incertitudes de mesures, des atténuations par les films d’eau restant sur les antennes, de l’humidité ambiante...
"Mesurer toutes les quinze minutes n’est pas suffisant pour étudier certains épisodes brutaux comme des orages", indique Pierre Tabary, responsable des systèmes d’observation radar pour Météo France. "Il serait techniquement faisable de diminuer ce temps mais les opérateurs n’y ont pas intérêt, alors nous allons essayer de les convaincre en jouant sur leur sens de la responsabilité environnementale", espère Remko Uijlenhoet, qui pense aussi que les opérateurs pourraient être intéressés par le développement commercial de services autour de la météo.
ESTIMER L’INTENSITÉ DES PRÉCIPITATIONS
La technique pourrait également intéresser des pays sous-équipés en stations météorologiques mais pas en réseaux de télécoms. Dans leur article, les chercheurs soulignent d’ailleurs une baisse de 50 % du nombre de pluviomètres en fonctionnement entre 1989 et 2006. Ces réseaux, comme les radars, coûtent cher en ces temps de crise, la tentation est donc grande de limiter leur déploiement.
"Ce n’est pas le cas en France où ce nombre augmente, notamment depuis 2003 sous l’effet des réglementations anticrue. Nous en avons désormais plus de 3 000, contre moins de 500 en 1986", rappelle Mathieu Créau, responsable des observatoires au sol pour Météo France. L’établissement s’est aussi intéressé aux antennes-relais, notamment pour estimer la forme des gouttes, donc l’intensité des précipitations, en utilisant la polarisation des ondes radio entre les relais.
L’équipe néerlandaise a déjà des contacts en Afrique et en Amérique du Sud. Elle veut aussi améliorer ses techniques pour les environnements urbains, où les multiples réflexions des ondes sur les maisons perturbent les mesures.
David Larousserie
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